Road burner garage : agent double
Road Burner Garage manie toujours l'art de la préparation avec élégance. Lorsque l'inspiration vient de la DB5 de James Bond, on parle alors de majesté. Par Jean-François Muguet.

Le Road Burner Garage transforme une BMW R100/7 en une moto élégante inspirée des années 60 et de l’Aston Martin DB5 de James Bond, mêlant style classique et technologies modernes.
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Du côté de Larressore, à quelques virages de Biarritz, patrie du Wheels & Waves, chez Road Burner garage on cogite toujours beaucoup. Le grand vainqueur du bike show 2023 du Wheels & Waves, sur une base de Flat-Twin justement, présidé par Mooneyes s'il vous plaît, ne se repose pas sur ses lauriers mais enchaîne les projets, qui parfois même se croisent, avec toujours cette obstination pour l'élégance et la fiabilité.
Et qui d'autre pour symboliser au mieux cet état d'esprit que James Bond, l'agent britannique au service de sa majesté la Reine (encore à l'époque), et plus précisément son iconique automobile, l'Aston Martin DB5 ? Partir d'une motocyclette anglaise aurait finalement été trop simple, c'est une BMW R100/7, base bien connue du garage qui n'en n'est pas à son premier Flat-Twin, qui servira de point de départ. Tout le pari est donc là, transformer une Allemande un poil austère et efficace en une Anglaise élégante et racée.
L'idée était de changer les “codes” de la machine et d'en “faire” une moto anglaise des 60s inspirée de la DB5
Ludovic Porte

Style Bond
Visuellement d'abord, la fameuse teinte “Silver Birch” de l'Aston Martin de 007 est ainsi appliquée sur le réservoir et les caches latéraux. La forme même des aérations de ces derniers s'inspire de la carrosserie de l'automobile mais aussi des Triumph et BSA de la même époque. Dans cet esprit, on peut notamment relever le garde-boue arrière plus apparent et plus léger et de nombreuses pièces passées au bain de chrome et au polissage. Le réservoir et sa touche “toaster” contribuent à l'ensemble.
Chez RBG, comme chaque détail compte, les surpiqûres de la selle qui sont inspirées de celles de la voiture de l'espion britannique sont réalisées par Emma'Services, la compagne de Ludovic, installée à l'étage du garage. Difficile de faire mieux en matière de circuit court et d'empreinte carbone réduite ! Si la ligne d'échappement puise son inspiration dans les Triumph d'époque, les cerclages des jantes en H amènent cette subtile touche racée à l'ensemble. On dit souvent que le diable se cache dans les détails, et lorsqu'on observe attentivement la moto, on s'aperçoit qu'une flopée de pièces faites main ou d'origine élégamment modifiées ont anobli la machine.
On peut ainsi s'attarder sur les tés de fourche réusinés arrondis qui accueillent désormais le témoin de charge de la batterie au centre de l'écrou de serrage, le support de feu arrière fait main comme les plaques latérales, la batterie gainée de cuir la faisant subtilement disparaître ou encore les pattes de phares raccourcies... De nombreuses pièces ont également été adaptées comme le guidon LSL, le levier d'embrayage Magura, le maître-cylindre Nissin, le tirage domino, les suspensions YSS, on en passe tant la liste est presque plus longue que celle des agents du Spectre.

Technique et modernité
Si la machine de base, elle-même, était “roulante” au début du projet, elle a été revue et améliorée de A à Z, sablée et/ou polie, nettoyée, révisée, restaurée, particulièrement le moteur. Le faisceau, lui, a été carrément remplacé avant d'hériter d'un kit Moto Gadget doté du système M Unit. Un gadget qui ne déplairait certainement pas à “Q”. Il permet ainsi de connecter la motocyclette à une application mobile via Bluetooth afin d'obtenir une foule d'informations sur la machine, d'assigner et de contrôler les Commodos, de régler l'allumage, d'intervenir sur le klaxon, d'activer le démarreur ou encore de consulter l'historique des trajets par exemple. La liste n'est pas exhaustive et cette petite touche de technologie propulse ce bon vieux Flat dans le troisième millénaire.
Ludovic précise : « J'aime quand tout est à sa place, que rien ne déborde et ne vienne perturber l'ensemble. L'idée était de concevoir une machine qui aurait pu sortir telle quelle dans le réseau. Si nous aimons et assumons le choix d'avoir opté pour une BMW comme base de travail, nous n'avons aucun scrupule à en avoir fait quelque chose de plus clinquant à l'inverse de l'image plus austère et efficace qu'elle peut parfois dégager. » Assurément l'évolution esthétique est allée dans le sens de l'épure, de la finesse et de la légèreté grâce notamment aux chromes, à la fourche légèrement rabaissée qui corrige la ligne horizontale et à la selle modifiée.
L'idée était de changer les “codes” de la machine et d'en “faire” une moto anglaise des 60s inspirée de la DB5.
Ludovic Porte

On peut noter aussi les élégantes plaques latérales ajourées et dotées d'ailettes gravées d'un logo 100 % original mêlant ceux d'Aston Martin, de BMW et du Road Burner Garage. Ce logo gravé sur le bouchon de réservoir reprend le design du célébrissime cache-culbuteur des Flat-Twin et célèbre le 10 0e anniversaire de BMW, tandis que les badges qui ornent les flancs du réservoir mêlent les logos de la marque allemande et du garage basque.
Si le résultat semble tomber sous le sens, l'unité et l'élégance de la machine se révélant au premier coup d'œil, il aura fallu tout de même plus de 300 heures de travail à l'atelier pour venir à bout de son extrême exigence sur ce projet “Bondien”. Une exigence reconnue par la Bayerische Motoren Werke puisque le Road Burner Garage a été invité à présenter ses machines lors des célébrations du centenaire en Allemagne, certainement la plus belle des récompenses. Alors, Allemande, Anglaise, agent double ? Chacun penchera du côté qui lui sied.
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