S'abonner

Gotham Moto Dépôt : l’OVNI de Brooklyn

Modifié le Écrit par La Rédaction
Gotham Moto Dépôt : l’OVNI de Brooklyn
© Peter Domorak
Couverture complète sur mise-en-avant

Pour le commun des mortels, la façade noire de ce grand local de plain-pied n'est pas très engageante. Elle annonce clairement la couleur, avec son panneau “No Parking, Any Time !”.

Outre l'ambiance lounge de leurs locaux, ils offrent aussi un service digne d'une conciergerie de grand hôtel.

Oui, il y a ici du passage 24 heures sur 24 et pour les motards qui connaissent l'endroit et y ont leurs entrées, c'est un havre de paix. On n'y pénètre pas sans montrer patte blanche, le lecteur de badge et le système de reconnaissance faciale étant installés à côté du portillon des piétons. Nous sommes ici dans le quartier de Greenpoint à Brooklyn, pas forcément celui qui regroupe le plus grand nombre de troquets hipster proposant du café organique et autres salades composées de graines aux noms étranges. Mais ici, à deux pas du Pulaski Bridge qui enjambe un bras de l'East River, les loyers étaient un peu moins prohibitifs qu'ailleurs. Et c'est ici que Ronnie Pichson et son mari Stefon Davis ont décidé un beau jour d'installer leur nouveau projet professionnel. Jusqu'à la pandémie du Covid, les deux gagnaient confortablement leur vie dans l'industrie de la mode.

Cependant, avec la crise sanitaire, le marché s'est effondré et ils ont perdu leurs jobs. Mais pas leur passion de la moto, ni leur ambition de rebondir sur un concept innovant. Un mal pour un bien en quelque sorte, dans la mesure où Ronnie est déjà impliqué depuis longtemps dans l'univers de la moto et souhaite développer une nouvelle idée. Il est le cofondateur des NYC Gotham Riders, un club lancé il y a huit ans et ouvert à tous les motards. Il compte à ce jour plus de 2 000 membres, son logo reprenant trait pour trait le design des anciens jetons de métro new-yorkais, entouré des maillons d'une chaîne de moto. L'objectif n'est pas d'offrir à ces riders un club house, mais de créer un lieu convivial à mi-chemin entre l'entrepôt, le vestiaire, le bar des amis, la galerie d'art, l'espace coworking et le petit coin bricolage.

Non, ce n'est pourtant pas un atelier à proprement parler, mais on peut y faire une vidange (un fût de récupération des huiles usagées est mis à disposition), garder sa batterie en charge d'entretien et effectuer de menus travaux sur sa monture si besoin. Les vastes locaux étaient par le passé l'ancien dépôt d'un important poissonnier, mais depuis les odeurs de marée ont été remplacées par des effluves d'hydrocarbures. L'adresse, ça ne s'invente pas, se situe au 51 Box Street, d'où le surnom de “Area 51” dont a entre-temps hérité le Gotham Moto Depot. Donc la “Zone 51” pour les ufologues francophones, même si les seuls objets roulants que l'on trouve ici sont clairement identifiés. Vintage ou récentes, il y a là de l'Anglaise, de l'Allemande, de l'Italienne, de la Japonaise et, bizarrement, relativement peu d'Américaines. Chaque bécane a droit à son emplacement réservé, entre deux lignes noires tracées sur le sol en béton ciré, avec prière de placer la roue avant vers l'avant, afin “d'harmoniser le display”.

Vintage ou récentes, il y a là de l'Anglaise, de l'Allemande, de l'Italienne, de la Japonaise et, bizarrement, relativement peu d'Américaines

À l'arrière de cet espace dédié peuvent s'entasser les bottes ou les sacs, se suspendre les blousons, reposer les casques, les bouquins ou les bombes de WD40, et bien plus encore à l'intérieur des placards verrouillables. Mais comme la confiance semble ici être de mise, beaucoup de ces casiers ne sont même pas fermés à clef. Il faut dire que la principale devise de GMD se résume en trois mots : hospitalité, sécurité, confort. Si Ronnie Pichson était déjà actif dans l'univers du deux-roues avec son club, c'est son compagnon Stefon Davis qui a l'inspiration initiale pour se lancer dans cette belle aventure. Il en a assez des mauvaises surprises en découvrant chaque matin sa moto, garée dans la rue durant la nuit. Il y a d'une part les aléas de la météo, souvent extrême dans un sens comme dans l'autre à New York. Mais aussi les indélicats qui rayent la carrosserie, déplacent la machine ou la font parfois même tomber à terre. Sans parler des risques de vols. Inauguré en octobre 2020, Gotham Depot Moto lui permet non seulement de solutionner son problème personnel, mais aussi de retrouver avec Ronnie les deux emplois qu'ils ont perdus.

Outre l'ambiance lounge de leurs locaux, ils offrent aussi un service digne d'une conciergerie de grand hôtel. Lorsqu'un de leurs clients - appelons-le plutôt “résident” - a besoin de faire transporter sa moto ou de se faire dépanner, Davis et Pichson sortent leur van Ford Transit F250, équipé d'une rampe et d'un treuil. Pour 325 dollars par mois, la cinquantaine de membres gagne un droit d'entrée et un accès illimité à une quantité de services et avantages. Ils bichonnent leur moto, la surveillent de chez eux grâce aux webcams connectées en direct, retournent au “Area 51” pour passer du temps avec les copains, profitent du très confortable espace détente sur la mezzanine, du coin cuisine, de la TV écran géant (215 cm de diagonale !) et d'une incroyable tranquillité d'esprit. Un tarif réduit de 150 dollars mensuels leur offre également l'option stockage ou “simple hivernage”. Bien sûr, il existe potentiellement à New York et Brooklyn des possibilités moins onéreuses pour garer sa bécane, mais aucune ne fait entrer les motards locaux dans une pareille communauté, qui tient bien plus du “social club” que du garage !

