Hero I Abseitsreisen : L’odyssée

Tout a commencé avec une idée à la fois toute simple et un peu folle : un tour du monde.

Sabine et Thomas ont dû « s’engager en mécanique »

Et quand on leur demande pourquoi, ils répondent très simplement « Pourquoi pas ? Nous n ' avions pas de raison de ne pas le faire » on commence alors à capter la philosophie du couple.

Le virus du voyage déjà bien chevillé au corps, le projet des deux jeunes Allemands mûrit peu à peu et, à la fin de leurs études (d'art pour Sabine et d'architecture pour Thomas), ils s'attaquent sérieusement en 2007 à la préparation de ce qu'ils imaginaient forcément être une expédition, et à laquelle ils étaient disposés à consacrer trois ans, mais qui deviendra finalement un véritable road-trip de... six ans ! Et avant de rêver d'horizons lointains, il leur a fallu réfléchir sérieusement à la logistique et « s'engager en mécanique ». Et c'est là que Paula entre en scène. Car il existe bien un troisième personnage dans cette aventure, de trois ans leur aîné : leur camion, un Mercedes Kurzhauber de 1977, ancien véhicule de la police fédérale des frontières !

7,5 tonnes, 130 chevaux, 20 litres aux 100 kilomètres, vitesse maximale de 85 km/h, 4 roues motrices, il offre deux semaines d'autonomie (de survie ?) grâce aux équipements qu'ils lui ont adjoint : lit, douche, toilettes, salon, cuisinière à gaz, réfrigérateur, chauffage au gaz, poêle à bois, réservoir de 900 litres de carburant, 300 d'eau douce, panneaux solaires, bouteilles de gaz... Deux ans de préparation plus tard, ils partaient, l'épopée s'étant engagée le 29 novembre 2009, ils ne reverront leur patrie bavaroise qu'en août 2015 !

La suite les conduira à travers l'Europe tout d' abord, vers l'Orient ensuite, l'Asie du Sud-Est, l' Amérique du Nord puis du Sud, et leur fera enfin remonter toute l' Afrique. Mais ils ne le savaient pas encore : si leur idée initiale était d'accomplir une fois dans leur vie ce tour du monde qui fait rêver tant de gens, eux souhaitaient juste vivre leur rêve, essayer, tenter le coup, quoi. Et peu importait l'accomplissement de cette révolution autour du globe ou si tout cela se terminait en Grèce ou ailleurs dans le cas où, finalement, ce mode de vie ne leur plaisait plus : ils avaient décidé de voyager aussi longtemps qu' ils l' apprécieraient, ni plus ni moins. Ils ont donc deux fois plus aimé ça que prévu, puisqu' ils sont restés sur les routes de la planète six années durant, au lieu des trois prévues à l' origine, et dont ils ne regrettent pas une seule journée.

Paula était souvent trop lourde pour franchir les petits ponts

Littéralement partis à l’aventure, sans véritable planification des étapes ni des destinations, ils se sont laissés porter par les rencontres et les différentes options qui se sont présentées à eux en cours de route. En plus de la découverte, leur voyage avait pour but l’apprentissage des cultures et des langues étrangères, la compréhension du monde, vivre dans des environnements différents et échanger. Mais vivre dans un camion durant six ans reste assez loin de l’idée qu’on se fait généralement des vacances !

Sabine et Thomas l’aiment, bien sûr, leur Paula, et ont adoré vivre dedans, mais ils avouent que la conduire sur toutes les routes du monde est vraiment difficile.

A 40 km/h de moyenne (faites le calcul pour évaluer le temps qu’il leur a fallu pour parcourir 120 000 kilomètres en tout...), Paula était souvent trop lourde pour franchir les petits ponts, trop large pour certains sentiers, toujours lente et bruyante, mais a tout de même accompli l’exploit de traverser les Andes quinze fois ! Cette vieille dame motorisée est donc demeurée le protagoniste qu’il a fallu le plus “cajoler” durant ce périple, d' autant plus que nos aventuriers n’avaient à la base que très peu de notions de mécanique. Et bien ils ont beaucoup progressé !

Joints de culasse, pistons, transmission, embrayage... Sabine raconte qu’à peu près toutes les parties du camion sont passées entre leurs mains à un moment ou un autre (sans compter les 17 pneus qu'ils ont dû changer), puisqu' ils devaient réparer eux-mêmes chaque ennui mécanique dès sa survenance, la plupart du temps sans personne pour les aider : au milieu du désert, sur le bord d' une autoroute à six voies ou dans un chemin forestier boueux... Cependant, la petite équipe personnifie la preuve qu’un véhicule parfaitement équipé n’est pas indispensable pour voyager sur le long terme.

Sabine et Thomas l’affirment haut et fort : les seules choses dont on ait besoin sont le désir d’explorer, la curiosité, l’ouverture d’esprit et le respect des autres cultures.

Se confronter à d’autres modes de vie transforme radicalement votre vision du monde, et vous comprenez rapidement qu’il ne faut pas avoir peur de l’inconnu. Ils n’ont pas une seule fois connue de situation dangereuse pour leur intégrité : ni vol, ni agression, ni accident grave, ni maladie sérieuse. Quand on les interroge à ce sujet, les seuls mauvais souvenirs qu’ils gardent de ce périple sont ceux où Paula était en difficulté, et c’est arrivé plus d' une fois !

Embourbée dans la vase d' un lac de montagne au Kirghizstan, faisant s' effondrer un pont sous son poids dans le Kilimandjaro, peinant dans les passages étroits des toutes petites routes des Andes, ou faisant trembler ses occupants en longeant falaises et gouffres, c' est pourtant le problème de son transport pour traverser les océans qui a posé le plus de difficultés. A contrario, leurs meilleurs souvenirs ?

Tous les autres ! Ce qui ressort souvent de leurs propos, c’est l'incroyable hospitalité dont ils ont bénéficié dans pratiquement le monde entier, et l' ouverture d' esprit des gens qu' ils ont rencontrés, avec une mention particulière pour l' Iran, la Turquie, les Etats-Unis et le Soudan.

Et ils concluent que, d' un point de vue plus personnel, ils sont d' accord avec ceux - nombreux - qui trouvaient que leur idée de voyage autour du monde était une folie : c' était effectivement complètement fou. Mais possible ! Et fantastique ! AH

C’était complètement fou, mais possible et fantastique !