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Pierre Samon : L'Aston de mon père

Publié le Écrit par La Rédaction
Pierre Samon : L'Aston de mon père
© Bertrand Brémont
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C'est certainement une première à laquelle est ici convié Auto Heroes . La première fois en effet qu'un magazine automobile parvient à réunir trois Aston Martin V8 de trois époques différentes, dans trois évolutions distinctes et, cherry on the cake, toutes “matching numbers & colors”. Produite de 1972 à 1989, la V8 a connu de nombreuses évolutions tout au long de sa carrière, sans compter les modifications toutes personnelles apportées sur un grand nombre d'exemplaires. Les trois modèles réunis pour nous par Pierre Samon, fondateur de XXI ArtCars à Bruxelles et Paris, sont quant à eux restés totalement originaux, un perfectionnisme qui ne surprend guère lorsqu'on parle avec Pierre de ses liens avec la marque britannique : « L'Aston Martin a toujours été pour moi une voiture de gentleman driver ! Sans rentrer dans les clichés de Sa Majesté, elle est à la fois sportive et élégante. Ils ont d'ailleurs réussi, comme Porsche, à garder leur ADN. Les Aston étaient toutes fabriquées de manière artisanale et le motoriste signait tous leurs moteurs. Les gens qui connaissent bien la marque vous diront qu'aucune Aston ne se conduit de la même manière.

Elles ont chacune un trait de caractère et une manière d'être conduite différents. C'est un objet personnifié à l'extrême.

Je ne suis pas le seul à régulièrement féliciter ma voiture lorsqu'elle a parfaitement marché ! » En 1983, l'année de la naissance de Pierre, son père commande sa première Aston Martin, une Vantage couleur Kensington Grey avec intérieur en cuir Burgundy. « Le siège bébé ne tenant pas dans sa position normale, se souvient Pierre , mes parents un peu inconscients devaient l'installer de travers ! On m'emmenait ainsi à 20 0 km / h sur l'autoroute Paris-Nice, ce qui faisait dire à ma mère que j' étais le bébé le plus rapide du monde ! » En 2007, vingt ans après la mort de son père, Pierre reçoit un coup de fil d'Edgar Bensoussan. L'importateur Aston Martin est un ami fidèle de la famille Samon : « La première passion d'Edgar était les avions, raconte Pierre , mais il adorait les Anglaises ! Il a démarré l'aventure “British Motors”, rue Chalgrin, puis il a évolué vers le célèbre garage rue L afontaine à Paris. Quand j' étais enfant, j'allais souvent lui rendre visite avec mon père, puis avec ma mère. Les copains de mon père avaient fait livrer un billard pour jouer pendant que le talentueux chef d'atelier “Mezreb” réglait avec attention les carburateurs. Edgar m'offrait toujours des cadeaux Aston Martin que je conserve encore aujourd'hui. À la mort de mon père en 1987, il a aidé ma mère à reconstituer les jouets de ce dernier en modèles réduits pour l'enterrer avec, tel un pharaon ! » Au téléphone, Edgar Bensoussan annonce à Pierre qu'il est parvenu à retrouver la Vantage de son père. La voiture est en vente mais plusieurs “rounds” de négociations seront nécessaires avant que Pierre ne parvienne à la récupérer. « J'ai tout de suite recollé la plaque personnalisée Aston Martin de mon père à l'intérieur. Cette voiture est ma “Madeleine de Proust”, je la garderai jusqu'à la fin de ma vie. » À son volant, Pierre va écrire de nouvelles pages de l'histoire qui unit cette attachante automobile à sa famille. Des souvenirs de voyages et quelques frayeurs également : « Je me souviens du premier voyage que j'ai fait avec la Vantage, un Paris-Nice ! J' étais si nerveux et stressé que j'ai dû perdre dix kilos sur le trajet et changer quatre fois de chemise ! Ma pauvre ex-fiancée Lætitia a tenu le pommeau de vitesse en dormant pendant 9 0 0 kilomètres, car il tremblait dès que j'accélérais, ce qui me rendait encore plus inquiet ! » Une deuxième V8 va bientôt tenir compagnie à la Vantage, un exemplaire de 1978 livré en Floride, parfaitement original dans sa couleur Silver Jubilee avec intérieur Burgundy, boîte mécanique et conduite à gauche d'origine. « La voiture appartenait à un ami habitant à Chantilly, plus connu sous le nom de “James”. Il ne voulait pas me la vendre jusqu'au jour où sa femme a voulu qu'il s'achète une voiture plus pratique au quotidien. Nous sommes tombés d'accord après plusieurs années de négociations, puis j'ai demandé à Aston Engineering d' entreprendre cette restauration complète avec moi.

Nous avons alors entamé un travail merveilleux au niveau moteur et carrosserie pendant deux années, en améliorant les performances pour la rendre conforme aux spécifications Vantage. J'ai cependant gardé l'intérieur en cuir Connolly d'origine en faisant une rénovation complète avec Paulo Narciso (dit “Paulo la chif fonnette”). » La Vantage Volante qui accompagne les deux coupés V8 vient d'Italie. Sa configuration Xpack fait d'elle un exemplaire plutôt rare, un look agressif et musclé propre aux dernières versions produites. Des spécifications initiées sur la très exclusive version “Prince of Wales” dont seulement 27 exemplaires avaient été produits entre 1986 et 1989. « Mais cette version, précise Pierre, était alors très discrète avec quelques spécifications Vantage que seuls les vrais amateurs peuvent reconnaître. Cette version est de 1988 et l'on ressent bien les dernières avancées de la marque en termes d' esthétique poussée à l' extrême, typiques de la folie des années 8 0, mais également au niveau du confort de conduite beaucoup plus linéaire. Les versions produites à partir de fin 1985 sont devenues “injection”, exceptées les Vantage qui sont restées en version “carburateur” pour conserver ce caractère bestial. Beaucoup de cabriolets de la marque ont été livrés à l' époque dans cette version anglaise très élégante : British Racing Green, intérieur en magnolia. » On pourrait croire Pierre Samon comblé mais le virus Aston Martin, contracté aussi jeune, n'est pas près de le quitter. Avec ces trois V8 présentes, entretenues avec passion par Cyrille Yern (Steel Motors), il rêve encore du prochain modèle, forcément exclusif, forcément original : « Je rêve d'une Virage Vantage ou, avec beaucoup de chance, d'une version Le Mans. Un muscle car à l'anglaise ! La dernière Aston fabriquée dans la plus grande tradition artisanale de la marque. » Au téléphone, Edgar Bensoussan annonce à Pierre qu'il est parvenu à retrouver l'Aston Martin Vantage de son père. « Je rêve d'une Aston Martin Virage Vantage ou d'une version Le Mans. Un muscle car à l'anglaise ! »

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