Heroin Mélusine Mallender : Triumph de l’aventure

Mélusine Mallender est de ces femmes à la fois passionnées et passionnantes qui aiment la moto avant tout mais qui cultivent bien d'autres intérêts. Pour n'en citer que quelques-uns, les voyages, la plongée, le théâtre, les films rythment la vie de cette jeune maman qui est impatiente de pouvoir partager sa selle avec son fils encore un peu trop jeune à ce jour. Elle-même fille de motards, elle a toujours vu des deux-roues au sein du foyer familial jusqu'à ce que ce mode de déplacement et surtout de découverte ne devienne une évidence pour elle. Adolescente, Mélusine admirait l'élégance et la classe de sa mère au guidon d'une Tiger. Nostalgique des balades en famille, elle se rappelle ses débuts au guidon d'une Varadero 125. Au départ, c'était simplement un moyen de locomotion pour se rendre à son travail mais les kilomètres s'enchaîneront vite pour en totaliser environ 20 000 pour cette simple utilisation ! Très rapidement l'envie de road trip se fait de plus en plus sentir et Mélusine entame alors la même année un tour de France. Quelques années passent et après un déménagement et quelques moments d'hésitation, la Varadero affiche fièrement plus de 100 000 km au compteur. C'est avec le cœur lourd et l'idée de se séparer de la petite 125 pour une moto plus puissante que Mélusine entreprend son dernier voyage avec elle, direction le pays du Soleil-Levant. L'idée ? Tenter de ramener la Honda au Japon ou au moins aller le plus loin possible. Ce voyage marquera ainsi le début d'une longue série d'aventures et de road trips. C'est presque une religion, une quête de spiritualité que Mélusine trouve dans ces moments parfois hors du temps où chacun devient plus attentif et réceptif au monde qui l'entoure.

Les rencontres s'enchaînent et les anecdotes se font de plus en plus nombreuses. Lors de son dernier voyage, elle a, par exemple, dû transporter sa moto sur un voilier afin de rejoindre le Panamá depuis la Colombie. Pour l'occasion, sa moto a dû être amenée sur une planche de bois, elle-même déposée sur un bateau pneumatique, pour ensuite être hissée par une grue installée sur un “vrai” bateau… de quoi vous donner quelques sueurs froides ! Au même instant une voix lui crie « Mélusine ! ». Apparaît alors Daniele, un motard italien avec qui elle avait partagé plusieurs kilomètres entre la Russie et la Mongolie sept ans plus tôt. Une rencontre inattendue à l'autre bout du monde. Parfois c'est la générosité et l'entraide qui s'invitent au moment où l'on s'y attend le moins comme ce fut le cas lors du premier road trip avec la Varadero. Mélusine se retrouve dans ce petit garage afin d'acheter des bougies. Après une longue discussion et le partage d'un bon repas, le garagiste lui offre finalement les fameuses bougies qui lui permettront de poursuivre son voyage jusqu'à Vladivostok. Ses souvenirs en appellent d'autres comme ce séjour au Bangladesh dont la population est très étonnée de voir une femme sur une moto, surtout sur un gros cube. Une vision très partagée entre ceux qui l'abordaient, le sourire aux lèvres dans l'intention de lui parler et de la prendre en photo, et les mauvais curieux attisés par sa moto qui la contraignaient parfois à s'enfermer dans les hôtels et à appeler la police pour les éloigner ou simplement rester en sécurité. Il y a aussi cette rencontre avec Sylvia qui donne des cours de conduite de scooter aux femmes qui veulent apprendre à piloter les deux-roues mais qui sont souvent victimes d'insultes et même parfois de jets de pierres pour avoir simplement voulu se battre pour cette liberté-là. Un principe cher à Mélusine Mallender qui en 2018 coréalise avec Christian Clot Les Voies de la liberté , un documentaire de 52 minutes à travers lequel elle interroge des femmes rencontrées lors de ses voyages entre l'Afrique et l'Asie sur ce que signifie pour elles “se sentir libre”.

Aujourd'hui il existe 16 documentaires sur les expéditions de Mélusine Mallender, quelques livres et une bande dessinée Back To J a p a n parue fin 2022. Cette BD est « un autre moyen de raconter une histoire et c' était assez troublant pour moi de voir en dessin mes parents, certains paysages prendre vie différemment. L 'histoire continue maintenant en pièce de théâtre et sera à Avignon cet été », précise-t-elle. La Varadero 125 a finalement rendu l'âme à Vladivostok après 22 500 km parcourus en quatre mois ! Après 22 500 km parcourus en quatre mois, la 125 a finalement rendu l'âme à Vladivostok. Aujourd'hui une Tiger avec laquelle elle a fait Jakarta-Paris et qu'elle nomme affectueusement Mustang, une 800 VFR qui lui a permis d'aller jusqu'à Bishkek en passant par l'Iran, une NC 700 S héritée de son papa et enfin la réplique exacte de son ancienne Varadero attendent patiemment dans son garage le prochain départ vers de nouvelles aventures. Lorsqu'on lui demande quelle serait la moto “idéale” à rejoindre les quatre précédentes dans son garage, dans un sourire, elle nous dit que ce serait « une moto qui va partout, légère, puissante, qui ne pollue pas (que ce soit dans sa fabrication et sa consommation), qui ne fait pas de bruit, qui pourrait transporter un enfant en bas âge mais aussi des bagages, qui serait facile à réparer et qui ne casserait pas le dos. » Rien que ça. Constructeurs, à vous de jouer !