Mentionnés dans cet article

Écrit par La Rédaction
Partagez cet article partout

Dernières news sur mise-en-avant

Frank Huyghe : en apesanteur

Frank Huyghe : en apesanteur

La marque française indépendante Ralf Tech a réussi à passer des profondeurs océaniques à l'infini de l'espace. Personne ne l'attendait là-haut. C'est pourtant Ralf Tech, spécialiste de la plongée, qui décroche une collaboration avec le CNES et réalise la première montre française de l'espace ! Par Carine Lœillet.

Charles Caudrelier, la brise de la cinquentaine

Charles Caudrelier, la brise de la cinquentaine 

Après sa victoire sur la Route du Rhum, le skipper vient de remporter l'Arkea Ultim Challenge Brest, nouvelle course en solitaire autour du monde. Le Finistérien au CV bien trempé a conquis la planète avant de s'imposer en France. Par Xavier de Fournoux.

Heroin Purr riding : road strip

Heroin Purr riding : road strip 

Libre, indépendante, équipée en série d’une bonne dose de sensualité et, en option, d’un pack badass : voici Jacquie. Créatrice de contenu moto sous le pseudo Purr Riding, Jacquie c’est un peu Thelma et Louise à elle seule. Une femme authentique qui se met à nu dans Moto Heroes pour démontrer que tout est possible. Par Ethan Valentin.

Vincent Ipslanti : les chevaux du plaisir

Vincent Ipslanti : les chevaux du plaisir 

Si l'on fait exception du cheval, sur le capot ou sur la fesse, ces deux voitures, la Ford Mustang et la Ferrari 348, ont autant de similarités qu'un hamburger et des tagliatelles. Leur point commun en réalité est un homme de passion aux multiples casquettes. Par Ethan Valentin.

Bellini yacht : una nuova vita

Bellini yacht : una nuova vita

Né en 1960, ce chantier installé en face de Riva a développé une identité originale, construisant ses propres modèles en bois verni et restaurant ceux de son prestigieux voisin. Après des années de transition, voyant le fils Bellini succéder à son père, le chantier de Clusane relance aujourd'hui une nouvelle gamme de prestige. Par Philippe Leblond.

Julien Roucheteau : devoir de réserve

Julien Roucheteau : devoir de réserve

Prendre des risques, parfaire, sublimer un produit, atteindre des sommets, recommencer. Y aurait-il quelques analogies entre gastronomie et moto ? Le temps d'une interview, Julien Roucheteau, Meilleur Ouvrier de France et chef étoilé de La Table des Rois, nous donne des éléments de réponse. Par Arnaud Choisy.

Couverture complète sur mise-en-avant >

Sur le même sujet

Heroin Purr riding : road strip

Heroin Purr riding : road strip 

Libre, indépendante, équipée en série d’une bonne dose de sensualité et, en option, d’un pack badass : voici Jacquie. Créatrice de contenu moto sous le pseudo Purr Riding, Jacquie c’est un peu Thelma et Louise à elle seule. Une femme authentique qui se met à nu dans Moto Heroes pour démontrer que tout est possible. Par Ethan Valentin.

Julien Roucheteau : devoir de réserve

Julien Roucheteau : devoir de réserve

Prendre des risques, parfaire, sublimer un produit, atteindre des sommets, recommencer. Y aurait-il quelques analogies entre gastronomie et moto ? Le temps d'une interview, Julien Roucheteau, Meilleur Ouvrier de France et chef étoilé de La Table des Rois, nous donne des éléments de réponse. Par Arnaud Choisy.

Bruno Gillet : les coulisses de l'exploit

Bruno Gillet : les coulisses de l'exploit

Ce petit livre rouge Dans les coulisses de la course moto est une pépite ! Le journaliste Bruno Gillet, en prise directe avec l'univers de la vitesse, y raconte, avec subtilité, 100 anecdotes croustillantes glanées pendant quatre décennies. À lire absolument ! Par Claude de La Chapelle.

Julien Fabro : Objectif fast-life

Julien Fabro : Objectif fast-life

Se penche souvent sur ceux qui ont marqué temps et générations. Pour beaucoup ? Disparus, moins sous la lumière de Lucas patinés au sable d'un Dakar qui avait lieu entre Paris... et Dakar. Alors, moins “Heroes” la Gen Z ? Julien Fabro, créatif, sérieux voyageur, photographe, entrepreneur prouve... que non. Par Arnaud Choisy.

Daniel Arsham : la poignée dans le coin

Daniel Arsham : la poignée dans le coin

Daniel Arsham fusionne art et vitesse en réinventant la moto comme une véritable œuvre sculpturale. Avec MV Agusta, il pousse encore plus loin sa vision d’une mécanique transformée en relique contemporaine. Par Aymeric Mantoux.

Florent Pagny : sa liberté de rouler

Florent Pagny : sa liberté de rouler

Florent Pagny, entre sa passion pour les motos et voitures de collection, nous ouvre les portes de son univers mécanique tout en partageant ses réflexions sur la liberté et sa carrière musicale. Interviewé par Éric Jeanjean.