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50 ans de la Citroën CX : lettre de noblesse 

Éclipsée par la DS, la CX qui prit sa succession aurait mérité plus de reconnaissance. À l'occasion du cinquantième anniversaire de sa naissance, essayons de réhabiliter cette silhouette qui a donné ses lettres de noblesse aux initiales du coefficient de traînée. Par Serge Bellu

Modifié le Écrit par La Rédaction
50 ans de la Citroën CX : lettre de noblesse
Photos Rémi Dargegen et Archives Grand Tourisme
Résumé

Lancée en 1974, la Citroën CX a marqué son époque par son design innovant, son confort et ses motorisations variées, laissant une empreinte durable malgré un contexte économique bouleversé.

Sommaire
Couverture complète sur mise-en-avant

Il faut se replonger dans l'ambiance des années 1970 pour apprécier la CX et mesurer à quel point elle se démarquait de ses contemporaines. Les marques françaises brillaient alors par leur conservatisme. Chez Peugeot, la 504 répondait aux attentes d'une clientèle fidèle avant d'être supplantée en haut de la gamme par la 604 plus ambitieuse, mais toujours aussi austère.

Celle-ci partageait son moteur V6 avec la Renault 30 TS (et la Volvo 164). À la Régie, la démarche fonctionnaliste engagée avec la frugale R4 avait été transposée à la catégorie des familiales avec la R16, celles des compactes avec la Renault 6, et enfin à la 30 TS qui se voulait cossue. Pour tous ces modèles, le même schéma avait défini une carrosserie “bicorps”, ambivalente, associant l'élégance d'une berline et la praticité d'un break grâce au hayon arrière remplaçant le couvercle de coffre.

Dans ce quarteron, il ne faut pas oublier la Chrysler 180, une berline insipide développée chez Rootes en Grande-Bretagne, et lancée en octobre 1970. Un regrettable reliquat de la filiale française de Chrysler que Peugeot a fini par absorber pour vendre les ex-Simca sous la marque Talbot de 1979 à 1982. Au-delà de ce fiasco prévisible, Peugeot est alors en pleine restructuration.

Le projet CX

En juin 1974, la firme sochalienne conclut un premier accord avec Michelin pour récupérer la gestion et la direction de Citroën. En avril 1976, Peugeot deviendra le principal actionnaire de Citroën en reprenant 90 % des parts du manufacturier. Dès lors, les deux marques réunies sous l'enseigne PSA partageront des études et le développement des futurs produits. Ce qui n'est pas encore le cas pour la CX apparue au Salon de l'Automobile de Paris, en octobre 1974.

Lors de son lancement, elle peut recevoir des moteurs maison déjà connus (un 2 litres de 102 chevaux et un 2,2 litres de 112 chevaux). Sans passer en revue toutes les motorisations de la CX, on notera que le diesel arrive en 1975 et que la version GTI (2,3 litres 128 chevaux), la plus réjouissante, est disponible à partir de mai 1977. Il faut attendre septembre 1979 pour que la CX bénéficie de la synergie de groupe et soit équipée des moteurs produits par la Société Française de Mécanique, une entité créée conjointement par Renault et PSA à Douvrin, dans les actuels Hauts-de-France. L'apparition de la CX ne provoque pas chez le grand public un choc comparable à celui causé par la DS 19 dix-neuf ans plus tôt.

Contrairement à son ancêtre iconoclaste, la CX dégage une impression de déjà-vu. En 1970, Citroën avait en effet lancé la berline GS qui - dans un gabarit plus compact - affichait déjà un profil de même style, pur et élancé, éclairé par une vaste surface vitrée. Il faut surtout admettre qu'avant cela, les stylistes de Citroën s'étaient laissés influencer sans vergogne par un projet réalisé par Pininfarina en 1967 sur la base d'une Austin 1800...

Heureusement, l'équipe de Robert Opron qui dirige les studios de création de Citroën a su donner du caractère à son dessin en lui insufflant quelques touches rappelant la DS : le flanc lisse et fuyant, masquant partiellement la roue arrière, la forme des optiques ou la fine calandre. On notera que l'équilibre parfait des proportions, que l'on peut apprécier sur la berline “normale”, est quelque peu sacrifié sur les versions allongées qui vont être ajoutées au catalogue.

50 ans de la Citroën CX : lettre de noblesse 
Photos Rémi Dargegen et Archives Grand Tourisme

L’ère Prestige

Sur la CX Prestige, proposée à partir d'octobre 1975, l'empattement est augmenté de 36 centimètres pour améliorer l'accessibilité et l'habitabilité aux places arrière. Cet étirement nuit forcément à l'harmonie de l'ensemble, un défaut qui sera atténué par le rehaussement du toit. Confortable et luxueuse, la CX Prestige connaît un succès inattendu avec 22 674 exemplaires vendus. Plusieurs d'entre elles, dûment aménagées, entreront dans les garages de la Présidence de la République française.

Certains chefs d'États étrangers font même réaliser des landaulets par le carrossier Henri Chapron. À partir de 1979, Citroën propose une version baptisée Limousine, moins luxueuse que la Prestige, mais aussi spacieuse et dotée d'un moteur diesel qui la destine aux longues randonnées. Citroën en écoulera 6 706 unités. En baptisant “CX” (en référence au Cx, coefficient de pénétration dans l'air) sa nouvelle grande routière, Citroën se montre prophétique.

50 ans de la Citroën CX : lettre de noblesse 
Photos Rémi Dargegen et Archives Grand Tourisme

Quand elle arrive sur le marché, le premier choc pétrolier n'a pas fini d'ébranler l'économie mondiale.En octobre 1973, les membres de l'O.P.E.P. (Organisation des pays exportateurs et producteurs de pétrole) décident de réduire leur production en réaction contre le soutien américain à Israël dans la guerre du Kippour opposant l'État hébreu à ses voisins arabes. L'Arabie saoudite impose même un embargo sur ses exportations vers les États-Unis.

Le prix du baril quadruple en trois mois, passant de 2,6 à 11,6 $ ! L'augmentation du tarif du pétrole brut ainsi que des taxes imposées aux compagnies pétrolières génère une grave crise. L'automobile, en première ligne, doit se remettre en question. La consommation de carburant, auparavant négligée, devient primordiale, d'autant qu'à l'aune du choc pétrolier, la conscience écologique gagne du terrain. Les constructeurs sont sommés d'économiser l'or noir par tous les moyens.

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