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Miami Vices : Sirènes de police

Publié le Écrit par Mamy Yves Ratsimbazafy
Miami Vices : Sirènes de police
© Alamy, Bureau 233 et DR
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Qu'est-ce qu'une série culte ? La définition la plus courante la décrirait comme un programme télévisé autour duquel s'est développée, spontanément ou au fil du temps, une adulation particulière, durable et nimbée de nostalgie. Et l'on ajoutera que ce phénomène concerne principalement les séries anglo-saxonnes, notamment celles produites durant les années 60, 70 et 80. Aucun doute, la série Miami Vice, rebaptisée Deux Flics à Miami en France, mérite son statut de série culte tant elle a durablement marqué les esprits depuis la diffusion des premiers épisodes en septembre 1984 sur le réseau américain NBC, et en France à partir de septembre 1986 sur Antenne 2. L'avant-gardisme de Miami Vice est, encore aujourd'hui, l'une des raisons de cet engouement. Car sur le thème pourtant déjà éculé du duo de flics, la série s'éloignait radicalement du classicisme des Rues de San Francisco et de l'humour potache de Starsky & Hutch, pour ne citer que ces deux exemples. Les producteurs Anthony Yerkovitch et Michael Mann (qui réalisera la version cinéma de Miami Vice en 2005) vont attacher autant d'importance aux intrigues (centrées, pour la faire courte, sur deux policiers aux prises avec des trafiquants de drogue) qu'à l'aspect visuel de la série, en traitant chaque épisode comme un de ces vidéoclips très en vogue à l'époque, dans le but assumé de séduire la jeune génération MTV avec un cocktail de luxe et d'action. Les ingrédients ? Costumes Lanvin, Versace ou Armani, décors exotiques, véhicules exclusifs, images léchées, montage soigné et, bien sûr, la présence omniprésente de la musique. En plus de la bande originale signée Jan Hammer, des fortunes seront ainsi dépensées pour acquérir les droits des succès du moment, de Tina Turner à Eric Clapton en passant par Bryan Adams, Kate Bush, Dire Straits, Meat Loaf, ZZ Top, Pink Floyd, Duran Duran et bien d'autres. Certaines scènes de la série en deviendront emblématiques et beaucoup se souviennent encore des deux héros (Don Johnson et Philip Michael Thomas) traversant Miami de nuit en Ferrari Daytona sur les notes de In The Air Tonight de Phil Collins.

Célébrer le quarantenaire de la série, c'est l'occasion d'aborder ici l'un des aspects les plus glamours de Miami Vice : les bateaux. Au sein du duo de flics, c'est Sonny Crockett (Don Johnson) qui hérite des plus beaux jouets, une panoplie qui lui est imposée afin d'enquêter sous la fausse identité d'un trafiquant de drogue propriétaire non seulement de bolides italiens, mais également d'un voilier et d'un offshore. Durant le tournage des cinq saisons de la série, trois voiliers se sont succédés dans le “rôle” du “St. Vitus Dance”, le bateau sur lequel habite Burnett (nom d'emprunt de Crockett), amarré dans la Bayside Marina de Miami. Dans l'épisode pilote de la série, il partage un Cabo Rico 38 avec ce qui lui tient lieu de chien de garde, un alligator prénommé Elvis, avant d'emménager pour la saison 1 dans un Endeavour 40. Dès la saison 2, il l'échange contre un Endeavour 42, de plus grande taille et ce jusqu'à la fin de la série même si quelques plans du Endeavour 40 seront parfois utilisés dans quelques épisodes. Revendu après le tournage et laissé quelque temps à l'abandon, le Endevaour 42 a été restauré en 2019 et revendu pour 39 000 dollars à un couple qui l'utilise désormais aux alentours de Key West, en Floride. Dans le cadre de ses enquêtes ou de sa couverture, Crockett va être amené à utiliser également plusieurs types de bateaux offshore. À commencer, dans l'épisode pilote, par un Chris-Craft Stinger 390 de 1983 dont l'arceau et le radar vont être démontés pour une séquence où le bateau doit passer sous un pont. Durant la saison 1, cet exemplaire sera remplacé par deux versions 390x de 39 pieds datant de 1984.

