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Yannick Lethiec : le gardien du temple

Depuis l'hiver dernier, Yannick Lethiec est devenu le distributeur officiel de tout Mercury Racing, in-board et hors-bord, confortant la position de ce pilote aguerri, considéré comme l'un des meilleurs préparateurs de bateaux de course en France. Par Xavier de Fournoux.

Modifié le Écrit par La Rédaction
Yannick Lethiec : le gardien du temple
Photos Thomas Vollaire
Résumé

Yannick Lethiec consolide sa place de distributeur officiel Mercury Racing en France tout en accompagnant les nouvelles technologies moteur et en préparant la relève familiale.

Sommaire
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Pour qui aime le genre, les hangars de Lethiec et Fils à Pégomas, au-dessus de Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes), sont une véritable caverne d'Ali Baba. Une cinquantaine de bateaux sont entreposés ici, dont bon nombre de Cigarette surpuissantes, une Bullet 31 blanche des années 90 qui vient de recevoir deux nouveaux moteurs de 520 chevaux, une Marauder 50, une 515 couleur turquoise, une Tiger 42 avec 2 x 565 chevaux sous le capot, des monstres capables de dépasser les 180 km/h, des joujoux à ne surtout pas mettre entre toutes les mains.

Plus loin, les mécaniciens s'affairent sur les gros V8 Mercury Racing. C'est le cœur du métier de Yannick Lethiec : « On fait des remotorisations, des installations spécifiques pour des clients qui veulent gagner en performance. Sinon, c'est surtout l'entretien de tous ces gros Inboard racing. Tous les hivers, on sort les moteurs, on change les turbos, on fait les réglages. On fait ensuite les mises au point en mer avec l'ordinateur. Sur les grosses Cigarette, c'est vraiment du travail. Ce sont souvent des annexes de grands yachts donc c'est une clientèle plutôt étrangère. C'est très intéressant. On se déplace, on les suit. Et comme se sont des passionnés, on partage cette passion. »

Déjà distributeur officiel Mercury Racing pour les moteurs in-board en France, Yannick Lethiec en récupérant toute la partie hors-bord s'offre aujourd'hui un nouveau challenge. Car c'est un moment charnière dans la course motonautique avec l'arrivée des nouveaux moteurs 4 temps APX : « C'est une période de transition entre les Optimax 2 temps et les APX 4 temps. On va avoir toutes ces nouvelles équipes qui vont se présenter pour acquérir un moteur APX. C'est un défi passionnant avec tous les réglages que ça implique. Pour un technicien, c'est génial. Les moteurs sont plus performants, les ratios d'embase sont différents. C'est un autre pilotage. Pour eux aussi, ça va être du travail... »

Yannick Lethiec : le gardien du temple
Photos Thomas Vollaire

Une passion familiale bien huilée

La maison Lethiec & Fils, comme son nom l'indique, c'est d'abord une affaire de famille. Quand le grand-père Claude Lethiec fonde l'établissement à Mandelieu en 1962, nous sommes encore bien loin de l'univers dit racing. L'entreprise fait de l'entretien moteur, du stockage de bateaux, un peu de transport. L'affaire marche bien et Claude Lethiec fait rapidement construire un atelier à Pégomas. À l'époque spécialisé dans le moteur diesel, il commence aussi à mettre le nez dans les hors-bord par le biais de la marque Force.

En 1985, Mercury rachète Force et c'est ainsi que la maison Lethiec va commencer sa longue collaboration avec le motoriste américain. Les générations se suivent, d'abord Jean-Jacques, le fils de Claude qui poursuit l'aventure dans la même lignée jusqu'à sa retraite en 2009, puis Yannick, qui reprend alors les rênes. Mais lui c'est un mordu de vitesse et de compétition. Le coup de foudre s'est produit bien avant, en 1997, quand il avait 17 ans, aux 24 Heures de Rouen où Max Gamarra, alors directeur technique chez Mercury France, l'a emmené voir les premiers pas des moteurs Optimax dans la course inshore.

Il attrape le virus, passe un BTS Moteur à combustion interne et part quelques mois en stage à Nice chez AG Racing, où il prépare des Ferrari et des V12 Matra. Son appétence pour la course, sur terre comme sur mer, s'en trouve confortée : « J'ai eu la chance d'apprendre tout ça là-bas avec Gérard Bertholon. Ça m'a mis à fond dans la compétition. Cela me plaisait vraiment mais je ne pouvais pas quitter le navire familial. Sinon, j'aurais sans doute continué avec lui. »

C'est une période de transition entre les Optimax 2 temps et les APX 4 temps. Pour un technicien, c'est génial.

Yannick Lethiec
Yannick Lethiec : le gardien du temple
Photos Thomas Vollaire

Compétition et transmission

De retour à Pégomas, il intègre pleinement l'entreprise. Parmi ses clients, il a déjà quelques propriétaires de Cigarette qu'il bichonne particulièrement. Mais il attendra d'être à la tête de l'entreprise pour mettre les deux pieds dedans. Il en profite quand même pour parfaire ses qualités de pilote au volant de ces engins. Ses rêves de compétition, il va les concrétiser dès 2012 en participant au Championnat de France à bord d'un Mannerfelt 26 propulsé par un 200 Optimax ROS, un bateau aux allures d'avion de chasse, avec le pilote devant et le navigateur derrière, qui file à plus de 66 nœuds.

Il fait régulièrement les podiums et en 2018, il se lance même dans l'aventure de la Coupe du monde avec un Chaudron SVR 27 et un 300 Optimax derrière. Mais difficile de concilier la course avec son activité professionnelle. Pour son dernier Championnat du monde en Sicile en 2021, il finit deuxième, à une seconde du premier...

De beaux souvenirs qu'il aimerait parfois prolonger, mais à certaines conditions : « Si je recours un jour, c'est pour repartir en Championnat du monde. Il faudrait qu'on trouve un sponsor et qu'on monte un vrai team pour faire quelque chose de bien. Mais là, je vais m'occuper de certaines équipes qui font le Championnat du monde avec le développement du nouveau moteur APX. Les aider techniquement, partager la passion avec eux, c' est un peu comme si je courais... »

En attendant cet éventuel sponsor, Yannick a de quoi faire. Pour l'aider dans sa mission, il peut compter sur sa famille. Sa femme est au magasin situé au port de La Rague où elle s'occupe de la comptabilité et de l'accueil. Quant à son fils Enzo, 20 ans à peine, il termine son BTS et devrait rejoindre l'entreprise familiale dès cet été. La relève est donc assurée. Et c'est la quatrième génération Lethiec à mettre le nez dans les moteurs !

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