Tim Darni : esprit mini, ambition maxi
Entrepreneur, skipper et maintenant constructeur. À tout juste trente ans, Tim Darni affiche un parcours déjà riche. Pour une prochaine transat en solitaire, il construit un prototype à son image : performant et cohérent. Par François Tregouët.

À l'âge de 19 ans, Tim Darni s'est immergé dans la course au large, fondant sa société et construisant son bateau idéal pour poursuivre ses ambitions en Mini Transat.
On a beau être parisien d'origine, quand on a un papa skipper chez Privilège Marine et que l'on passe ses vacances à croiser sous voiles, on a forcément un peu d'eau salée qui coule dans les veines. Alors, le bac tout juste en poche, Tim prend sans délai la route de la Vendée, et plonge avec enthousiasme dans tout ce qui touche à la course au large. Préparateur, équipier, chez lui il n'y a pas de frontière entre travail et loisir. À terre, « un peu en intérim, un peu bénévolement », il apprend dans les équipes IMOCA de Cali-Arnaud Boissières ou encore Pieter Heereman. Sur l'eau, à seulement 19 ans, il est le plus jeune participant à la Transat Jacques Vabre 2013.
Un marin-entrepreneur précoce
En 2014, il lance sa société, Diabol'O Sailing Solutions : gréement, accastillage, préparation. Il se délecte dans un sourire d'être « un peu couteau suisse ». Quand certains sortent tout juste des études, Tim Darni fête déjà les dix ans de sa petite entreprise.
Dix ans également de course au large, avec en point d'orgue une très belle Mini Transat 2021 en solitaire. Au retour, passer sur un support plus grand est tentant, mais l'investissement financier conséquent le fait reculer. Germe alors l'idée de « refaire une mini, mais sur un bateau que je construirais moi-même ».

La fabrique d’un rêve
Autour de ce qu'il « pense être le bateau idéal » se noue « une histoire d'amitié avant tout ». Il confie en effet son projet à un couple d'amis, Nina Karlseder et Régis Corbin. Les dessins de la première, architecte navale issue de l'Ensta Brest, seront traduits en plans par le bureau d'études du second. Pour des questions de coût, l'impétrant sera en bois époxy avec quelques éléments structurels, telles les lisses, en “red cedar”. Mais pour être aussi puissant que ses contemporains, le bateau prendra la forme d'un “scow”, dont les étraves toutes rondes ont envahi les plans d'eau.
« J'ai souhaité un bateau polyvalent, également navigable en petite croisière, hors compétition, avec un cockpit assez grand, fermé sur l'arrière et donc plus sécurisant. On a fait une grande casquette avec un poste de veille, parce que sur la transat j'ai plus souffert du soleil que de l'humidité. À l'intérieur c'est plutôt spacieux, même si ça reste un 6.50 ! L'idée c'était de partir sur un bateau fiable, simple, sur lequel je puisse tirer, parce qu'on a bien vu que le marin peut faire la différence. Dérives et safrans en carbone seront les mêmes que sur mon ancien bateau, donc je pars sur des bases de réglages que je connais. Dès que tout sera fiabilisé il devrait pouvoir performer rapidement. »
Dans le hangar prêté par DAS, depuis mai 2023, Tim cumule les heures de chantier aux heures de travail. « L'esprit mini ça reste de tout apprendre, de la construction à l' entretien. » Alors, « si toutes les planètes s'alignent », il pourrait participer à la transat 2025, plus probablement à celle de 2027. Mais avec Tim Darni tout va tellement vite !

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