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Road Trip : Ferret secret en Bentley

Publié le Écrit par La Rédaction
Road Trip : Ferret secret en Bentley
© David Marvier
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Il y a des situations où l'on voudrait prendre un air un peu blasé, ne pas avoir le rictus nerveux d'un enfant qui déborde d'émotion devant un cadeau trop gros pour lui. Hélas, au moment de franchir la porte d'un showroom Bentley pour y emprunter une auto le temps d'une escapade au Ferret, c'est tout le contraire qui se produit. Au point que vous cherchez immédiatement les défauts du modèle qui se tient devant vous - une Flying Spur Hybrid Odyssean - pour garder une certaine contenance : trop encombrante, trop lourde (2,5 tonnes), trop tape-à-l'œil et surtout, trop chère. .. le prix d'un joli petit appartement dans le centre de Bordeaux ! Mais malgré tous vos efforts pour relativiser la journée qui s'annonce, rien n'y fait. Vous cachez mal votre impatience en écoutant d'une oreille distraite le discours élogieux du responsable de site - Stéphane - qui, bien que côtoyant quotidiennement les mythiques engins, reste ébahi devant la qualité des finitions intérieures et le soin apporté à chaque centimètre carré du véhicule. Il est plus que temps de monter à bord et de prendre la direction de la côte avant qu'une circulation trop dense ne vienne tout gâcher. Le plaisir de conduire tolère assez mal les ralentissements à répétition. Et on voit rarement James Bond pris dans un embouteillage. Qui plus est, la lumière du matin n'attend pas ! Les premiers tours de roue sont pour le moins prudents, ne serait-ce que pour éviter d'inquiéter inutilement Stéphane qui regarde partir sa voiture avec la même détresse dans les yeux qu'un jeune homme énamouré auquel un joueur de polo argentin serait venu emprunter la fiancée pour un tango endiablé. Et puis, il faut bien avouer que les 5,31 mètres de long de la Bentley requièrent un petit temps d'adaptation, y compris lorsque l'on est habitué à conduire des bahuts. L'enjeu n'est pas le même et le prix d'un rattrapage peinture non plus.

Pour un bon road trip : une destination de rêve et une monture exceptionnelle.

Rapidement, les dos-d'âne de la zone d'activité de Mérignac ne sont plus qu'un mauvais souvenir. La nature prend le pas sur les immeubles. Une averse toute récente exalte le parfum des pins maritimes qui bordent la départementale. Deux jolies auto-stoppeuses blondes au style résolument “ferretcapien” complètent cette image de carte postale. Tout, autour de nous, prend un air de vacances. Jamais la route vers la pointe de la presqu'île ne paraît aussi simple à effectuer. Pas une once d'agacement au volant ni le moindre froissement de chemise, plutôt le sentiment de passer un moment dans un tea room huppé de Londres. Il faut dire qu'à bord, le luxe atteint des sommets. Le cuir surpiqué, les motifs en losange en relief, le bois, le panneau rotatif de la console centrale... ne présentent pas le moindre défaut. L'ordre règne. En mode électrique, le silence est absolu. À se demander si le moteur tourne. Mais pour l'heure, un brin de décadence ne nuit pas. Deux crans vers la gauche sur le bouton de commande pour sélectionner le mode sport. Le V6 entame sa partition. Une musique qui reste d'ailleurs plutôt discrète, compte tenu des performances de l'auto : 552 chevaux de puissance cumulée et une vitesse de pointe de 285 km/h. Au-delà de la vitesse pure, le dynamisme de la voiture surprend. L'immense carlingue n'a besoin que de 4 petites secondes et des poussières pour franchir les 100 km/h. Autant dire qu'en sortie de rond-point, vos congénères ont tôt fait de ressembler à des fourmis sur la lame d'un couteau. Les villages défilent : Claouey, Le Four, Piraillan, Le Canon, L'Herbe... Des noms qui semblent avoir été inventés pour vivre la plus belle des amourettes d'été.

Comme le secteur du luxe, l'ostréiculture requiert passion et précision et produit des bijoux à l'état naturel.

Le phare se découvre sous un ciel mitigé. À la cabane d'Hortense, véritable institution du Cap-Ferret, le service du déjeuner s'organise, face à un tableau vivant où se mêlent la dune du Pyla, les pins maritimes et les couleurs changeantes du bassin. Spectaculaire. De fait, l'endroit matche bien avec l'auto : chic et singulier. Dans ce spot incontournable caché derrière une haie de tamaris et niché au bord de l'eau, la passion est plus que palpable. On y sert les huîtres de la famille Lescarret qui s'occupe de leur culture sur les parcs du Mimbeau et du Banc d'Arguin depuis quatre générations. Khalid, le gérant, veille au bien-être de ses hôtes. Il les accueille avec décontraction, virevolte, commente la lumière si particulière de la région tandis qu'Olivier ouvre sans peine les splendides coquillages de la maison. Si vous l'interrogez sur son métier, il se montre intarissable, vous explique tous les stades de l'élevage, vous aide à comparer triploïdes (appelées “quatre saisons”) et huîtres naturelles et vous rassure, au passage, sur le fait que leur ouverture se fait bien par le verrou et non sur le côté. Histoire de ne pas stresser la bête ni abîmer la coquille. Les plus gourmands entameront le repas avec un petit pâté de cochon noir de Bigorre ou des crevettes mayonnaise. Le temps de déguster une douzaine de n° 3, les pieds dans le sable, de boire un verre de tariquet bien frais et de profiter des quelques rayons de soleil qui parviennent à traverser la treille de vigne, il faut déjà repartir. Le retour sera plus calme, l'excitation retombe un peu. La voiture dans cet environnement si spécial du Cap-Ferret aura fini par vous étourdir. Les a priori du début sont totalement gommés et laissent la place à un vif attachement. Dernier virage le long de la base aérienne de Mérignac. Devant les clous, la voiture s'arrête pour laisser passer une poignée de militaires en permission. Des sourires s'affichent sur leur visage de connaisseurs. Entre pilotes, on se comprend.

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