Édouard Golbery : Édouard aux mains d'argent
Marin, comédien, chanteur, musicien, amateur de sports de glisse, Édouard Golbery aime explorer des domaines aussi variés que passionnants. Portrait d'un coureur au large atypique, qui rêve un jour de s'aligner au départ du Vendée Globe. Par Servane Dorléans.

Édouard Golbery, marin et artiste polyvalent, poursuit ses ambitions en course au large tout en explorant le théâtre et la musique, nourrissant un rêve de participer un jour au Vendée Globe.
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Originaire de Granville, Édouard Golbery grandit à Paris et passe ses étés sur l'eau à bord du bateau familial. «J'ai eu l'immense chance de faire des croisières en famille tous les étés. On faisait du cabotage en Bretagne avant de filer vers les îles Scilly. Mon envie de naviguer vient de là, de souvenirs très forts de quarts de nuit », se rappelle-t-il. À ses dix ans, sa famille s'installe à Genève. Un déménagement qui le marque.
« Je pense que c'est ce qui a fait que je ne me sentais à la maison nulle part, que j'ai eu besoin de mouvement et de diversité », poursuit-il. S'il pratique un peu la voile légère sur le lac Léman, le membre de la Société Nautique de Genève, que la mère voit musicien, privilégie le piano classique et les études à la compétition. Licence en management à HEC Genève, master en ingénierie financière à HEC Lausanne, sa route semble toute tracée. Après ses études, celui qui se rêvait pilote de chasse se retrouve dans la salle des marchés parisienne d'un groupe coté au CAC 40. Mais au bout de trois ans, l'appel du large se fait ressentir.
Mini transat
« Mon demi-frère, Brieuc Maisonneuve, a fait la Mini Transat en 2001. À l'époque, j'avais quatorze ans. Il était un modèle pour moi. Je comparais sa vie à celle de mes parents ou des gens en général. Ça m'a montré que l'on pouvait faire des choix qui t'amenaient à vivre différemment, c'est resté ancré en moi. Quand j'ai commencé à travailler, ce sentiment est remonté à la surface, j'ai eu envie d'autre chose que d'un rythme métro-boulot-dodo », lance Édouard.
Il démissionne et part à Lorient. L'objectif : faire la Mini Transat. « Je me suis retrouvé un peu largué. J'avais une vieille R5 sans essuie-glaces ni feux. Je ne pouvais pas conduire quand il pleuvait ou de nuit », confie Édouard, qui apprend la course au large en faisant « des gammes comme au piano, en enchaînant les manœuvres, en essayant de systématiser mon approche car je n'avais pas été pris dans le groupe d' entraînement à Lorient. J'écoutais les conseils du coach et les autres à la VHF en naviguant dans mon coin, je les regardais faire en essayant de choper des trucs ». Compétiteur dans l'âme, il prend le départ de la course en 2015 en mode découverte, n'ayant pas les moyens de ses ambitions sportives.

« J' étais attiré par le côté aventure, je voulais savoir ce que ça faisait de traverser l'océan tout seul, voir si j'en étais capable, ce que j'allais ressentir et découvrir sur moi en le faisant. C'est rare d'avoir la chance de se retrouver seul sur l'eau, sans moyen de communication », poursuit le Normand, qui réalise une très belle course qu'il termine 4e. À son arrivée, la Région Normandie lui propose de participer à The Transat en Class40, « une angoisse énorme » pour le skipper mais aussi une « excitation fabuleuse ». Le marin récupère le bateau en mars, s'aligne au départ de la transatlantique en solitaire le 1er mai avec peu au compteur et termine 4e. Touche-à-tout, Édouard, qui a peur de prendre la parole en public, décide de se lancer dans le théâtre.
«J'ai toujours eu un naturel très créatif. J'ai eu envie de découvrir ce que c'était de s'exprimer sur scène. Après The Transat, j'ai eu l'opportunité de faire un stage d'introduction au Cours Florent à l'issue duquel j'ai été accepté. Mais je n'y suis pas allé tout de suite car je voulais continuer à faire du bateau. » Il monte alors un projet Vendée Globe. « Une partie de mes sponsors s'est retirée à un moment compliqué du projet. Je m'étais engagé à 100 % dedans, je vivais dans un camion à côté du bateau. J'ai tout perdu, ça a été mon premier échec. Je me suis retrouvé à la rue. »

Théâtre & Figaro
Touché mais pas coulé, il décide de faire du théâtre son métier et intègre l'école de Raymond Acquaviva, « une super école avec un metteur en scène très talentueux et charismatique ». Rodé aux rouages du métier, il enchaîne comédies musicales, rôles au théâtre, courts-métrages, publicité pour une marque internationale de whisky et figuration dans des films. Devenu intermittent du spectacle, il chante en parallèle ses compositions dans des bars en s'accompagnant à la guitare et travaille sur des super-yachts « pour rester proche de l'élément marin ».
Il rencontre sa compagne dans ce cadre. Ensemble, ils décident de participer à la Transat Paprec 2023. Depuis, Édouard poursuit sa route sur le circuit Figaro, tout en continuant à régater en Super-Yachts aux côtés des ténors de l'inshore et de la course au large. D'ailleurs, il a passé son Yachtmaster l'hiver dernier en vue de la Caribbean 600, de la Transpacific Yacht Race ou encore de la Sydney Hobart. Récemment, il a également dirigé et accompagné en mer un projet de downwind en wing foil entre les Canaries et Dakhla, ce qui lui a permis de se découvrir un attrait pour le multicoque. Sportif, Édouard pratique plusieurs disciplines mais pas en compétition.
«J'ai fait de la boxe anglaise pendant mes études, ce qui a déclenché ma passion pour le sport. Quand j'étais gamin, j'avais très peur du conflit et j'avais un rapport à la violence difficile car j'ai été un peu maltraité à l'école. La boxe m'a décomplexé », confie le Lorientais d'adoption qui pratique également le surf, la wing et le kite et qui s'entraîne avec un coach sportif à côté pour être performant en Figaro.

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