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Cédric Bouteiller : Inclassable…

Publié le Écrit par La Rédaction
Cédric Bouteiller : Inclassable…
© Lionel Beylot
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Définir un artiste contemporain, en faire le centre de ses influences, lui trouver une petite place dans cet univers immense... une gageure. Un risque aussi. Celui d'être à côté de la plaque ou réducteur. Le mieux étant tout de même de demander à l'intéressé ce qu'il en pense lui-même... C'est ce que nous avons fait lors de notre rencontre avec Cédric Bouteiller : « Je me définis plus comme un plasticien à la croisée de deux courants, le figuratif et l'abstrait. Selon l'un des deux domaines que j'explore et dans lesquels je m'exprime, j'emploie des techniques qui me sont propres et que très peu d'artistes utilisent. Il y a deux aspects dans ma production. L'un concerne plus mes galeries de portraits d'icônes et l'autre mes recherches personnelles et émotionnelles dans la peinture abstraite. » Voilà qui nous en dit un petit peu plus sur la double démarche que mène Cédric depuis de longues années dans son atelier marseillais.

À cheval entre deux modes d'expression, Cédric Bouteiller explore l'univers des grands coloristes.

Aixois, il a investi un vaste local dans la cité phocéenne, une belle surface indispensable à celui qui travaille en grand format et emploie des techniques multiples qui le mènent parfois à peindre à plat et à même le trottoir devant son atelier. Au centre du lieu trône une curieuse machine. Il explique : « C'est une imprimante de très grand format du type de celles employées par les professionnels de l'impression numérique. Moi je l'utilise pour imprimer sur de l'aluminium ou du papier mes œuvres où la photographie intervient. Dans mes œuvres où je mets en scène mes icônes du cinéma et de la mode, j'imprime en premier lieu une photo, retravaillée en noir et blanc. Ensuite sur cette plaque, je viens travailler la couleur avec des bombes de peinture, de l'acrylique... puis je travaille la finition avec des résines transparentes ou teintées. C'est une technique que j'ai mise au point au fil du temps. » On constate une forte présence féminine dans cette partie de son travail et inévitablement, on aimerait qu'il nous dise le pourquoi et le comment de ses choix. Il répond : « Steve McQueen, Kate Moss, Brigitte Bardot, Alain Delon, David Bowie, Johnny Depp, Michael Jackson... ce sont des personnages que j'aime et qui ont pour moi valeur d'icônes. Je fais des photos aussi et les grandes villes et les décors qu'elles constituent m'inspirent beaucoup. Pour en revenir à Kate Moss, je suis fan depuis très longtemps. Elle est devenue, à l'époque de ces grands mannequins des années 80-90, une vraie icône pour une foule de gens attirés par le street art, la mode et son côté rock ont fait le reste. Quand Banksy s'est servi de son image pour créer des œuvres, je pense qu'elle a pris une dimension incroyable. J'ai donc voulu l'associer à cette partie de mon travail. J'ai une importante clientèle aux États-Unis et beaucoup de personnes qui me suivent ont voulu avoir des toiles dans lesquelles elle était présente. Mais il n'y a pas qu'elle. Je traite souvent l'image de la femme dans mes tableaux, parfois mêlée aux images des villes que je photographie en permanence. J'adore les métropoles et en même temps elles interpellent sur notre monde moderne qu'elles influencent vraiment. » Pluridisciplinaire et aussi autodidacte sur le plan pictural, Cédric a débuté son parcours d'études par la philo.

Travailler sur les émotions et les ressentis, ou bien de façon plus figurative, deux options qu'il maîtrise.

Ensuite il a bifurqué, fort heureusement pour lui et pour nous, vers l'art plastique qu'il a enseigné après son diplôme. Fou de photo et de mode, il admire Peter Lindbergh et quelques autres grands noms de la photographie américaine. Au final, il s'est concentré sur une œuvre construite selon deux vecteurs : celui que nous venons d'évoquer dans le monde figuratif et la pure abstraction. Il s'explique sur ce second aspect de sa recherche artistique : « Mon travail figuratif a rencontré un vrai succès mais ne me permet pas de travailler sur mes émotions et sur ma vision de la peinture. Pour moi, Zao Wou-Ki est le maître absolu dans ce domaine grâce à une recherche profonde sur la couleur et l' émotion. Ma quête est de continuer à travailler dans ce sens qu'il nous a indiqué. Un magazine d'art a parlé de mon œuvre en ce sens une fois et je ne pouvais qu'apprécier ce commentaire, tout en me disant que c' était tout de même une référence difficile à assumer. Je garde beaucoup d'humilité vis-à-vis de ce genre de comparaison. Mais c'est en même temps ce vers quoi je souhaite aller. » Nous revenons sur les œuvres où Steve McQueen apparaît, dans son environnement de la course automobile sur certaines. Une transition facile pour parler de belles autos. Motivée aussi par la présence devant l'atelier d'une 911 Carrera 4 GTS cabrio aussi sobre et sombre que sont vives et foisonnantes ses toiles. Une belle auto dont Cédric justifie - presque en s'excusant - la présence : « J'adore les belles autos mais je ne suis ni un pilote ni un collectionneur. J'aime juste rouler avec cette Porsche que je trouve très belle et avec laquelle je me déplace au quotidien. C'est mon outil de transport entre Aix et l'atelier et je l'utilise aussi en voyage. Il y a quelques temps, j'ai réalisé pour la concession Porsche de Marseille une œuvre sur site au lancement de la Taycan et j'ai craqué sur ce modèle que je n'ai pas acheté. Je la loue. Comme vous voyez, je suis plus dans l'usage que dans la contemplation ou la possession. C'est une auto fantastique dans laquelle je me sens bien. Elle me correspond parfaitement. Très souvent, des personnes me demandent si je vis de mon art. Avec toujours une pointe d'incrédulité derrière leur question. Comme si un artiste peintre se devait d'être limité financièrement. Heureusement ce n'est pas le cas. Je vis très bien de mon travail. Et je compte bien profiter des avantages que ce succès m'offre. Cette auto en fait partie. Sans forfanterie ni vantardise. Juste pour le plaisir. »

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