Le premier pour les plans statiques, les plans lointains ou les scènes à grande vitesse, et le second pour les scènes tournées à bord avec les comédiens et qui subira, de ce fait, quelques modifications pour fixer les caméras. Ces deux Stinger et deux autres exemplaires de “back up” produits en 1984 et 1985, loués par les studios Universal le temps de la saison 1, étaient équipés de moteurs MCM 370 Mercruisers de série et pouvaient atteindre environ 97 km/h. « En tout, nous avons utilisé cinq Stinger, se souvient Todd Cimino, responsable des scènes marines sur l'ensemble de la série, dont un exemplaire avec la coque blanche car la production voulait tourner plusieurs scènes de nuit, dont certaines sont devenues mythiques. Une des règles imposées par les producteurs, par Michael Mann lui-même et par le coloriste, c'était que la couleur rouge ne devait pas apparaître dans la série. Jamais. La règle a parfois été outrepassée mais l'idée que le rouge était contraire au thème de la série était assez révolutionnaire. » À partir de la saison 2, Crockett dit au revoir au Stinger et poursuit désormais des trafiquants de tout poil aux commandes d'un Wellcraft Scarab 38 KV de 1986. Durant la phase de pré-production de cette saison 2, les Studios Universal avaient souhaité équiper leur héros d'un bateau à l'allure plus racée, si bien que Chris-Craft avait proposé un modèle correspondant, à la vente et non plus en location comme cela s'était pratiqué sur la saison 1. Refusant d'acheter les bateaux, Universal s'était alors tourné vers Wellcraft. « Il y avait également quelques sérieux soucis de garantie avec les bateaux endommagés, explique Todd Cimino. Cela a été un des arguments qui a mené la production à travailler avec Wellcraft dès la saison 2. » Deux exemplaires du Scarab 38 KV parfaitement identiques vont être embauchés, épaulés par un troisième exemplaire à partir de la saison 4. Un bateau légèrement différent car doté d'une coque gris argent sous la ligne de flottaison quand celles de ses collègues étaient blanches. On l'équipera également de deux projecteurs montés sur l'arceau. Si l'on est attentif, on pourra aussi repérer un quatrième Scarab faisant une apparition de quelques secondes dans l'épisode À contrecœur (saison 5).

Miami Vices Photos
© Alamy, Bureau 233 et DR

Les producteurs vont attacher autant d'importance aux intrigues de Miami Vice qu'à l'aspect visuel de la série. Soucieux de bénéficier de l'impact publicitaire de Miami Vice, Wellcraft va lancer une série spéciale identique à l'exemplaire utilisé par Johnson dans la série, comptant 33 unités baptisées Scarab 38 KV Miami Vice Edition. Durant le tournage, alors que les ventes du Scarab semblent déjà profiter sensiblement de son apparition dans la série, Wellcraft va en offrir un exemplaire à Don Johnson, une réplique exacte de la version qu'il pilote dans le rôle de Crockett et qu'il utilisera pour se rendre à divers endroits du tournage en Floride. Le comédien, à cette époque, montre un réel enthousiasme pour ce type de machines si bien qu'on le verra fréquemment prendre le départ dans des courses professionnelles du Championnat OPT (Offshore Powerboat Tour), notamment sur un catamaran Revenge de quinze mètres. Son expertise dans le domaine ira même plus loin car Johnson va également participer à la conception d'un modèle portant son nom, le Scarab 43 Excel Don Johnson Signature Series, produit par Wellcraft et équipé de deux V12 Lamborghini de 650 chevaux ! En 1986, considéré par ses adversaires comme un pilote « agressif, intrépide et qui ne commet jamais d'erreur », il remporte sa première victoire lors d'une course de 1 100 miles nautiques sur la rivière Mississippi, de La Nouvelle-Orléans à Saint-Louis. En 1988, il accède au titre de Champion du monde d'offshore et abandonne progressivement la compétition à partir de 1990. Quarante ans après le début de sa diffusion, si Miami Vice reste visuellement et musicalement très ancrée dans les années 80, elle fait encore figure de référence dans un registre dont elle a indéniablement révolutionné l'esthétique et la narration. L'engouement autour de la vente, en février 2019, de l'un des Wellcraft utilisés sur le tournage proposé à près de 20 millions de dollars (avec en prime, cerise sur le gâteau, une réplique de la Ferrari Daytona de Crockett) est bien la preuve de l'aura dont profitent encore, après quatre décennies, ces Deux Flics à Miami. Don Johnson va participer à la conception d'un modèle portant son nom, équipé de deux V12 Lamborghini de 650 chevaux !

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