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Formule 1 : casques d’or

Modifié le Écrit par La Rédaction
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© The Cahier Archive/Bernard Cahier et Anais Nieto
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Pour son inauguration en 1950, la F1 n'est pas encore le grand show millimétré que nous connaissons aujourd'hui. Tout est artisanal, y compris la sécurité des pilotes. Dès l' origine, un témoin-clé est omniprésent pour illustrer l' évolution de cette passionnante discipline : le casque. Les premiers heaumes sont pourtant inaptes à protéger ces courageux sportifs. Issus au départ du monde du Polo, ce sont de simples coques recouvertes de cuir qui font office de protection. Ils sont ouverts et le visage n' est pas protégé. D' ailleurs dans les années 60, en utilisant un casque de pilote de chasse, le légendaire australien Jack Brabham semble montrer la voie de la recherche et de l' évolution. Mais c' est l' américain Dan Gurney qui fait sensation en utilisant pour la première fois un casque intégral, réalisé par l' entreprise californienne Bell.

Cette nouvelle technologie est toutefois imparfaite, la buée est alors une nouvelle problématique. Henri Pescarolo en garde d' ailleurs un souvenir amer lors de son passage chez Williams. À cause de la buée, il encastra sa monoplace dans les rails monégasques. Particulièrement agacé à cause de cet incident, il semblerait qu' un certain Frank Williams balança ce fameux casque dans le port ! Mais rapidement, d' autres constructeurs emboîtent le pas de l'Américain. C'est le cas de l'entreprise française GPA. Ce constructeur connut son heure de gloire dans les années 70 et 80. On leur doit une étonnante innovation : le casque SJ (sans jugulaire). Plus simple d' utilisation, il offre également de meilleures performances aérodynamiques. Le casque devient alors un sujet de développement à part entière. La technologie évolue très vite avec l' utilisation de matériaux novateurs tels que le Kevlar, toujours à mettre au compte de GPA. Les tests en laboratoire se généralisent, comme l' étude d' impact d' un objet lancé à grande vitesse sur la coque. Certains pilotes y ont vu une grande utilité. Jean-Pierre Jarier se souvient encore d' avoir pris un débris sur sa visière à bord de son prototype ouvert, sans que cela ne laisse de trace ! Les marques italiennes firent les beaux jours de la F1 des années 80 comme AGV, Boeri ou encore Nava. Dans les années 90, les marques japonaises comme Arai ou Shoei font aussi leur apparition.

Particulièrement agacé à cause de cet incident, il semblerait que Frank Williams balança ce fameux casque dans le port !

La F1 devenant une véritable vitrine technologique, le sur-mesure devient la norme et aucun détail n' est mis de côté. L' aérodynamique devient même un thème majeur de développement. De ce fait, les casques prennent parfois des formes originales comme certains prototypes issus des courses Indy aux USA. Autre exemple en 1995, en adaptant parfaitement le casque à la forme du crâne de Heinz-Harald Frentzen, Arai libéra 13 mm de hauteur pour la boîte à air de la Sauber-Ford de l' Allemand. Il en résulta ainsi un gain de puissance intéressant ! Pour sa part, Ayrton Senna put apprécier l' effet apporté par le petit spoiler positionné à l' avant sur son Bell. Évidemment, l' objectif principal d' un casque reste la sécurité. Depuis les années 2000, le HANS et plus récemment le Halo ont prolongé son rôle protecteur. Cette quête de progrès technologique arrive-t-elle à son terme ? C' est peu probable, car la recherche et l' innovation stimulent et passionnent les brillants cerveaux des constructeurs ! En attendant, le casque a eu un effet secondaire inattendu. Il a permis aux pilotes de s'exprimer, de s' identifier. Rapidement, le casque intégral est devenu la signature du pilote. Bien sûr, les premières personnalisations étaient totalement artisanales. Lors de ses débuts en F1, Sir Jackie Stewart utilisait un vrai ruban de soie collé sur la coque du casque pour son légendaire tartan ! Les premiers peintres durent inventer des procédés de réalisation afin de garantir la qualité et la tenue de la peinture, tout comme le vernis de fixation. Pourtant, certains pilotes avaient des préférences particulières, comme Jacky Ickx qui n' aimait pas enfiler un casque “trop” neuf.

Jacky Ickx n'aimait pas enfiler un casque “trop” neuf. Pour lui, il fallait qu'un casque porte les stigmates de la course

Pour lui, il fallait qu' un casque porte les stigmates et les imperfections dus à la course ! Ce nouvel art prenant son essor, les pilotes n' hésitèrent pas à devenir particulièrement exigeants quant à la réalisation de leurs casques. Prenons l' exemple de Michel Raimon qui réalisa trente designs différents pour Alain Prost. Après avoir choisi son graphisme, le pilote français garda ses couleurs tout au long de sa carrière. Superstition ? Là encore, chaque pilote a son approche. Et que dire de Michael Schumacher, qui ne voulait pas de vernis à l' arrière de son casque, car inutile visuellement ? Cette petite attention lui permettait de gagner quelques grammes. .. Mais le casque, c' est aussi pour les pilotes un moyen de faire passer un message. Jean Alesi put ainsi rendre hommage à Elio de Angelis qu' il adorait en reprenant sur son propre modèle les ailes d'ange bleu et rouge du pilote italien. De son côté, Damon Hill choisit de rendre hommage à son père dont le casque reprenait les couleurs de son club d' aviron. Les histoires familiales sont également un “traceur” intéressant en F1. Si les Hill, Andretti ou Schumacher ont porté des couleurs similaires, certains ont totalement tranché avec la tradition familiale, comme Jacques Villeneuve. Avec ses qualités exceptionnelles, Ayrton Senna a évidemment inspiré certains pilotes. Eddie Irvine copia tellement le design de la légende brésilienne qu' il dut revoir son design ! L' Irlandais revint à d' autres couleurs plus en rapport avec son identité irlandaise. Le casque, objet visuellement percutant, fut rapidement repéré par les sponsors comme étant un superbe vecteur de publicité. Ainsi les designs s' adaptèrent à cette nouvelle mode jusqu' à parfois prendre la couleur du commanditaire.

Les couleurs de Mario Andretti devinrent même définitives après coup. Certains pilotes y furent toutefois hermétiques, comme Jacques Laffite ou Jacques Villeneuve qui ont toujours refusé de céder aux chants des sirènes, perdant ainsi l'occasion de récupérer un complément de salaire substantiel. L' aspect financier devenant toutefois incontournable, chaque imprévu pouvait avoir de lourdes conséquences ! Lors du GP de Monaco en 1996, Arai frisa l'incident diplomatique : en raison d' un problème de buée (encore un !), David Coulthard dut emprunter un casque de secours de Michael Schumacher qui était un Bell ! Ce qui a fait grincer quelques dents chez Arai avec qui il était en contrat. De la fin des années 60 jusqu' aux années 2000, les casques de F1 vécurent une période très riche en développement. Les pilotes arboraient fièrement des couleurs très visibles, et appréciées par les fans. Alors quand un mordu de casque décide de convertir sa connaissance encyclopédique en la matière. .. cela donne Formula Helmet.

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