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Philippe Lellouche : tiré par les chevaux

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Philippe Lellouche : tiré par les chevaux
© Thomas Vollaire
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J'ai suffisamment rencontré d'hommes et de femmes aimant réellement la moto, l'ayant dans le sang, la vivant parfois au quotidien, pour faire la différence entre la pseudo-passion de façade et l'authenticité du parcours et de sa narration ; qu'ils soient bikers, pilotes, motards ou grands voyageurs, peu importe la paroisse ou l'obédience mécanique à vrai dire. Références, signes, anecdotes, souvenirs et vécus ne trompent pas. La langue parlée est commune : routière, mécanique, universelle. Elle s'affranchit de frontières qui ne nous concernent pas, maintes fois franchies par ceux qui la pratiquent. Celles et ceux qui vivent ainsi finissent toujours par se retrouver, tôt ou tard, quelque part sur la route. J'ai croisé celle de Philippe le temps d'un café, sur une journée d'automne ouvrant les yeux. Nous sommes dans Paris, sur la terrasse d'un de ses hôtels, forcément à pied. Le bonhomme est solide, a le regard franc de ceux qui aiment parler d'un sujet commun. Nous passons rapidement les souvenirs de nos amours perdus, de ce Paris qui n'est plus. La réserve des premiers instants cède son fauteuil à l'aisance de ceux qui se reconnaissent, en partie, dans l'autre. Je suis là pour l'écouter. Rassuré peut-être par mon authenticité, il ouvre alors le livre de son histoire moto. Une jeunesse en banlieue parisienne, les tours de Mobylettes avec les copains, à se refaire l'univers des “films de bandes” comme Grease ou Easy Rider. Les années passent, le poison addictif de la route est contracté.

Traînant du côté de Saint-Germain, il tombe nez à nez avec Jean-Marie Marion, premier top model masculin embarquant derrière lui, sur une Harley-Davidson, à même le garde-boue, Elle Macpherson, toute aussi top model de ce temps. « Ce jour-là, en les voyant partir, je voulais devenir ce gars ! » souffle Philippe. Les années passent, le carton rose, alors en papier cartonné, évidemment sans points, est obtenu. Sa première vraie moto est une valeur sûre des années 80/90. Une Suzuki 600DR avec laquelle il sillonne le Portugal, sans casque - autre temps, autres règles -, pour aller rejoindre l'amour du moment. On se marre de son embrouille avec les autorités portugaises locales qui interceptent ce motard à la tête nue, leur faisant tout bonnement croire que le port du casque n'est pas obligatoire dans l'Hexagone et imaginant qu'il en était de même sur les routes lusitaniennes… Le Japon disparaît au profit d'une première Américaine, celle dont il rêvait depuis tant d'années. Une dizaine d'autres suivront. Aujourd'hui, Philippe Lellouche roule dès qu'il en a le temps. Son style ? Chicanos - cholo ou vicla, de belles bécanes préparées dans le sud chez Cosmik Kustom à Trans-en-Provence.

« La routine me tue et c'est dans l'inconfort, comme souvent à moto, que je me sens vivant. »

« Ce sont des bons gars, bien passionnés, qui aiment le métier et qui n'essaient pas de te saigner quand tu leur demandes une modif sur ta moto. » Acteur, réalisateur, animateur (Top Gear France pendant 7 ans), il parle de ses motos comme de sa vie : « En réalité, j'en ai eu plusieurs. La routine me tue et c'est dans l'inconfort, comme souvent à moto, que je me sens vivant. » En dehors des plateaux, dès qu'il le peut, Philippe aime s'échapper avec ses amis, ses frangins comme il dit, « parce que la route partagée avec les siens n'a pas la même saveur, ne provoque pas les mêmes sentiments et, tout simplement, parce qu'on n'est rien sans l'autre. » L'autre, sous les projecteurs, c'est le public. Depuis la rentrée de septembre Philippe est à nouveau sur scène. Seul cette fois. Son one-man-show, baptisé “Stand Alone”, vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître mais peuvent certainement comprendre. On y rit de tout, sur tout, avec l'impertinence de ces 1 % qui assument leurs propos, griffent, écornent la société, sans pour autant être nécessairement blessants. Conçu et écrit comme une machine à remonter notre temps, ce spectacle évoquera nombre de souvenirs qui stimuleront votre carte mémoire, celle qui n'a pas de GPS, où les soirées se dansaient à deux, finissaient sur un slow en râteau ou en galoche et où le fils de vos voisins ne revendiquait pas alors le droit à la différence parce qu'il se définit aujourd'hui comme “écureuil”.

« La route partagée avec les siens n'a pas la même saveur, tout simplement parce qu'on n'est rien sans l'autre. »

Un one-man de vieux réacs alors ? Il répond : « Mais non ! Le réac d'hier voulait plus de rigueur, aujourd'hui il veut plus de liberté. Dans ce spectacle, j'ai sérieusement envie de rire de tout ça, parce que rire, c'est vital. » S'il reprend la route lors de cette tournée aux plus de cinquante dates, c'est aussi pour tordre (un peu) le cou à cette tendance de l'humour politiquement correct, presque lisse. On n'ose même plus imaginer aujourd'hui les blagues d'un Coluche ou d'un Pierre Desproges. Sans doute subiraient-ils le feu nourri d'une cancel generation qui se fait à la fois juge et bourreau avec verdict et sentence rendus sur les réseaux dits « sociaux »… Fatigués de devoir justifier votre pensée, votre propos parce que, potentiellement, la rigide bienséance actuelle pourrait vous péter au visage ? Allez, installez-vous, c'est Philippe qui prend les commandes de votre soirée. Le politiquement incorrect y est présent, jamais gratuitement, juste parce que ça nous fait marrer. On a le droit de ne pas être d'accord mais lorsque c'est dit avec humour, le public, toujours intelligent, fera de lui-même toute la différence.

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