Alfa Romeo 110 ans : Alfa Romeo 33 Prototipo Speciale, "Force spéciale"
Rarement, une mécanique de compétition n'avait autant inspiré les stylistes. On connaît en effet six études qui ont été élaborées sur la mécanique de l' Alfa Romeo 33 : Carabo, réalisée par Bertone sur le châssis n° 33109 (octobre 1968) ; Roadster GS, par Pininfarina sur le châssis n°33108 (octobre 1968) ; Prototipo Speciale, par Pininfarina sur le châssis n° 33115 (octobre 1969) ; Iguana, par Ital Design sur le châssis n° 33116 (octobre 1969) Spyder Prototipo “Cuneo”, par Pininfarina sur le châssis n° 33108 (janvier 1971) ; Navajo, par Bertone sur le châssis n° 33117 (mars 1976). Le projet qui nous intéresse ici est le troisième par ordre d' entrée en scène, mais pas le moins tourmenté.
Incroyable destinée pour une automobile qui a su muter d'une marque à une autre en développant des personnalités tranchées
Son origine remonte à mars 1968. Pininfarina prépare alors une étude dont le nom sonne comme une promesse : Ferrari 250 P5 ! Cela signifie-t-il que la prodigieuse lignée des prototypes Ferrari aurait une descendance, qu' une P5 succèderait à la P4 ? Il faudra vite se faire une raison : c'est non.
L'étude de la 250 P5 a été menée par Leonardo Fioravanti, jeune ingénieur diplômé du Politecnico de Milan. Il s' est autorisé des audaces comme les ailes sculptées en pointe à l'avant et en biseau à l'arrière, et allégées par le creusement des passages de roues. Sur les flancs, les prises d' air dessinent de longues écopes elliptiques, déjà vues sur la Dino 206 GT.
La face avant est animée par une rampe de phares dissimulés derrière une vitre cintrée, nichée elle-même entre les extrémités des ailes. Le panneau arrière est parcouru de lamelles horizontales qui s' évanouissent derrière les roues.
Toute la superstructure est vitrée, transparente, aérienne et aérée… Le moteur apparaît en majesté sous la lunette arrière
Avant chaque salon, la question se pose chez les carrossiers : quelle(s) pièce(s) exposer pour montrer sa créativité ? Pour le Salon de Turin qui doit ouvrir ses portes le 29 octobre 1969, Pininfarina frappe fort en présentant trois réalisations très différentes mais traitées dans la même nuance jaune vif : une voiture de plage, la Fiat 128 Teenager, une extraordinaire sculpture monolithique, ultra plate, futuriste, basée sur une Ferrari 512 S, et une berlinette plus classique qui a des accents de déjà vu. Et pour cause…
Pour alléger le budget et l' emploi du temps, Pininfarina a en effet décidé de recycler la 250 P5, de la déshabiller et de l' actualiser. La mécanique Ferrari est remplacée par un châssis Alfa Romeo 33. On retrouve les volumes de la 250 P5, mais la décoration a été simplifiée au niveau des phares et des feux arrière. La 33 diva repose aujourd'hui au cœur du musée historique d'Alfa Romeo à Arese. Elle a fait oublier toute ascendance de sa naissance sous le signe du cheval cabré.
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