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Ferrari 512 BB 1980 : Initials B.B.

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Ferrari 512 BB 1980 : Initials B.B.
© Eric Corlay
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La 512 BB est la petite sœur de la 365 GT4 BB qui a fait chavirer les cœurs de ses concepteurs. Née en 1976, la Ferrari 512 BB est une voiture pleine de promesses mais qui dissimule quelques doux mensonges, participant aujourd'hui plus que jamais au romantisme de sa genèse. Une “dolce vita romantica” comme seules la fougue et la passion mécanique à l'italienne savent en écrire. L'histoire commence avec la Ferrari 365 GT4 BB, lorsqu'il est question au début des années 1970 de concevoir un modèle capable de prendre la succession de la sublimissime Ferrari 365 Daytona, une berline coupé de grand tourisme, également proposée en cabriolet spider, produite depuis 1968. Bien qu'ayant une nette préférence pour les moteurs en position avant, Enzo Ferrari se plie à la tendance du moment imposée par ses rivaux, et par Lamborghini notamment avec son incroyable Miura, acceptant ainsi de concevoir une nouvelle voiture de sport dotée d'un moteur en position centrale arrière, mais avec un objectif clair et précis, celui de « pulvériser la concurrence » , comme le relate la firme italienne. Ne pouvant plus conserver le style si caractéristique des longs capots avant qui avait fait les belles heures des automobiles Ferrari, « Pininfarina relève le défi, explique le magazine officiel Ferrari. Il réalise un prototype qui a tout d'un chef-d'œuvre, en unissant deux coques, une supérieure et une inférieure (c' est pourquoi la première BB est bicolore, la partie noire sert à souligner ce concept). La voiture présente un nez très plat et écrasé, un pare-brise enveloppant, un capot moteur qui, pour la première fois, transforme les prises d'air et les grilles de refroidissement en purs éléments de design. » Côté moteur, les ingénieurs Angelo Bellei et Sergio Scaglietti reprennent la base mécanique utilisée en Formule 1 sur le modèle 312 B développé par l'ingénieur et responsable technique de la Scuderia Ferrari, Mauro Forghieri, à savoir un douze cylindres à plat. La 312 B, qui fait sa première apparition en compétition à la fin de l'année 1969, est la première d'une longue lignée de Formule 1 qui a permis à Ferrari de revenir aux avant-postes et de conquérir de nombreuses victoires et titres mondiaux dans les années qui ont suivi.

La 365 GT4 BB reçoit donc cette mécanique prestigieuse, dont la cylindrée de 4390 cm3 permet d'atteindre une puissance de 352 chevaux à 7 200 tr/mn. Leonardo Fioravanti, brillant designer qui a rejoint l'équipe de Pininfarina en 1964 et qui a déjà réalisé le dessin des Ferrari Dino et Daytona, réalise un nouveau coup de maître. « Le prototype est magnifique , poursuit le récit officiel Ferrarisi fascinant que Fioravanti et ses interlocuteurs à Maranello, Angelo Bellei et Sergio Scaglietti, ont littéralement perdu la tête pour cette Ferrari. BB a été traduit par Berlinetta Boxer, alors que ces initiales faisaient référence à la sexy Brigitte Bardot. Un véritable amour. À tel point qu'entre eux, ils l'ont baptisé Brigitte Bardot, BB. » La jeune française incarne à cette époque l'image de la femme fatale, rebelle et sensuelle. Une déesse terriblement sexy comme l'est cette révolutionnaire supercar. Lorsqu'elle est présentée au salon de Turin en 1971, deux ans avant sa commercialisation, il faut, comme la tradition le veut chez Ferrari, justifier l'appellation : 365 correspond à la cylindrée unitaire des cylindres, qui multipliée par douze permet d'obtenir la cylindrée totale de 4390 cm3 . GT signifie bien évidemment Gran Tursimo et quant au chiffre 4, il fait référence au nombre d'arbres à cames en tête, soit deux par rangées de cylindres. Il reste à justifier ces initiales BB qui ont servi à designer l'auto durant sa gestation. « On n'avait jamais vu une Ferrari porter le nom d'une femme , précise-t-on à Maranello. L 'acronyme a été officiellement traduit en Berlinetta Boxer, une solution parfaite pour dissimuler une histoire d'amour. » Cependant, l'utilisation du terme Boxer ne correspond pas précisément à la réalité de son architecture moteur, celle-ci n'étant pas de type boxer mais à plat ainsi que l'explique l'ingénieur Mauro Forghieri, dans une interview donnée en 2019 : « Un boxer est un moteur dont les bielles sont fixées sur deux manetons différents, alors que sur un moteur à plat, les bielles partagent le même maneton. Au lieu d'avoir un mouvement opposé comme sur un boxer, les pistons bougent ensemble. Le B voulait en fait dire Bialbero (bi-arbre). »

