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Vacheron Constantin : Punk’s not dead

Publié le Écrit par La Rédaction
Vacheron Constantin : Punk’s not dead
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Cory Richards, photographe américain né à Salt Lake City en 1981, a eu une adolescence difficile… doux euphémisme. À 14 ans, quand la plupart des ados apprennent l'anglais, les maths et la géographie, lui se retrouve en rupture d'école, il quitte sa famille et vit dans la rue. Il boit beaucoup plus que de raison et prend de la drogue… Nous sommes bien loin des belles histoires que nous content en général les horlogers. Loin aussi de leurs ambassadeurs glamour habituels : star de cinéma, danseuse étoile ou sportif de haut niveau. C'est pourtant au poignet de cet aventurier de 42 ans, fragile, marginal, un peu punk, que Vacheron Constantin a choisi d'attacher son modèle Overseas. Franchement inattendu pour une si sérieuse manufacture helvète, fondée en 1755, ce qui fait d'elle la plus ancienne maison horlogère sans interruption d'activité au monde.

« Quand j'étais plus jeune, c'est l'escalade qui m'a sauvé, qui m'a redonné un équilibre. »

Pour elle, on aurait imaginé un personnage plus propret, plus raisonnable. On aurait plus pressenti Cory Richards chez Hublot, Richard Mille, TAG Heuer ou Panerai, marques disruptives s'il en est. Cela montre à quel point l'on peut célébrer la tradition, la qualité, le travail bien fait et en même temps s'intéresser à des univers beaucoup moins aseptisés. Un peu marginal Cory Richards ? Certes, mais aussi talentueux beau gosse. Long, fin, les yeux bleu turquoise, le regard un brin canaille, les cheveux blonds ondulés, il a tout du jeune WASP séduisant. À coup sûr, ce garçon charmant, à la sensibilité à fleur de peau, doit faire chavirer les jeunes femmes romantiques. Ce héros “un peu fêlé” est emblématique des nouvelles personnalités amies de Vacheron Constantin. Cory fait partie des “One of not many” de la manufacture du groupe Richemont. Ce team accueille également le designer français Ora Ito, ou encore les rockeurs anglais James Bay et Benjamin Clementine. .. « Nos ambassadeurs sont singuliers, visionnaires et passionnés. Ce sont aussi des connaisseurs, des experts en leur domaine », annonce la maison horlogère.

La mort de très près…

Le danger, Cory connaît. Ce passionné d'alpinisme a maintes fois frôlé la mort. En 2011, une avalanche les emporte lui et ses deux collègues de randonnée, alors qu'ils gravissent le Gasherbrum II. Il s'agit de l'un des plus hauts sommets du monde situé au nord du Pakistan dans le massif de l'Himalaya. Le voilà ballotté, retourné, secoué, écrasé comme un gravillon sous le pneu d'une automobile. « Un silence profond a succédé au grondement des monceaux de neige en mouvement, se souvient l'infortuné alpiniste. Puis, un froid glacial a commencé à se répandre dans mon corps. Je me retrouve immobilisé sous la neige pendant plusieurs heures. Bloqué sous cet amas blanc et glacial, j'attends que la montagne m'avale. » Il en réchappe et se photographie la peau encore toute rosie par le froid et le gel, la neige collée au visage comme à un rocher, le regard hagard. Cet autoportrait posté sur le Web se met à circuler à la vitesse d'un TGV. Le cliché devient iconique et fait de Cory une vedette de la photographie. Il lui ouvre des portes et permet au miraculé d'accéder à des contrats lucratifs.

Pas vraiment lui…

Rapidement, Cory se sent débordé par ce cliché. « Ce n'est pas moi, déclare le survivant. Je ne suis pas un aventurier héroïque et trompe-la-mort ! Je ne suis pas juste le rescapé d'une catastrophe naturelle. » L'alcool et la drogue, les vieux démons, le happent à nouveau. Cory s'enfonce dans cette spirale destructrice qu'il connaît bien. Il lui faut un autre déclic pour s'en sortir, cette fois encore. « Quand j' étais plus jeune, c'est l'escalade qui m'a sauvé, m'a redonné un équilibre », se rappelle Cory. L'alpiniste repart alors, son appareil photo en bandoulière, à la conquête de l'Himalaya. La montagne l'apaise. Il revient à lui, reprend goût à la vie. Par la suite, c'est la nature et la vie sauvage qui vont le relancer. Il est mandaté par National Geographic notamment, pour réaliser plusieurs reportages. Il immortalise toute la beauté du monde animal, loin de la civilisation, loin des hommes… Il suit pour ce magazine le lit de l'Okavango, un étrange fleuve qui ne relie jamais la mer… Il finit par s'assécher quelque part, dans le désert de Kalahari au Botswana, après avoir parcouru 1 600 km. L'objectif du photographe attrape les pêcheurs locaux, la végétation, les animaux : hippopotames, antilopes, chiens sauvages, lions, panthères ou éléphants… D'autres voyages le mènent en Birmanie, en Angola. Il se confronte au froid sur l'archipel Franz Joseph en mer de Barents, au nord de la Russie. Sur place, il immortalise les ours polaires, otaries, morses et d'innombrables oiseaux.

Une montre sur mesure

Il réalise sa troisième ascension de l'Everest, par l'arête nord-est, la plus difficile, en 2019. Vacheron Constantin lui confectionne pour l'occasion une Overseas Dual Time prototype, adaptée aux conditions extrêmes. Le boîtier en titane de ce garde-temps sport-chic est à la fois solide et léger. Ses renforts en tantale sous sa lunette le rendent aussi plus résistant. Son bracelet en textile technique s'avère parfaitement imperméable. « J'apprécie beaucoup sur cette montre l'affichage des deux fuseaux horaires : l'heure locale et celle de mon pays, se félicite Cory Richards. Cela me permet de rester en contact avec mes amis, ma communauté. » Ce prototype unique est vendu aux enchères, en décembre 2019. Il atteint 106 250 dollars. La somme est reversée à la National Geographic Society.

Deux Overseas d'un coup

En 2021, la marque à la croix de Malte dérive de ce prototype une collection de deux montres. Il s'agit des Overseas Everest qui se présentent l'une sous la forme d'une Dual-Time de 41 mm et l'autre sous celle d'un Chronographe de 42,5 mm. Ce dernier est un peu plus épais, avec 13,7 mm contre 12,8 mm. Étanches à 150 m, ces deux variantes en acier se caractérisent par leurs lunette, couronne et bagues de poussoir en titane, matériau assez inhabituel chez Vacheron Constantin. Certaines aiguilles se parent d'orange pour une meilleure visibilité. Ces montres sportives sont proposées avec des bracelets interchangeables en tissu ou caoutchouc. Les deux séries sont limitées à 150 exemplaires. Clin d'œil, en forme d'hommage, la gravure sur la masse oscillante en or rose est inspirée d'une photographie de l'Everest prise par Cory Richards. Et la boucle est bouclée… « Ma montre, à deux fuseaux horaires, me permet de rester au contact de mes amis, loin de moi. »

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