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Pascal Goujon : L'archi passionné

Publié le Écrit par La Rédaction
Pascal Goujon : L'archi passionné
© Lionel Beylot
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Bien qu'il ne soit pas un ami de très longue date, Pascal Goujon est un ami. Heureusement d'ailleurs, sans quoi cet article manquerait grandement de précision, même s'il ne se veut pas exhaustif. Car voyez-vous, Pascal n'est pas du genre à s'étendre sur ses faits d'armes, à raconter “sa vie - son œuvre”. C'est même tout l'inverse, il dira plutôt de sa personne qu'il est un “hobbyiste” et qu'il aborde chaque chose dans la vie avec une seule priorité, le plaisir. La satisfaction d'exercer son métier, mais aussi celle d'assouvir ses innombrables passions. L'automobile en est une, les bons vins en sont une autre. Ne faisant pas les choses à moitié, il est donc membre de la “Confrérie des Chevaliers du Tastevin”. Pascal Goujon aime aussi l'art sous toutes ses formes. Celui des artistes dont il collectionne les œuvres, mais aussi celui qu'il crée. Car bien sûr, il peint et sculpte, certaines de ses œuvres coulées en bronze et intégrées à du marbre faisant prochainement l'objet d'une exposition. Son implication bénévole dans un projet humanitaire concernant des favelas brésiliennes, ce n'est même pas lui qui m'en a parlé, mais un ami commun, fortement impressionné par la carrure de ce grand monsieur, qui n'est pourtant pas d'un gabarit très imposant. On continue ? On peut alors évoquer le fait qu'il s'adonne régulièrement au surf, ce qui n'est pas courant pour un Niçois. Si ce n'est que Pascal pratique ce sport en Californie, et de manière régulière. N'oublions pas l'aspect mécanique, puisque l'architecte quitte souvent sa table à dessin pour plonger les mains dans le cambouis. Il joue du chalumeau et du poste à souder, fabrique ses pièces et entretient, restaure ou modifie lui-même ses véhicules. Pour le commun des mortels, un pareil programme suffirait déjà à remplir totalement un agenda de ministre. Mais la magie, le mystère même du personnage, font qu'il réussit justement à concilier ces “passe-temps” avec son job d'architecte. À ce propos, Pascal préfère se considérer simplement comme « le partenaire de son épouse Francine, au sein du PPF Goujon Architecture Studio ».

Pascal dit de sa personne qu'il est un “hobbyiste” et qu'il aborde chaque chose dans la vie avec une seule priorité, le plaisir.

Il faut dire que le couple se complète merveilleusement bien, à la vie comme au travail, ce qui vaut sans nul doute à ce cabinet de connaître le succès en France, mais également aux USA depuis un paquet d'années. Tout commence lorsque Larry Mullen Jr. , batteur du groupe U2, fait réaliser des travaux dans sa demeure de Villefranche-sur-Mer. Très content du résultat, il commissionne PPF Goujon pour une extension de sa villa de Dublin, ce qui mène à d'autres projets en Irlande, puis aux USA. Car après un contrat sur la Côte d'Azur pour le numéro trois d'Apple (le concepteur des Apple Stores), Pascal et son équipe partent lui bâtir une villa en Californie. Clients ravis, bouche-à-oreille et effet boule de neige : d'autres chantiers pharaoniques suivent le mouvement, ce qui vaut à Pascal de voyager jusqu'à 26 fois par an aux States pour piloter les chantiers. Il emmène avec lui une flopée d'artisans français qui œuvrent sur place avec des matériaux importés du Vieux Continent : châssis de portes et ferrures bronze “made in Val d'Allos”, menuiseries, marbres et pierres taillés à Nice puis expédiés sur la West Coast. Le bilan carbone d'une telle bâtisse aurait de quoi faire frémir les bobos écolos, mais on peut aussi se dire qu'un pareil projet fait vivre une cinquantaine d'artisans et leurs familles respectives pendant trois ans. Quant à Pascal, il cultive l'amour des choses bien faites et sera toujours plus adepte du tenon et de la mortaise que du clou planté à la va-vite. Ce qui le renvoie directement à ses véhicules, construits à une époque où primait le « génie de la main » , sans culpabilité aucune. Le plus récent par l'ordre d'arrivée dans son garage est un roadster Ford 1930 à calandre de 32 et V8 Flathead. Un hot rod importé des US pour participer à la Normandy Beach Race, ce qui fut le cas en septembre dernier sur la plage de Ouistreham. La caisse est depuis de nouveau démontée en vue de travaux de fiabilisation et d'une utilisation plus régulière sur route. Le “daily driver” de Pascal est une Porsche 911 T de 1970. Il précise que mécaniquement elle est un peu “spicy”, comme s'il versait un godet de Tabasco dans le réservoir pour booster le moulin. Il faut dire qu'il est entré dans l'univers Porsche par le côté outlaw californien et considère la belle Allemande comme un hot rod de plus, ne cherchant pas le respect de l'origine. Il y a aussi son Buggy, un Tow'd sur châssis off-road Bruce Meyer, dont le moteur 1969 est bien affûté. Quant à sa Lotus Mark VI de 1955, il s'agit du premier véhicule de série de la marque, ancêtre direct de la Super Seven. Sous abri, posée sur une remorque par manque de place, on découvre une Berlinette 1600 S de 1973, l'année où Alpine est championne du monde des rallyes. Elle est entièrement stock, ce qu'on ne peut pas prétendre du pick-up Ford 1937 de Pascal, absent lors de la séance photos. Et pour cause, l'engin est en ce moment en train d'être transformé en hybride, tout en conservant son V8 Ford 289 ci à boîte C4. Le cahier des charges étant de pouvoir rouler à 50 km/h sur une distance de 50 km, afin de l'utiliser en ville, même en ZFE, sans être pénalisé. Car vous l'aurez bien compris, Pascal Goujon aime rouler différent. Non pas pour se faire voir - le garçon étant plutôt très discret - mais par réelle passion. Il lui en faudra aussi une bonne dose pour retaper son Austin Seven de 1925. Ce racer est pour l'instant en pièces détachées et fait pour ainsi dire partie des meubles dans l'atelier. Le problème est toujours le même : le temps.

Pascal Goujon quitte souvent sa table à dessin pour plonger ses mains dans la soudure, la ferraille et le cambouis.

Et avec la réouverture des frontières américaines, les périples professionnels ont recommencé. Notre ami architecte ne s'en plaint pas, bien au contraire. Ses séjours aux US lui permettront de nouveau de participer à quelques hot rod shows et de ramener une ou deux pièces pour son roadster !

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