S'abonner

Tugdual Ponchet – Man of steel

Modifié le Écrit par La Rédaction
Tugdual Ponchet – Man of steel
© Götz Göppert
Couverture complète sur mise-en-avant

Je pense que je n'ai jamais été aussi heureux que dans mon atelier avec mes outils. » À bientôt 40 ans, Tugdual a pourtant roulé sa bosse, exercé des métiers de rêve. Le Breton commence par passer un diplôme de podologue : « Après avoir fait deux remplacements je me suis rendu compte que ce n' était pas pour moi. J'ai eu l'opportunité d'aller exercer dans des hôtels de luxe internationaux. J'avais envie de voyager. J'ai travaillé pendant cinq ans un peu partout dans le monde, des Maldives à Dubaï en passant par Singapour… Conscient qu'il ne fera pas ça toute sa vie, le globe-trotteur rentre à Paris. Il veut être comédien. Il étudie le théâtre aux Ateliers du Sudden le jour et travaille comme barman la nuit. Il achète sa première moto, une Honda CX 500 préparée : « J'ai passé mon permis deux-roues à 20 ans mais je n'avais jamais eu de moto, je n'y connaissais rien mais ça m'a toujours attiré. » Le motard en herbe déchante vite : « Très vite ma moto a passé plus de temps au garage que sur la route, je ne savais rien faire d'autre que de démonter les bougies. » Il achète une Honda CB 750 Seven Fifty qui ne fait pas long feu : il se fait faucher par un taxi au bout de deux mois. « J' étais frustré de ne pas pouvoir réparer moi-même mes machines. Je me suis donc formé à la mécanique aux stages de l'atelier Perrot Formation, dans les Cévennes. Ludovic Perrot est très pédagogue, il est devenu mon mentor. »

« Tu récupères des vilebrequins, des arbres à cames, des pistons, des bielles, ce sont de belles pièces. »

Il récupère sa Seven Fifty dont le cadre est H.S., en achète une autre pour les pièces, puis se lance : « J'ai mis un peu de temps avant de me décider, je me suis dit que si je me ratais, je perdais deux motos. Et puis le Covid est arrivé, je me suis retrouvé avec du temps. » Il désosse sa Seven accidentée pour récupérer le moteur, et commence la greffe dans le garage de son père : « À cette époque, tout est fermé, j'ai un mal fou à trouver des conseils. Heureusement Facebook est là avec tous les groupes de préparation mécanique. J'arrive à trouver un électricien à la retraite qui m'aide à refaire tout le faisceau. Puis un peintre qui travaille malgré le Covid et accepte de faire l' époxy de mon cadre. » Il trouve aussi un artisan soudeur pour lui faire sa boucle arrière, puisque à l'époque, Tugdual ne soude pas encore. Il arrive à remettre sa moto sur roues. C'est pour faire son échappement qu'il réalise ses premières soudures : « J 'a i bien accroché avec la soudure, j'ai été attiré par l'aspect créatif de la chose. » Il commence par créer son établi, en utilisant 100 % de métal de récupération : « J'ai chiné un vieux portail et diverses pièces que j'ai nettoyées, brossées, coupées et assemblées. » Tugdual s'essaie ensuite à créer des objets, avec une grosse influence mécanique.

Sa première création est un porte-casque : « C' était pour moi. J'ai d'ailleurs offert mes premières créations, c' était ma phase d'apprentissage. Jusqu'à ce qu'on me dise que je devrais les vendre. C'est surtout une amie qui m'a poussé. Elle retapait des meubles, j'ai beaucoup appris avec elle. Ce sont ses clients qui m'ont acheté mes premières pièces. » Sa première vente est une lampe avec une embase de disque de frein et une chaîne qui fait office de pied. Fort de ce succès d'estime, Tugdual commence à proposer ses œuvres à des shops moto comme Royal Racer à Lyon. Il fait des porte-casques, des lampes, des porte-clés, des couteaux… : « Les couteaux partent d'une envie commune avec des amis. Imaginer des collaborations avec des artistes fait partie de ce que j'aime. L' étui en cuir est signé Atelier Serpico, la lame Patrice Perrée. » Au moment de la séance photo, Tugdual travaille sur un tabouret sur base de vilebrequin : « Les pièces internes de moteurs sont plus compliquées à trouver, il faut passer du temps dans une casse et démonter un moteur. Mais tu récupères des vilebrequins, des arbres à cames, des pistons, des bielles, ce sont de belles pièces. » Autre petit objet sympa sorti de la tête de Tugdual, le Zippo reconditionné en outil de poche : « J'ai trouvé ça cool de faire un petit kit de survie. Le bois provient d'une planche de skate dans laquelle j'ai découpé des tranches à la taille du Zippo que j'ai percées pour y mettre les embouts . » Tugdual a mis de côté son envie d'être acteur : « J'ai joué, j'ai réalisé, j'ai écrit, je n'ai jamais vraiment percé. Ça reste dans un coin de ma tête parce que j'ai toujours quelques scénarios de côté que j'aimerais bien réaliser un jour. Mais c'est un milieu assez difficile, avec le temps j'en ai eu marre de galérer. Je me suis dit que j'allais essayer de gagner ma vie plutôt que poursuivre une quête. Passer du temps à créer dans mon atelier représente de formidables moments d' évasion. » Conscient de sa pratique empirique, Tugdual va bientôt entrer en formation de chaudronnerie : « Il y a des choses que je ne peux pas réaliser parce que je n'ai ni les connaissances, ni les machines, ni les matériaux. Un diplôme de chaudronnier en poche et les contacts acquis pendant la formation me permettront d'aller vers plus d'autonomie, plus d'expertise, de créer librement ce que j'ai en tête. L 'idée est d'upgrader mes créations. » Tugdual nous confie aussi qu'il aimerait se lancer dans une deuxième préparation moto. Nul doute que cette fois-ci, son cadre sera fait maison.

