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Chantier naval du Cap-Ferret : fou de bassin

Du Cap-Ferret à la Seine, un bateau français s’invite sous les projecteurs des Jeux Olympiques. Derrière le Seaweed Imagine, l’histoire d’un chantier naval pas comme les autres.

Modifié le Écrit par La Rédaction
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À la tête du Chantier Naval du Cap-Ferret, Louis de Cugnac a imaginé la gamme Seaweed, des canots en aile de mouette façon Boston Whaler, avant de décliner son savoir-faire sur le modèle 12M vu à la télé sur la Seine pendant la cérémonie d'ouverture des J.O.

Le 26 juillet dernier lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris, Zinedine Zidane passe le relais à Rafael Nadal, qui se saisit de la torche enflammée avant d'enfiler un gilet de sauvetage et de grimper à bord d'un bateau. Et quel bateau ! Un Seaweed de 12 mètres bleu foncé baptisé Imagine. À bord, lors d'un trajet sous la pluie du Trocadéro au Louvre, Rafa retrouve trois autres légendes des J.O. qui portent la flamme à tour de rôle : la gymnaste Nadia Comaneci, la championne de tennis Serena Williams et le sprinter Carl Lewis, avant de confier la torche à Amélie Mauresmo.

Voilà en mondovision le baptême du feu du dernier-né du chantier naval dirigé par Louis de Cugnac. Et ce n'est pas son coup d'essai puisque ce Seaweed 12M est le troisième modèle du chantier 100 % français, créé en 2016 après les 535 et 675, deux coques open remarquables par leur carène en aile de mouette à l'image des célèbres Boston Whaler Montauk, mais cette fois “born in Cap-Ferret”. Comment ce jeune homme blond de 31 ans en est-il arrivé là ? On retrouve Louis de Cugnac hirsute, le teint hâlé de surfeur, les habits parsemés de tâches de résine et de peinture, au beau milieu de son chantier naval dans une zone d'activité bordée de pins, à quelques kilomètres du bassin d'Arcachon. Sous le regard débonnaire du golden retriever Coco, le jeune chef d'entreprise nous explique son parcours.

Chantier naval du Cap-Ferret : fou de bassin
Photos de Marc de Tienda et DR

« Ma famille possède une maison dans les environs et j'ai eu la chance de naviguer ici dès mon plus jeune âge. Après ma formation d'ingénieur à Bidart, spécialisé dans les moteurs d'hélicoptère, je suis revenu à ma passion première : le nautisme. J'ai commencé par me fabriquer mon propre bateau baptisé Seaweed 500 avec une carène en aile de mouette car elle offre plusieurs avantages : un faible tirant d'eau, entre 15 et 20 cm, et une excellente stabilité de la coque dont le V central permet de fendre facilement le clapot. »

Son objectif ? S'approcher au plus près des zones comme l'Île aux Oiseaux sans abîmer les herbiers marins que l'on traduit en anglais par Seaweed, le nom du bateau était tout trouvé. Rapidement les amis, puis le bouche-à-oreille créent une demande et notre dynamique entrepreneur fonde sa société en 2016 pour se lancer dans la construction en petite série.

La French touch façon Cap-Ferret

Les clients apprécient le plan de pont de type open avec une console centrale et un grand bain de soleil avant, qui cache un vaste coffre. En entrée de gamme, le Seaweed 535 (de 5,35 mètres de long) peut accueillir six personnes, homologué pour recevoir jusqu'à 80 chevaux hors-bord et atteindre 37 nœuds. Le grand frère, le 675 (6,75 mètres de long), accepte neuf personnes, preuve de sa grande stabilité, et procure jusqu'à 225 chevaux pour voguer jusqu'à 47 nœuds lorsque les conditions s'y prêtent. Le Seaweed a tout du bateau familial facile à prendre en main et à entretenir.

« C'est le produit idéal pour le golfe du Morbihan, ce plan d'eau qui offre une configuration proche du bassin d'Arcachon avec des hauts fonds et des bancs de sable à marée basse , nous explique Fanch Masson, le représentant pour la région de Vannes. Non seulement ces coques sont fabriquées en France mais elles sont personnalisables. On peut facilement proposer des couleurs qui sortent de l' ordinaire, rose, bleu, vert ou jaune, et assortir la sellerie. C' est un bateau abordable et transportable . »

Chantier naval du Cap-Ferret : fou de bassin
Photos de Marc de Tienda et DR

Question tarif les Seaweed sont imbattables : comptez près de 30 000 euros pour un 535 avec un 60 chevaux Honda et une remorque routière, prêt à naviguer, et environ 55 000 euros pour le 675 avec un 150 chevaux Honda et sa remorque. Comble du chic : les Seaweed arborent un look proche des Boston Whaler vintage et pour moitié moins cher qu'un Montauk neuf ! Attention toutefois, contrairement aux célèbres canots américains, les Seaweed ne se prétendent pas insubmersibles, même si d'épais pains de mousse répartis dans la coque assurent une flottabilité minimum en cas de grosse voie d'eau.

« En revanche le Seaweed est “autovideur”, c'est-à-dire qu'il n'a pas besoin de pompe de cale, l'eau de pluie au mouillage ou les embruns en navigation s' évacuent tout seuls , précise Louis de Cugnac. Nos bateaux sont plus simples et plus légers que les Boston Whaler, autorisant des motorisations inférieures tout en offrant de bonnes performances, et donc consomment moins. Nous proposons même une version du 535 à barre franche avec un moteur de 6 chevaux pour les locations sans permis à 17 000 euros. »

Un sillage bien tracé

Aujourd'hui le Chantier Naval du Cap-Ferret est une florissante PME de neuf personnes qui fabriquent en moyenne un bateau par semaine, soit une cinquantaine par an, avec un délai de livraison de deux à trois mois après la commande en fonction du degré de personnalisation souhaité. Mieux, le chantier propose aussi un service d'entretien et d'hivernage pour ses clients et accueille une centaine de bateaux savamment rangés dans des racks derrière l'atelier.

Le coup de projecteur offert par les Jeux Olympiques a permis de lancer en fanfare le dernier-né de la gamme : le Seaweed 12M (12 mètres) à la carène plus classique mais toujours 100 % fabriqué en France et destiné au transport de passagers. Le bateau Imagine propulsé par deux hors-bord électriques de la start-up FinX de 150 chevaux est désormais proposé à la location sur la Seine, pour revivre encore et encore la plus belle cérémonie de l'histoire des olympiades. Magique.


Texte d'Alexandre  Lazerges 

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Photos de Marc de Tienda et DR

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