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Renault 4, simple comme un succès

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Il n’y a pas de hasard dans l’histoire de l’automobile. Seulement des nécessités que les constructeurs satisfont avec plus ou moins de pertinence. En 1961, les Français avaient besoin que l’on renouvelât la 2 CV, qu’on leur proposât une voiture aussi simple et pratique que la “Deuche”, mais plus moderne. La Régie Renault allait répondre à cette demande avec la R4. C’est un modèle singulier car il n’a pas d’antécédent et n’aura aucune descendance. Dans la frise chronologique de Renault, la R4 fait le trait d’union entre la 4 CV et la Twingo, deux conceptions antinomiques de la voiture populaire.

Lancée au lendemain de la Libération, la 4 CV avait pour mission de « remettre la France sur quatre roues ».

Elle était coquette et modeste, capable d’accompagner les familles dans l’espérance d’un monde d’après (tient, déjà !) que représentaient les Trente Glorieuses. Dévoilée en 1992, la Twingo était aux antipodes. Bientôt escortée de l’injonction de la publicité « à vous d’inventer la vie qui va avec », citadine dans l’âme, cette espiègle fanfaronnait comme un appel à l’individualisme et à la liberté. Entre les deux, la R4 vécut et disparut comme un épiphénomène. Chronologiquement - et physiquement sur les chaînes de Billancourt - la R4 prend la succession de la 4 CV. Entre les deux, c’est le jour et la nuit. L’utile et le futile. Avec la R4, Renault prend le contre-pied de la tendance qui flatte le consommateur en cultivant l’esthétisme.

La Régie propose un produit au physique ingrat, basique, éminemment fonctionnaliste, délibérément rustique et utilitaire. Elle prend le parti de l’humilité et parle à une clientèle soucieuse d’afficher son rejet de la modernité, son refus d’une société de l’opulence et du paraître. Elle rejoint la 2 CV pour défendre les valeurs du minimalisme. Bien sûr, les hommes qui sont en place à la tête de l’entreprise sont responsables du changement de cap. Pierre Dreyfus, grand commis de l’État, socialiste et humaniste, est solidement installé à la présidence de la Régie Renault depuis 1955 (il sera ministre de l’Industrie dans le premier gouvernement de François Mitterrand). Quand il est arrivé dans l’entreprise, le catalogue était succinct. Il comprenait la 4 CV et la Frégate, une familiale compactée et une grande routière cossue. Rien entre les deux et, dans la marge, deux modèles utilitaires, la Juvaquatre héritée de l’avant-guerre et la Colorale, sorte d’ancêtre rural des SUV. En 1956, la gamme s’est enrichie d’une Dauphine, extrapolation charmante de la 4 CV. Pierre Dreyfus réfléchit au futur. A un futur en phase avec l’évolution des styles de vie. Même si la France s’urbanise, même si l’exode rural sévit, la population des campagnes est loin d’être négligeable. Elle a encore besoin d’un véhicule à tout faire, ce que Citroën offre avec la 2 CV depuis 1948.
Régulièrement, des designers tentent de donner une interprétation contemporaine de la R4, ici celle de David Obendorfer en 2011.
La Renault 4 transformée en voiture de loisirs par Mathieu Lehanneur.

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L'icône de la décroissance est né après guerre et a libéré les automobilistes français à un moment charnière de la croissance d'après guerre.

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