Mentionnés dans cet article

Écrit par La Rédaction
Partagez cet article partout

Dernières news sur mise-en-avant

Petites voitures électriques 2025 : les citadines urbaines qui révolutionnent la mobilité

Petites voitures électriques 2025 : les citadines urbaines qui révolutionnent la mobilité

Les petites voitures électriques ont longtemps été perçues comme des seconds véhicules ou des solutions de niche.

David Richards : le Goliath du sport auto

David Richards : le Goliath du sport auto

L'ancien copilote d'Ari Vatanen, champion du monde des rallyes 1981, est devenu un des acteurs majeurs du sport auto, aussi bien en WRC avec les Subaru qu'aux 24 Heures du Mans en GT avec Aston Martin, sans oublier la F1 avec BAR ou le Dakar avec Dacia. Par Alexandre Lazerges.

Bulgari x MB&F : sciences friction

Bulgari x MB&F : sciences friction 

C'est sans aucun doute LA montre la plus ovniesque de l'année. Une pièce d'exception par son audace créative et son design, autant que par sa mécanique. Rencontre avec les hommes derrière la Bulgari X MB&F Serpenti, qui viennent d'une autre galaxie. Par Aymeric Mantoux.

Moritz Bree : flower power

Moritz Bree : flower power

Moritz Bree n'a pas attendu le nombre des années pour démontrer que rien n'est impossible. Du haut de ses 20 ans, ce jeune Autrichien à déjà quelques préparations à son actif. Ne suivant aucun autre courant que le sien, voici sa SR500 flat track psychédélique. Par Ethan Valentin.

Édouard Golbery : Édouard aux mains d'argent

Édouard Golbery : Édouard aux mains d'argent

Marin, comédien, chanteur, musicien, amateur de sports de glisse, Édouard Golbery aime explorer des domaines aussi variés que passionnants. Portrait d'un coureur au large atypique, qui rêve un jour de s'aligner au départ du Vendée Globe. Par Servane Dorléans.

Kevin Venkiah : le Crésus de Mauritius

Kevin Venkiah : le Crésus de Mauritius

Collectionneur aux mille métiers et autant de souvenirs, ce financier mauricien offre matière à savourer le temps qui passe inexorablement et affiche une passion des cadrans peu commune. Par Emmanuel Galiero.

Couverture complète sur mise-en-avant >

Sur le même sujet

Moritz Bree : flower power

Moritz Bree : flower power

Moritz Bree n'a pas attendu le nombre des années pour démontrer que rien n'est impossible. Du haut de ses 20 ans, ce jeune Autrichien à déjà quelques préparations à son actif. Ne suivant aucun autre courant que le sien, voici sa SR500 flat track psychédélique. Par Ethan Valentin.

Triumph Bonneville T120 édition limitée : un morceau d'Elvis

Triumph Bonneville T120 édition limitée : un morceau d'Elvis 

Les adorateurs d'Elvis Presley ont dorénavant leur moto, une Triumph Bonneville T120 en édition très limitée. Ça ne les aidera pas à chanter comme Le King, mais ils pourront fièrement rouler sur un bout d'histoire. Par Ethan Valentin.

AMP Motorcycles : vent de fraîcheur

AMP Motorcycles : vent de fraîcheur

Un avis de grand frais est attendu par la façade est, près d'Offenbach, en Allemagne. Sortez votre plus belle combi, prenez votre planche de surf et enfourchez votre scrambler made in AMP. Crème solaire conseillée. Par Ethan Valentin.

Brough superior Dagger : en action

Brough Superior dagger : en action 

Sculptée dans les plus nobles matières, la Dagger s'affiche comme le fer de lance de la production de Brough Superior modernes. Le constructeur toulousain puise toujours dans les riches racines britanniques de la marque pour nourrir son inspiration. Par Sébastien Joulas.

French moto - stellar : l'alu s'emballe

French Moto - Stellar : l'alu s'emballe

Difficile de reconnaître la Royale Enfield Interceptor qui se cache sous cette futuriste jupe d'aluminium. Le projet Stellar démontre le savoir-faire de French Moto, 50 % artisanat, 50 % technologie, 100 % passion. Par Ethan Valentin.

Hound motorcycle : un m'Hound* à part

Hound motorcycle : un m'Hound* à part

Perdu dans les vallons des Deux-Sèvres, Hound Motorcycle est un lieu, avant d'être un atelier moto. Un petit univers sur lequel règne un homme de valeur et de sincérité. Visite chez Gaétan Caquineau, un personnage aussi authentique que les motos qu'il propose, répare et commercialise en grande honnêteté. Par Philippe Canville.