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Loïc Chetout : L’essence du style

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Loïc Chetout : L’essence du style
© David Marvier
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Loïc Chetout est né à Chambéry avant d'“immigrer” à Urt, dans le Pays basque, en 1995, alors qu'il n'a que 3 ans. D'une enfance rythmée par la vie de village, il se souvient surtout de ces après-midi passés à sauter les marches de l'église avec un BMX. À 13 ans, encouragé par un ami cycliste membre du club de l'Aviron Bayonnais Omnisport, il parcourait déjà en VTT les 30 kilomètres aller-retour nécessaires pour rejoindre les membres de son équipe et pédaler avec eux. Talentueux, il est vite repéré par le staff, et on lui prête un vélo de route digne de ce nom. Il gagne alors sa deuxième course et met le doigt puis tout le bras dans l'engrenage de la compétition. Loïc obtient vite de sérieux résultats, il apprend le métier, la stratégie, l'attaque, la connaissance de son corps, les faiblesses de ses concurrents, du terrain. « L'intelligence de course c'est la compréhension globale de ce qui se passe autour de toi et en toi. Quand se dépasser, quand passer le relais, etc. C'est un talent inné que tous les entraînements du monde ne peuvent suppléer. Tu l'as ou tu ne l'as pas » nous confie-t-il. Il entre alors en sport-études à Toulouse puis en division nationale. « En 2019, j'ai tout arrêté. J'en avais ras le bol. Il était temps de passer à autre chose. » S'ensuit une place en équipe de France puis une signature de contrat dans l'équipe réserve Euskatel, l'antichambre des pros. « Je continuais l' école et m'envoyais des allers-retours Bilbao-Toulouse tous les week-ends. Mais quand on aime, on ne compte pas ! Après 3 ans dans l'équipe à enchaîner les résultats, on a perdu le budget et tout s'est arrêté. De retour en France, le cyclisme m'avait oublié. On m'avait pourtant proposé un double passeport pour entrer dans l' équipe d'Espagne, j'étais leader de la coupe du même pays et dans le top 3 des meilleurs coureurs de la péninsule en catégorie moins de 23 ans » nous dit-il.

Loïc enchaîne : « Je me suis alors posé la question : que faire ? La passion l'emporte et je signe au club de Blagnac. Objectif : je donne tout pendant un an, je passe pro ou j'abandonne. J'enchaîne les victoires et me retrouve très vite en équipe de France pour laquelle je deviens l'un des piliers, car je suis le plus vieux du haut de mes 23 ans ! En réalité, c'est vraiment un moment charnière, là où tout se joue. Enfin, je signe chez Cofidis pour 2 ans. J'y resterai 5, avec des courses mythiques à la clef comme le Paris-Roubaix, le Tour des Flandres, la Vuelta… En 2019, j'ai tout arrêté. J'en avais ras le bol. Mon contrat prenait fin, il était temps de passer à autre chose. » Cette autre chose sera la moto qu'il a toujours aimée avec une première BMW R 75 série 6 de 1975 achetée à 19 ans. Si elle a beaucoup évolué au fil du temps elle reste dans l'esprit BM avec ce côté off-road qu'il apprécie tant. Même si à l'époque ses contrats vélo lui interdisaient formellement de piloter une moto, le cycliste avait besoin de ces longues balades à son guidon pour décompresser après des semaines de courses. Et puis un beau jour, son pote cycliste Julien Loubet lui propose de se mettre à l'enduro ! D'abord hésitant, Loïc s'achète un WRZ 250 avec lequel il fait quelques discrets tours de roues. Puis, comme il arrive à la fin de ses contrats, il s'y met vraiment, et opte pour une Sherco 300 cc 4 temps, plus souple, plus agile. Ils se rapprochent alors du moto club Errobi à Hasparren tenu par Éric Geslin et dont le fils Anthony pilote pour Husqvarna, comme Killian Irigoyen, que Loïc coache en préparation physique grâce à son expérience de cycliste professionnel. Les sorties s'enchaînent, la confiance aussi et les deux amis décident de s'inscrire à un rallye puisqu'ils aiment la navigation par roadbook et l'esprit compet. Ce sera donc l'Albanie en mai 2021 pour une véritable épreuve d'endurance et un énorme kif à la clef ! Cinq jours dans les montagnes pendant lesquels Loïc Chetout retrouve les sensations oubliées qu'il a vécues pendant ses années de compétition à vélo. Unique ! L'année suivante, destination la Grèce, Loïc bataille pour un classement dans le top 10 mais la fatigue et l'engagement le conduiront à la chute ! Une dernière tentative en 2023 pour « boucler la boucle » le mènera au pied du Top Ten.

« J'avais besoin de ces longues balades à moto pour décompresser après des semaines de courses. » Lorsque nous lui demandons pourquoi cette BSA chromée, Loïc nous explique : « J'ai toujours aimé les vieux cross et je suis tombé amoureux de ce modèle assez unique, avec un moteur B44 BSA de 440 cm3 de 1966. L'occasion s'est présentée et j'ai sauté dessus sans hésiter. J'aime les beaux objets, les montres, le design. C'est vraiment une moto que tu peux te permettre d'exposer dans ton salon, mais attention, même si c'est cool, je ne conçois pas une moto statique ! » Vient enfin le moment où j'ai envie de lui parler de ses fringues, passion a priori tout aussi débordante. « Ahah ! Là aussi c'est une vieille histoire. Ma mère est folle de sapes. Elle me traînait dans ses shops préférés quand j' étais gamin, à mon grand désespoir, tu peux l'imaginer. Puis à l'adolescence elle s'en est mordu les doigts ! J'ai commencé à vraiment m'y intéresser pour ne plus jamais lâcher. J'adore les belles pièces. Je préfère acheter peu mais beau. Toujours préférer une belle matière, une jolie coupe, une marque inconnue, à un truc lambda fabriqué en Asie. J'ai depuis été modèle puis directeur artistique chez Freeman Porter et continue à jouer au mannequin pour la marque Age Of Glor y, lancée par Sébastien Gérodias. » Loïc qui est aussi président de l'association “Bivouac et Saucisson” (cf Moto Heroes 29) enchaîne sur ses futurs projets : « Je suis toujours ambassadeur chez Orbea et je participe bientôt à une course d' endurance de Vespa à Saragosse. L'épreuve dure 24 heures non-stop et chaque pilote ne peux pas dépasser une heure de roulage consécutif. Je n'ai jamais mis les pieds sur un circuit ni roulé en scoot ! Mais c'est trop marrant ! » On en reparle bientôt à l'occasion d'un bivouac et d'un saucisson partagés autour d'un feu !

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