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Ferrari 275 GTB – Roger Vadim & Jane Fonda : Glamour, gloire et beauté

Publié le Écrit par La Rédaction
Ferrari 275 GTB – Roger Vadim & Jane Fonda : Glamour, gloire et beauté
© Rémi Dargegen et DR
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La Ferrari 275 GTB “8641GT” fait partie de ces autos à jamais rattachées à leur premier propriétaire, en l'occurrence le réalisateur Roger Vadim qui, le 15 juin 1966 a acquis auprès de la “Franco-Britannic” à Levallois, cette sublime Ferrari de teinte “Azzuro” et intérieur en cuir noir dit “Nero”. Roger Vadim, de son vrai nom Roger Plemiannikov, n'en n'était pas à sa première Ferrari puisqu'il avait déjà été vu au volant d'une 250 California Spider (revendue) avant d'acquérir sa Ferrari 275. Cette dernière, immatriculée arrondissement de Paris, changea officiellement de mains trois mois après son acquisition. En réalité, la nouvelle propriétaire n'était guère une inconnue pour Roger Vadim puisqu'il s'agissait de son épouse, en l'occurrence Jane Plemiannikov, plus connue sous son nom de jeune fille Jane Fonda. Le couple s'était rencontré en 1963 puis marié à Las Vegas en août 1965 en menant une vie glamour entre France, pays natal de Vadim, et Californie. Leur Ferrari 275 GTB est ce qu'on appelle une deuxième série, celle présentée en 1965 et dotée du “nez long” en opposition à la 275 GTB de première série dotée d'un “nez court”. Si la berlinette Ferrari a tapé dans l'œil de nombreuses célébrités à l'époque, notamment Steve McQueen ou Miles Davis, c'est tout d'abord par l'élégance de sa ligne effilée et tendue avec son long capot, son nez plongeant avec ses phares carénés sous bulle, sa ceinture de caisse haute et son pavillon surbaissé. Dessinée par Pininfarina, elle reste la dernière Ferrari de l'histoire à avoir été présentée par Pinin lui même. Cette 275 GTB de couleur bleu Azzuro avec intérieur Nero restera à jamais associée au couple Roger Vadim et Jane Fonda. Fabriquée par Scaglietti, la 275 GTB se distingue aussi par ses innovations techniques, en particulier ses quatre roues indépendantes et sa boîte-pont à cinq rapports synchronisés. Est aussi installé sur cette 275 GTB série 2 un tube de poussée renfermant l'arbre de transmission permettant de limiter vibrations et bruit. Très performante, la 275 est motorisée par le V12 Colombo qu'Enzo Ferrari a largement éprouvé et optimisé tant en course que sur ses autos de grand tourisme dès la fin des années 40. Le V12 à 60 degrés est porté sur la 275 à près de 3,3 litres et alimenté par trois carburateurs Weber double corps.

Comme souvent chez Ferrari, de nombreuses variantes de la 275 verront le jour, notamment pour la compétition. Le petit thermomètre à bord rappelle que Jane Fonda aimait prouver à Roger Vadim combien il faisait chaud dans l'habitacle. Nulle compétition pour la 275 GTB de Roger Vadim et de Jane Fonda mais un usage qui témoigne de leur vie glamour, à la fois bohème, chic et insouciante. Ainsi, un célèbre cliché les immortalise en train de sortir de la Ferrari sur le parking du port à Saint-Tropez, lui en fin polo et cigarette en bouche, elle avec une casquette. La légende veut qu'ils venaient de gagner le Var depuis Paris en roulant de nuit. Si l'époque n'était pas à la répression routière à outrance, un tel trajet à haute vitesse exigeait de rester concentré au volant, car avec une vitesse de pointe de 240 km/h, 280 chevaux à 7 600 tr/mn, la 275 était une vraie auto de pilote, précise et demandant de l'anticipation. Etait-ce la voiture idéale pour cette escapade avec son coffre symbolique, son habitacle bruyant et la chaleur dégagée par le moteur? Oui à coup sûr pour le pilote passionné, peut-être moins pour Jane Fonda qui avait fait installer un petit thermomètre à bord. Toujours présent dans l'auto, la légende veut qu'elle l'avait installé pour prouver à Roger Vadim à quel point il faisait chaud dans l'habitacle. Une autre photo célèbre immortalise Jane Fonda quittant la clinique du Belvédère à Paris le 7 octobre 1968 où elle vient d'accoucher de leur fille Vanessa. Elle est alors assise dans le siège passager de la 275 GTB avec leur nouveau-né sur les genoux. Autres temps. .. Est-ce l'arrivée de leur bébé qui pousse le couple à revendre un mois plus tard, le 14 novembre 1968, leur 275 GTB via la “Franco-Britannic” ? Nul ne le sait mais après deux ans et demi aux mains des Vadim, la 275 quitte Paris pour Lyon. Un certain Monsieur Tamalet, propriétaire d'une R12 Gordini propose d'échanger sa nouvelle auto contre la Ferrari et, une fois l'échange accepté, il l'immatricule au nom de son entreprise, la Compagnie Générale de Voitures de Luxe (C.G.V.L). La voiture est repeinte en rouge avant d'être revendue en 1972 à Christian Baverey, grand amateur lyonnais de Ferrari qui confie le volant à son épouse Anne Baverey, une pilote automobile très douée. On la verra notamment prendre le départ de la Coupe des Dames au Mas du Clos et de la course de côte de Limonest-Mont Verdun en 1974 avec la Ferrari. Anecdote amusante, Jean-Claude Killy sera également vu en train de piloter la 275 au Mas du Clos à cette époque.

La 275 GTB est ensuite cédée en 1980 à Michel Ferry, pilier de l'Automobile Club de Monaco, amateur de Ferrari et par ailleurs directeur de la Société des Bains de Mer de Monaco. Cependant, il ne la gardera que quelques mois avant de la céder le 14 novembre 1980 à un amateur de la région de Toulouse qui fera quelques rallyes touristiques avant de la céder en 1988 à un marchand basé à Marseille. Repeinte en jaune, la voiture est présentée à la vente par Artcurial lors du salon Retromobile en 2015. Non vendue, l'auto est ensuite restaurée de façon exemplaire où elle retrouve sa teinte d'origine. La 275 reçoit alors une certification “Ferrari Classiche” confirmant qu'elle est “matching numbers”, à savoir que son châssis, son moteur et sa boîte de vitesses sont ceux d'origine. Laissons la conclusion à son tout nouveau propriétaire, un globe trotter à la tête d'une collection d'autos de sport iconiques des années 80 baptisée “Turbollection” qui a acquis cette auto dont il rêvait depuis longtemps auprès de la maison de vente RM Sotheby's : « Ne m'appelez plus propriétaire, ni même collectionneur, mais plutôt conservateur de pièces d'art automobile. Maintenant, il est de mon devoir d'en prendre soin, de l'entretenir, de la conduire, de la montrer pour la culture des générations futures, pour se rappeler que les voitures ont été rêvées, conçues, construites, par et pour la passion ! C'est mon seul objectif. Dois-je encore vous présenter ce chef-d'œuvre ? Non, bien sûr, je sais que vous le connaissez déjà. » Aujourd'hui stationnée en Italie, nul doute que cette fabuleuse 275 sera à nouveau pilotée tôt ou tard sur nos routes et, qui sait, retrouvera sa place sur le parking du port à Saint-Tropez. Avec ses 280 chevaux, la Ferrari 275 GTB était une vraie auto de pilote, précise, et demandant de l'anticipation.

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