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Möbius : Onde de choc

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Möbius : Onde de choc
© Damien Lorrai
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À 20 ans, Sébastien Beaupère roulait déjà en BMW, une R 75 toute noire avec une selle zébrée, qui précéda une R 100 RS, une demi-douzaine de R 69 S (quand on aime… ), séduit par l'infatigable bicylindre à air, la transmission à cardan et la facilité avec laquelle il pouvait les modifier à sa guise. Béhème (au même titre que Harley-Davidson) est au centre de ses activités, c'est sa marque de cœur, et le fait de posséder un stock important de pièces lui permet de donner vie à ses idées, comme celle d'un rétrofit réalisé en collaboration avec Bymoss Electric Vehicules, une entreprise lyonnaise créée en 2021. Elle est spécialisée dans la conversion électrique de Land Rover Defender, Série 2 et 3, ainsi que de motos BMW à partir de la R 45, avec les R 80 et R 100 en tête d'affiche. En s'appuyant sur l'expertise de Bymoss pour la gestion du groupe électrique et l'homologation, Sébastien pouvait se concentrer sur le style, la construction de la partie-cycle et de l'habillage, la fonctionnalité, la finition, autant d'univers dans lesquels il excelle, porté par une quête d'excellence profondément enracinée, son amour du beau et du travail bien fait, et un niveau technique élevé lui offrant une grande liberté d'expression sans jamais freiner sa créativité.

L'audace, l'unicité, le glamour, le souci du détail sont les marques de fabrique de Möbius.

La BMW Möbius, baptisée Electra, a du style, indéniablement, une belle gueule de racer, tout en subtilité. « Je souhaitais conserver l'esprit des anciennes BMW, tout en ajoutant une ligne moderne au projet pour que ce passage à l'électrique passe presque inaperçu. » Il y a du jus de cerveau, du bon sens et du doigté qui gravitent autour de cette bécane qui vous fait de l'œil dès le premier regard et que l'on n'imagine pas remisée au garage, mais, telle une œuvre d'art contemporaine, en exposition, dans un bureau ou un living, pour pleinement en profiter, entre deux virées citadines. Elle est joliment mise en lumière par une peinture au graphisme raffiné, réalisée par l'atelier de carrosserie Teston à Chateaurenard, « un dégradé de bleu métallisé imaginé comme les ondes d'un sonar qui auraient percuté le logo Möbius, le tout sous une robe noir mat, créant un effet furtif » souligne Sébastien, habité par sa création, fruit d'un labeur intense et solitaire dans lequel il se consacre corps et âme. Le cœur de cette machine d'environ 160 kilos est donc son moteur électrique d'une puissance de 31,1 kW, l'équivalent d'une bonne quarantaine de chevaux, de quoi faire le plein de sensations, avec en maxi un couple de 72 Nm à un régime de 7 500 tr/min. La capacité de la batterie (qui se recharge à 80 % en une heure) est de 5,8 kWh, permettant une autonomie de 100 kilomètres. Notez que la batterie d'une vingtaine de kilos est prévue pour 2 000 cycles de recharge soit un total de 160 000 kilomètres, quatre fois le tour de la Terre, voilà une belle promesse d'évasion. Le bloc en aluminium, fabriqué en Hollande, intègre le moteur et sa fonderie permet d'accepter les carters d'allumage et de démarreur d'origine. La sortie du bloc électrique est prévue pour recevoir l'embrayage d'origine BMW (afin de doser la puissance ou faisant office de coupure en cas de blocage) et trouve sa place derrière une boîte de vitesses de Série 5, 6 ou 7. Celle-ci a été vidée, pour gagner du poids, exception faite du dernier pignon afin de conserver un rapport unique (en sus du point mort), l'utilisation du moteur électrique se faisant de manière linéaire. Le pont arrière (couple conique) est celui d'origine de la Série 2, réputée pour sa solidité. Il encaisse sans sourciller la puissance du moteur et ses joyeuses accélérations. Sébastien a fait usiner une pièce d'accouplement entre la sortie de boîte et le cardan avant de longuement phosphorer sur le design.

