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Day of a champion : Les secrets du film avorté

Publié le Écrit par La Rédaction
Day of a champion : Les secrets du film avorté
© Gerry Cranham/cour tesy galerie Jean Denis Walter
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Nous sommes en 1965, sur le tournage de Day of a champion, un film de John Sturges où Steve McQueen incarne un pilote de Formule 1. Si ces photos de plateau sont rares, c'est simplement que le film ne sortira jamais. Il ne sera pas non plus terminé. On ne connaîtra jamais précisément la raison pour laquelle la production en arrêtera le tournage. « Un problème de financement semble peu crédible vu la stature et la réputation de ces deux légendes du cinéma, explique Jean-Denis Walter. Quant à une brouille au sein du couple magique Sturgess- McQueen c'est peu probable. Les deux hommes en sont déjà à leur quatrième film, dont Les Sept Mercenaires et La Grande Evasion, deux très grands succès. » A cette époque, Steve McQueen est en pleine ascension. En 1966, trois films sortent : Nevada Smith, La Canonnière du Yang Tse et L'Affaire Thomas Crown. Gerry Cranham, quant à lui, est le grand photographe de sport du moment. Free-lance, il travaille pour les grands magazines anglais et américains comme Sports Illustrated. Le sujet l'intéresse donc à double titre. D'une part pour Steve McQueen, la star montante évoluant dans un univers de sport, mais aussi et surtout parce que la production a eu la bonne idée d'engager Strirling Moss comme conseiller spécial. On parle là de l'icône de la Formule 1 anglaise de l'époque, dont le seul problème est d'avoir été un contemporain de Juan Manuel Fangio. Gerry, alléché, se rend donc pour quelques jours sur le tournage qui a lieu non loin de chez lui, en Angleterre. On savait l'acteur fou de bolides et de vitesse, mais ce que Gerry découvre, c'est la passion qui dévore la star bien au-delà des belles bagnoles ou des belles bécanes. Il est fou de sport automobile, de mécanique et va se noyer dans l'ambiance des courses et des stands dès qu'il en a l'occasion.

« Steve était ravi et honoré de pouvoir discuter avec Stirling Moss, se souvient Gerry. Il lui posait mille questions et était avide de détails. » Cette passion authentique est une découverte pour Gerry. Pour l'acteur, c'est la réalisation d'un rêve. Car en 1961, Steve s'était déjà rendu au Royaume-Uni pour tourner un film de guerre en noir et blanc, The War Lover, avec Robert Wagner et Shirley Anne Field. Les témoins de l'époque racontent qu'il s'était échappé lors d'un tournage sur le terrain d'aviation de la RAF à Bovingdon. McQueen va même jusqu'à se balader non loin du circuit de Snetterton où s'ébrouent quelques Formule Junior. Il y donne même une interview à Anglia Télévision, qui fera date. « La course est une chose pure, confie la star. C'est l'une des rares choses dans la vie que l'on ne peut pas changer, on ne peut pas l'obtenir non plus en l'achetant. Quand vous êtes dedans par vous-même, vous y êtes vraiment par vous-même. » Le tournage se termine sans encombre. Mais la star est ailleurs. Steve a fait la connaissance de John Whitmore sur le circuit. Le pilote anglais l'emmène au nord d'Oulton Park pour qu'il participe à une course sur une Austin A40 gonflée, lors d'une réunion de clubs. Il pilote aussi la Mini de son nouvel ami à Brands Hatch lors de la dernière manche du championnat britannique de voitures de tourisme, terminant même troisième au terme d'une belle bagarre avec Vic Elford et Christabel Carlisle. « Les spécialistes pensent que c'est à la suite de ces rencontres que la passion de McQueen pour le sport automobile européen est née. Le ver est rentré dans le fruit », plaisante Jean-Denis. Un article du journaliste américain Robert Daley, offrant pour la première fois une vision crue et sans complaisance de la course automobile, semble avoir fait le reste. Steve va voir la Warner Bros avec le “papier” intitulé The Cruel Sport en disant : « Voilà ce que je veux faire dans un film. » La Major est convaincue. C'est Sturges qui s'y collera. Il obtient même ce qu'il pense être les droits exclusifs pour réaliser un film à partir du récit. Pourtant, lors d'un dîner d'affaires de cinéma, il se retrouve assis à côté d'un autre réalisateur, John Frankenheimer. L'homme commence à lui parler de ses plans pour tourner un film de course automobile inspiré de... The Cruel Sport. Pas de chance. Peu connu à l'époque, Frankenheimer parvient cependant à convaincre la MGM d'adhérer à sa vision. Il a surtout négocié les droits en direct avec le journaliste.

Quelque temps plus tard, les deux firmes annoncent des projets de films de course automobile étrangement similaires. Dès lors, les deux projets vont se développer en parallèle. James Garner décroche le rôle coté MGM, ce qui provoque l'ire de son ami Steve rencontré sur La Grande Evasion. Chez Warner Bros, Sturges et McQueen se déplacent au GP de Monaco 1965. McQueen assiste même à la course en compagnie de Stirling Moss. Les deux vedettes vont aussi ensemble au Nürburgring pour shooter le GP d'Allemagne. « Les tournages s'achèveront peu après la séance photo que l'on connaît. Le film de Frankenheimer ayant pris de l'avance, Sturges finira par jeter l'éponge, conclut Jean-Denis. Déçu ou pas, Steve finira par se fâcher sur le tournage du film Le Mans avec Sturges et fera perdre six millions de dollars à la production en oubliant le scenario. » La Galerie Jean-Denis Walter est dédiée à la photographie de sport. Elle expose et propose à la vente des tirages originaux de photographes importants voire illustres, sur ce thème. Editions limitées, tirages numérotés, signés et certifiés. JDW l'a fondée en 2013 après treize ans passé au journal L'Equipe où il a exercé les fonctions de directeur de la photographie puis de rédacteur en chef de L'Equipe Magazine. Galerie Jean-Denis Walter. 87, quai de la Marne - 94340 Joinville-le-Pont (ouverture sur rendez-vous, du lundi au dimanche) www.jeandeniswalter.fr

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