Les PP bourlingue : time is on my side
Au Pays basque deux passionnés se sont associés pour faire découvrir leur territoire d'adoption en side-cars. Le nom de leur société pourrait prêter à confusion, les PP ne coulent pourtant pas une paisible retraite dans le Sud-Ouest mais tirent leur nom des initiales de leurs prénoms. Par Stéphane Vacchiani.

À Saint-Jean-de-Luz, une équipe propose des balades en side-car pour découvrir la région de façon originale, mêlant passion moto et exploration touristique authentique.
Bien souvent, soit on fait de la moto soit on est accoudé, dans un bar généralement, il faut bien le reconnaître. Là, surprise je fais de la moto et je suis accoudé ! J'ai le coude posé sur l'aile du panier du side-car et j'ai les sensations de la moto.
C'est sûrement d'ailleurs ce qui m'a le plus étonné en montant à bord, une fois la surprise passée de la position semi-allongée au ras du bitume, c'est le vent qui te cueille, te saisit et te fouette le visage. Comme l'impression de faire de la moto. Sans tenir le guidon en fait. Et c'est le cas.
Au guidon c'est Philippe Pinaud. Tatoué, barbu et fondu de moto depuis… « toujours » dit-il. Un premier deux-roues à seize ans, puis le permis gros cube passé en Polynésie, et depuis une succession de motos dont pas mal de Béhèmes.
Une nouvelle route à suivre
Dans son garage on trouve encore « un 1200 GS, mais aussi une Royal Enfield… » et un side-car donc. « La faute à un accident de santé » résume pudiquement ce quinquagénaire qui a réfléchi « à changer de vie quand j' étais alité, obligé de rester à la maison. Je me suis dit que c' était le moment de vivre ma passion en essayant d'en faire mon métier, de travailler pour moi et de faire ce qui me plaisait. »
Déjà testée par « des amis en Provence », l'idée de proposer des balades en side s'impose à lui. « J'ai cherché et j'ai découvert que personne ne faisait cela au Pays basque », résume celui qui s'est installé là-bas il y a près de trente ans. « Je suis venu en vacances une semaine, je ne suis jamais reparti, ou plus exactement je suis reparti à Agen où j'habitais alors pour tout régler et déménager. » Aujourd'hui il fait visiter son territoire d'adoption par les petites routes et les points spectaculaires repérés au fil de ses années de moto sur ce terrain de jeux inépuisable.
Je me suis dit que c'était le moment de vivre ma passion en essayant d'en faire mon métier.
Philippe Pinaud

En début d'année celui qui assurait le transport des gâteaux basques d'une célèbre pâtisserie de Biarritz a changé de recette. Il promène des touristes mais aussi autant de “locaux” attirés par cette façon originale de découvrir la côte mais plus encore l'intérieur des terres et ses cols si nombreux.
« On a beaucoup distribué de flyers et sensibilisé les offices de tourisme, les campings, les hôtels » énumère Pascal Berthon, le deuxième “P” des “PP Bourlingueurs”, le nom de la société des deux acolytes.« Il m'a parlé de son idée et m'a dit qu'avec un seul side ce ne serait pas jouable », rappelle le numéro deux du tandem. Effectivement les premiers clients viennent plutôt en groupe. Un passager derrière le pilote et un autre dans le panier, ça permet d'emmener deux couples ou une famille avec deux enfants.
« On peut prendre des petits à partir de 4 ans dans le side-car et à compter de 8 ans sur la selle arrière, c'est la loi », récitent les deux associés. Pour cela nos motards ont dû suivre une formation spécifique et passer un examen pour décrocher leur licence de… moto taxi. La même que celle des rapides du périph' qui évitent à des “costards cravates” de louper leur avion ou leur rendez-vous à Paris, sur leurs grosses Gold Wing souvent.
Art, nature et traditions sur trois roues
Sauf qu'ici entre Saint-Jean-de-Luz, Espelette ou les vallées pyrénéennes, le rythme est moins élevé. Beaucoup moins même. Au son rauque du “petit” 750 cc qui équipe l'attelage chinois de marque Changjiang, la procession est cool et souvent stoppée pour la bonne cause. Ici un petit port à découvrir. Là un point de vue sur la Rhune depuis une croix basque. Plus loin une fromagerie à visiter ou un atelier d'art à découvrir.
« Sur tous nos itinéraires on propose un ou plusieurs centres d'intérêt, c'est le but de nos balades », vante Pascal qui a un faible pour l'offre de l'autre côté de la frontière. « J'adore la montée sur Iraty et passer en Espagne pour proposer aux clients de manger des tapas. » De son côté Philippe préfère l'autre… côté, le nord.
« La visite de la fabrique des makhilas (NDLR : bâton de marche basque à la renommée internationale) ou notre arrêt chez Tambourin , une ferme où on peut assister à la traite des brebis quand c'est la saison et déguster des fromages. Ou encore aller chez Pierre Oteiza pour ses charcuteries. »

Un élevage de porcs noirs emblématique de la vallée des Aldudes, où les routes, bien connues des motards, donnent l'impression d'avoir été dessinées pour les motos. Et leurs passagers et… passagères.« Presque 90 % de nos acheteurs sont des acheteuses, pour elles et pour offrir à leurs compagnons ou maris » affirment les deux guides. C'est que l'expérience se partage facilement. « Dans le panier c'est tellement différent que d'être assise derrière sur une moto », valide Magalie venue le jour de cette sortie avec son pilote de mari installé pour une fois en passager.
« Je suis tellement plus détendue, je n'ai jamais autant profité du paysage » se réjouit cette autochtone conquise. Prête à revenir. Et elle n'est pas la seule. Une dame invitée par sa fille au premier semestre pour un tour d'une heure a prévu de revenir, cet automne, pour une sortie... plus longue. Elle a adoré du haut de ses 92 ans.

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