Enfin, l'autre B attribué à Berlinetta est également un petit abus de langage puisque « selon la tradition chez Ferrari, et ailleurs, Berlinetta indiquait des voitures présentant un moteur à l'avant, précise le constructeur italien, avec une carrosserie similaire à celle d'une berline, bien loin d'une supercar futuriste à moteur central. » Autant de petits arrangements que l'on excuse bien volontiers au regard de la beauté de l'artiste comme de l'auto. La 365 GT4 BB, construite à 387 exemplaires, sera remplacée dès 1976 par la 512 BB, afin de répondre notamment aux nouvelles normes anti-pollution entrées en vigueur. Afin de conserver intact le niveau de puissance de sa supercar, Ferrari décide de porter la cylindrée du douze cylindres à plat à 4942 cm3, offrant ainsi une puissance de 360 chevaux à 6 200 tr/mn, pour une vitesse maximale annoncée de plus de 280 km/h. Si les initiales BB sont conservées, l'appellation chiffrée fait cette fois référence à 5 comme 5 litres de cylindrée et à 12 pour le nombre de cylindres. « C'est une voiture totalement fantastique » , précise aujourd'hui Pierre Debauges, responsable du Garage Concept Store à Saint-Gaudens, en Haute-Garonne, et actuel propriétaire de cette sublime 512 BB, proposée à la vente. « Cette voiture, qui date de 198 0, n'affiche que 82 0 0 0 km au compteur. C'est un modèle qui est encore doté des carburateurs Weber. Ceux-ci ont été remplacés par un système d'injection sur la 512 BBi, suite à l'arrêt de la production de la 512 BB en 1981. Ce modèle a été acheté en 198 0 chez le célèbre concessionnaire et importateur français Pozzi. Elle n'a connu que trois propriétaires dans sa vie, dont un Toulousain qui l'a gardée plus de vingt ans. A l'origine, elle était rouge. C'est ce dernier qui l'a fait repeindre dans ce très rare coloris Verde Germoglio (bourgeon vert, ndlr).

Seulement trois 512 BB ont été vendues d'origine dans ce coloris par Ferrari. L 'une d'entre elles a d'ailleurs récemment gagné un prix d' élégance au prestigieux concours automobile de la Villa d'Este, près du lac de Côme en Italie. Le plus important, c'est qu'en dépit de ce coloris, elle soit restée parfaitement d'origine, le service Ferrari Classiche lui ayant attribué, après un examen minutieux, son certificat d'authenticité. » Un certificat que seul Ferrari est habilité à remettre et qui « est réservé à toutes les voitures de route Ferrari de plus de vingt ans, ainsi que pour les Ferrari F1, sport et sport-prototype, sans l'imite d' âge de la voiture » , souligne-t-on à Maranello. « Il y a huit numéros de série présents sur chaque Ferrari et il faut qu'ils correspondent tous à la fiche de sortie de l'usine Ferrari, poursuit Pierre Debauges. Il y a quatre numéros qui sont visibles facilement : sur le moteur, la boîte de vitesses, la caisse et pour la couleur. Et quatre autres qui sont secrets et dont les emplacements ne sont jamais divulgués. L'expert Ferrari sait en fonction du modèle où se trouvent ces numéros et il les consulte à l'abri des regards. Puisque le changement de couleur correspond à un coloris proposé au catalogue à l' époque, cette 512 BB a obtenu son certificat Ferrari Classiche, signé de la main de Piero Ferrari, le fils d'Enzo. » Seulement trois Ferrari 512 BB ont été vendues d'origine dans ce coloris par la marque italienne.

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