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Fabrice Larue : toujours au charbon

Publié le Écrit par La Rédaction
Fabrice Larue : toujours au charbon
© Thomas Vollaire
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Sa vie est un roman qu'il vous raconte non sans malice installé au sommet d'un immeuble dans une avenue proche des Champs-Élysées.

Au même moment, dans celui d'en face, un mannequin apprêté pose devant les fenêtres d'un appartement vide. Vision absolument “Triangle d'or”. Fabrice Larue allume un cigarillo pour détendre l'atmosphère de l'interview qui débute. Et jette un œil sur son Audemar Piguet série C - « Un modèle spécial avec un bleu spécial » - pour en fixer l'heure exacte des prémices.

« Ma relation avec le temps est pathologique, confie-t-il. Je me rends compte que c'est le plus grand des luxes. Parce qu'il n'appartient à personne. » Dire qu'il dévore la vie à chaque instant est une belle image. Pas forcément biaisée.

Le chemin qui sépare le gamin parti de l'école à 13 ans, à faire ses premières armes comme charbonnier, et l'homme accompli passé par la presse gratuite, la radio, la Tribune Desfossés, le joaillier Fred et les grandes productions télé (Braquo, Versailles. ..), s'étale sur plusieurs décennies. Toutes parties à la vitesse de ces bolides qu'il affectionne aussi.

Serial développeur

À 30 ans, homme de radio - il vient d'entrer comme directeur commercial à Radio Nostalgie -, ce natif d'Oissel près de Rouen découvre les ors de Monaco. Un souvenir impérissable dont il parle avec l'enthousiasme intact d'un jeune homme : « Boulevard Princesse-Charlotte, vous croisiez toutes les stars. C' était la Californie du sud.

Je ne voyais que de belles voitures, de belles montres, de belles femmes. .. En plus, j'y ai rencontré la mienne ! Alors, je suis resté. Et je continue à payer mes impôts en France. » Toujours la tête sur les épaules Fabrice Larue, à revenir aux impératifs du quotidien, après de jolies envolées. Si vous lui demandez ce qui l'agite, il répond : « Développer, c'est tout. Une fois que vous gérez, qu'il n'y a plus de croissance, cela perd de son intérêt pour moi. » Aujourd'hui, l'entrepreneur protéiforme, passé avec succès par toutes les cases média, de la création de stations de radio à celle de séries hautement populaires ( Plus belle la Vie ou encore Demain nous appartient , c'est lui), s'impose trouble-fête français sur le marché international du jeu vidéo. Déjà à l'actif de sa compagnie Focus Entertainment, des cartons comme Les Tortues Ninja Shredder's Revenge ou Plaguetale Requiem. Les gamers s'impatientent déjà de voir arriver Space Marine II ou encore John Carpenter's Toxic Commando, un jeu de zombies orchestré par le réalisateur de The Thing. « Pourquoi je vais dans le jeu vidéo ? , confesse-t-il. Parce que c'est un secteur dont on n'imagine pas toute la profondeur de marché. Et qu'il y a un potentiel de croissance incroyable. »

Breitling comme Tapie

Revenons aux montres, autre grande passion de ce féru de projets. « Avoir une montre, c'est vouloir contrôler le temps, le maîtriser » dit-il, l'œil qui frise. Refaisant de mémoire tout son parcours professionnel et la liste de ses innombrables rencontres - Hervé Bourges, Bernard Arnault. .. -, il dresse aussi celle, amusée, des montres qui ont émaillé ses réussites. « Elles ont un côté madeleine de Proust, nostalgique. .. retrogaming ! » À ses 12 ans, ses parents lui offrent une Aquastar avec la lunette mi-directionnelle. « Une montre de plongée. Je l'ai donnée à mon fils , glisse-t-il. À 18, 20 ans. .. des Alexis Barthelay. .. des petits trucs fashion comme ça. À 30 ans, avec mes premiers moyens, ce fut ma première Rolex, puis ma première Breitling.

L a Chronograph dans les années 9 0, avec le fond bleu, c'était la star. L a montre que Tapie arborait à son poignet. » Lorsqu'en 1998 il prend en charge le pôle horlogerie de LVMH (montres Fred, Dior, Céline. ..), sa vision s'étoffe plus encore : « L à, je me suis vraiment intéressé aux métiers de l'horlogerie.

Je découvre leur réalité, la différence entre assembleurs et horlogers. J'aime les métiers de la main. Je trouve qu'on ne les valorise plus assez. C'est ce que j'aime chez LVMH : cette volonté de remettre en valeur le travail des artisans. » Les montres connectées ? Très peu pour l'homme d'affaires qui n'en possède qu'une ; en accessoire au sport qu'il pratique assidûment. Pour le reste, ce ne sont que mécanismes d'exception. « Je peux avoir une montre à quartz. Je peux avoir l'heure n'importe où. Mais lorsque j'ai un quantième perpétuel que je dois faire vérifier tous les 99 ans. .. Voyez-vous toute la beauté du produit manufacturé ? Pour moi, c'est magique. »

« Je peux acheter une montre ou deux neuves, parce qu'elles sont jolies. Mais souvent, je ne les garde pas. »

Envie de Killy

« Je communique très peu. Je n'aime pas être ostentatoire.

Et qui souhaite créer de la jalousie ? » Fabrice Larue regrette que la France n'ait pas plus de considération pour ceux qui réussissent. Paris n'est pas l'Amérique. Alors, il préfère rester discret. Même si sa passion le titille. Ses montres, il les garde au secret, assure ne pas savoir combien il en possède. Parmi ses favorites, celles qu'il transmettra à ses enfants - dont le tout dernier, fou de belles pièces comme papa -, il cite : « J 'a i eu la première Audemar Piguet faite en 1972 par Gérald Genta. C' était une “A” avec son numéro de production à moins de 1 0 0 0. J'ai aussi une Patek de 1975, vendue par la maison suisse Gübelin, avec fond tropical, boîte et papiers.

Aujourd'hui, elle est introuvable. » Pour le reste, c'est le rêve qui l'anime. Entretenue par des réseaux amis et un duo d'experts qui l'aide dans ses recherches. Sa marotte du moment ? Retrouver une Rolex Jean-Claude Killy, une montre à complication, fait rare chez le fabricant genevois.

Il y a dix ans, elle s'envolait déjà à 638 500 $ chez Christie's. Le néophyte n'oserait guère imaginer son prix actuel. « Je n'aurai jamais les moyens de me l'offrir, mais j'aime la chasse aux licornes. » Une dernière fois, Fabrice Larue sourit, autant goguenard que philosophe : « Ce qui fait la différence entre l'enfant et l'adulte ?

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