Electric Motion : Silence, on roule

Tout a commencé à la suite de l'aventure Scorpa, avec ses motos trial de loisirs et de compétition à motorisation Yamaha, créées par Philippe Aresten. C'est Léo, fils de Philippe, dans la société depuis 2018, qui nous explique l'avancée de Electric Motion en l'absence de son créateur, au Japon pour l'ouverture du Championnat du monde de moto trial auquel ils participent. « En 2009 il y a 15 ans, tout a commencé depuis une page presque blanche » explique-t-il. Son père et ses acolytes se renseignent sur l'électrique et ses possibilités, faisant l'état des lieux des technologies de batteries et de contrôleurs... Bon an, mal an, ils fabriquent leurs premiers prototypes avec une moto d'enduro. Puis ils réalisent qu'une approche trial se révèle judicieuse, pour des motos avec de petits réservoirs et petites puissances avec leurs moteurs thermiques à l'époque : un beau tremplin pour entrer dans le domaine du deux-roues à propulsion 100 % électrique. Cette moto 100 % silencieuse peut accéder à des milieux naturels plus surveillés, permettant la pratique du deux-roues avec sérénité. C'est le pilote Christophe Bruand qui a en partie participé au développement de la machine, et qui a roulé sur les premiers prototypes. Après la compétition, il propose alors des shows freestyle, ce qui ne l'empêche pas de rester fidèle à la jeune société française, qu'il suit de près depuis le début. Puis vient le temps des premières préséries en 2010-2011 conçues avant tout pour l'initiation, les écoles de pilotage, les centres de loisirs, pour créer une nouvelle approche des sports mécaniques. S'ensuit la mise en production avec des ventes en Europe (le marché est encore frileux en France), notamment en Allemagne, en Autriche, dans les pays nordiques, en Angleterre. Les ventes augmentent et la gamme se développe à partir de 2013, offrant de plus en plus de performances, d'autonomie, et des prix plus compétitifs par rapport au thermique, avec les technologies du moment.

Ainsi s'est faite au fil du temps la démocratisation de la mobilité électrique en tout-terrain, en parallèle de son développement dans les villes. Chez EM, il s'agit d'une croissance exponentielle, d'une centaine de motos vers 2014 à plus de 1 300 l'an dernier. Différents accessoires voient le jour, comme une plus grosse batterie ou une selle pour la balade plutôt que le franchissement à destination des clients randonneurs. Cette moto 100 % silencieuse aide à l'accès à des milieux naturels plus surveillés, permettant de renouer sereinement avec la pratique du deux-roues : plus simple, moins d'entretien, fun et ludique... Toujours prêt ! Les courbes de puissances des différentes machines peuvent être définies comme plus bridées ou plus performantes, au choix du client. La compétition est aussi un beau défipour la jeune marque, comme récemment lorsque les Escape X et XR ont pu participer au festival FIM e-explorer avec des couples de pilotes dans des challenges stratégiques. Les équipes de Electric Motion continuent en outre de développer leur modèle phare : la moto de trial, participant aux Championnats de France et du monde avec Gaël Chatagno. Il s'agit de montrer les capacités, la fiabilité, les performances de la moto face aux thermiques. Electric Motion était presque le seul constructeur en trial électrique au début, mais la situation a bien changé. À l'époque, les motos utilisées en compétition étaient les mêmes que celles qu'on peut acheter. Puis Yamaha est arrivé avec une moto développée purement pour la course. Mais cela n'a pas empêché la success-story d'Electric Motion. Aujourd'hui, la marque ne compte toujours pas de concurrence en trial EV. Sa croissance a permis la construction d'un nouveau bâtiment à partir de 2022, où la petite entreprise de 23 salariés a emménagé en octobre 2023. Ainsi peut-elle se permettre de passer un nouveau cap et dépasser les 1 500 motos à terme.

Les projets d'Electric Motion ? Ils sont pléthore. La marque prévoit l'arrivée de motos pour enfant disponibles d'ici la fin de l'année, de motos enduro aussi. La limite ? L'urbain et le routier avec une clientèle et des homologations différentes ne sont pas pour EM, qui préfère rester dans ses racines tout-terrain, comme pour un projet de motocross dérivé de la moto d'enduro. « Nous restons une entreprise à taille humaine et sommes capables de répondre à des besoins ou projets spécifiques. » Par exemple, la pilotine du port de Sète convertie en électrique, ou les engins de moto-ball avec la fédération française », nous explique Léo Aresten. Une belle entreprise à taille humaine, qui crée ses propres moteurs électriques accompagnés d'une boîte manuelle, une solution originale : la boîte 4 vitesses est plus adaptée au franchissement en trial et elle permet d'économiser en consommation et de gagner en autonomie. Quant au moteur, il peut être facilement bridé en équivalent 50 ou 125. « Le trial électrique est une niche dans la niche, où il faut chercher de nouveaux clients, les gens sont ouverts à cette propulsion et ses possibilités » explique Léo Aresten, avant de préciser la mentalité de la société : « Nous ne sommes pas des révolutionnaires. Nous proposons une alternative silencieuse avant tout qui permet d'aller dans des environnements et des circuits sans nuisances sonores. Facilitez la cohabitation, et le regard des gens change. Nous sommes avant tout une équipe de passionnés “piquousés” aux deux-roues. Nous pouvons apporter un vent de fraîcheur et de l'innovation. »