« Il existe des BMW de type R 80 ou R 100 passées à l'électrique, mais elles ont des allures de gros VTT car il n'y a plus de cylindres, ni de carburateurs, ni d'échappements. J'ai beaucoup travaillé sur la ligne d'Electra pour que l'on ne remarque pas ces absences » explique Sébastien. Dans les faits, pendant une semaine, il a retourné le problème dans tous les sens afin de conjuguer élégance et équilibre, en découpant des ailettes dans des feuilles de carton plume de 4 millimètres, en testant différentes épaisseurs et espacements, tout en intégrant le décalage initial entre les cylindres, pour ne pas altérer l'harmonie de l'architecture du flat twin et en faisant en sorte que chaque utilisateur puisse positionner les genoux dans le creux des ailettes car avec les commandes reculées, le buste basculé sur le faux réservoir, le pilote fait véritablement corps avec la machine. Cette moto est taillée pour rouler et au-delà de son esthétique, il est essentiel que l'utilisateur se sente bien installé pour vivre avec intensité l'expérience zéro émission de dioxyde de carbone. Simple sur le papier, plus complexe à mettre en œuvre. Au final, Sébastien a arrêté son choix sur une silhouette de cylindres futuristes en aluminium. Elle intègre la fuite des échappements pour combler l'absence réelle des organes de la combustion : culasses, échappements et admissions. Chaque silhouette met en scène 10 ailettes de 4 mm d'épaisseur, découpées au laser. « J'ai voulu rendre dynamiques ces ailettes pour que ce ne soit pas un squelette immobile, lourd et obstruant mais, au contraire, un élément aérodynamique grâce à leur inclinaison tel un carrossage négatif favorisant justement l'appui aérodynamique. »

Electra allie un mode électrique chic et une vraie gueule de racer, pour ne pas perdre son âme de motard.

Pour accueillir la propulsion électrique, Sébastien a opté pour un châssis de BMW R 60/2 de 1969 dont il affectionne la géométrie et la fuite de la partie arrière. Il a modifié le cadre en le renforçant pour positionner la batterie à la place du réservoir d'essence. Dans le même temps, il l'a allégé en supprimant les garde-boue en acier, le support de la batterie d'origine et tout ce qui n'était pas nécessaire. Il a ensuite élargi le bras oscillant pour permettre le montage d'un pneu Michelin en 150 (120 à l'époque) et intégré un lèche-roue directement sur le bras. Les roues en aluminium de 18 et 17 pouces, à 36 et 40 rayons décentrés, ont été montées sur mesure en Californie chez HD Wheels. La colonne de direction a également été modifiée pour adapter une fourche inversée WP de KTM 1090 RC8 (et son garde-boue d'Adventure) surmontée de demi-bracelets d'endurance aux nombreuses positions de réglage. Les amortisseurs de R 69 S reçoivent des ressorts renforcés de side-car pour gagner en efficacité. Le frein arrière à tambour, qui fait le job, provient d'une R 60/2. À l'avant, on fait un bond dans le temps : étriers radiaux à quatre pistons pinçant des disques de 320 mm, un équipage siglé Beringer, qui signe aussi la commande d'embrayage à câble et le beau maître-cylindre radial de frein avant en finition nickelée. L'habillage est constitué d'une coque arrière en fibre de verre prenant place sur une boucle tubulaire créée par Sébastien et d'un couvre-réservoir en fibre de carbone, provenant d'une Ducati 900 MHE.

« J'ai retravaillé la jonction antérieure du carénage qui servait à accoupler la tête de fourche pour en faire des écopes d'entrée d'air. » Remarquez le phare provenant d'une Husqvarna enduro, pour lequel Sébastien a imaginé une araignée servant de support à l'optique et reprenant les codes BMW qui dessinent l'iconique haricot de la marque. Ce sens du détail ! Remplaçant le bouchon d'essence qui n'a plus lieu d'être, un display affiche les informations inhérentes au moteur et à la batterie, comme la puissance, l'état de charge, l'autonomie. Une platine accueillera un smarphone permettant d'accéder au compteur, au GPS et à différentes applications. Electra est à vendre : 28 000 €, avec les options sur mesure qui en feront une rebelle urbaine dans l'air du temps. Concilier électrique et plaisir, y compris celui des yeux, mission accomplie avec maestria par Möbius. Dès 28 000 € tout compris (avec le chargeur de batterie et tout le toutim), Sébastien Beaupère peut réaliser la BMW de vos rêves, une pièce unique qui fera du bruit par son silence de fonctionnement, dans l'air du temps, reflet de vos envies et de votre personnalité, façon custom ou classique pour les puristes, voire une déclinaison enduro pour les aventuriers urbains en herbe.

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