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Hero – Lorent Drawing : Bécanes graffiti

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Hero – Lorent Drawing : Bécanes graffiti
© Jo Cappitta
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Cela fait dix ans cette année que je peins des aquarelles, j'en ai produit quasiment 50 0 depuis 2013. Ça a commencé avec ma 999 perso, avec un dessin sur lequel je voulais trouver une façon visuelle d'exprimer le “cl a c-clac-clac” de l'embrayage à sec. » Le style “déstructuré” des aquarelles de Laurent Herrmann, alias Lorent Drawing, est devenu sa signature. Sa marque de fabrique. « J'essaie de transcrire la passion, l' émotion, la vitesse et les sensations de dingue qu'on a quand on roule en moto et c'est là que j'ai commencé à faire ce style un peu déstructuré. Quand j'ai posté le dessin de ma Ducati sur Facebook, des amis m'ont demandé de faire pareil pour eux. C'est comme ça que ça a commencé. » Son style, que Lorent qualifie volontiers de « destroy », correspond bien à la moto et à la vitesse, mais pas seulement. « C'est aussi l' émotion que je veux transmettre. J'ai peint des portraits de Johann, ou Fabio en cuir avec leurs casques. Ils ne sont pas du tout en mouvement mais c'est comme s'il y avait leur aura, leur concentration, ce qu'ils nous font ressentir au fond des tripes. » Les pilotes de MotoGP sont les sujets favoris de Lorent. Quartararo, évidemment, mais surtout Zarco, que l'Alsacien connaît bien, au point de pousser la chansonnette avec lui quand une guitare leur tombe entre les mains.

Et l'occasion s'est souvent présentée par le biais de Bihr, employeur de Laurent et longtemps sponsor de Johann. C'est ainsi que tous deux se sont retrouvés rue Dulong, à Paris, pour la première expo des œuvres de Lorent Drawing à la veille du Grand Prix de France 2022, avec une majorité d'aquarelles représentant Johann Zarco à différentes périodes de sa carrière. De ses débuts en Grands Prix 125 à ses podiums en MotoGP, Zarco a été peint sous tous les angles par Lorent, qui commercialise aujourd'hui ses peintures jusqu'en Californie. L'avantage “international” des réseaux sociaux. « Mes ventes se font via les réseaux sociaux Facebook, Instagram, et mon site Internet. La limite, c'est que ça reste circonscrit à la moto, et même aux routières et au circuit. J'aimerais bien m'ouvrir un peu, mais c'est ma communauté qui définit les frontières. Par exemple, même si j'ai des commandes moto, je n'en ai pas beaucoup en of f-road, je trouve cela dommage, mais c'est ainsi. C'est la personnalité des gens qui likent tes photos qui détermine celle de ceux qui te suivent, et donc ceux qui me font des commandes.

« Le style déstructuré, c'est ma manière de transcrire la passion, l'émotion, la vitesse et les sensations dingues qu'on ressent au guidon d'une moto. »

Pour moi, c'est donc plutôt Ducati et plutôt MotoGP. » S'il est ainsi catalogué, la moto n'est pourtant entrée que tardivement dans la vie de Laurent : « Je ne suis pas du tout issu d'une famille de motards, si l'on excepte mon père qui roulait en 125, et je n'ai passé le permis moto qu'à l'âge de 30 ans. Il se trouve qu'à ce moment-là, la boîte où je bossais venait de faire faillite et je suis tombé sur une annonce d'emploi de Bihr qui cherchait un graphiste, il y était écrit “ tu aimes la moto, tu maîtrises Photoshop et Illustrator, tu es le bienvenu” Une annonce vraiment faite pour moi. Je suis donc entré chez Bihr comme graphiste pour faire leurs fameux catalogues, qui étaient énormes. Un truc de dingue, une sorte de bible des pièces moto. Et puis, j'ai pris des responsabilités ensuite . » Une plongée dans l'univers de la moto qui lui « correspond totalement ». « Même quand je roule des heures sur piste ou sur route, je ne me sens jamais fatigué de rouler à moto. Je ressens un tel bien-être au guidon que j'ai l'impression que cela pourrait être sans fin. Je ne me dis jamais “vivement la pause”. »

Une passion découverte sur le tard qui lui permet aussi de faire la connaissance de Johann Zarco, égérie de Bihr avec lequel il partage plusieurs passions, et surtout une certaine ouverture d'esprit pas seulement limitée à la moto. Il suffit de voir les deux compères gratter côte à côte leur guitare pour mesurer leur complicité. Laurent tient à préciser que l'intérêt de Johann pour ses œuvres ne relève cependant que de son initiative propre : « Quand il voit une belle aquarelle, il la repartage, mais je ne lui demande pas de le faire. C'est lui qui décide d'aimer l'art, et comme c'est un garçon ouvert, il le fait régulièrement. Et puis c'est vrai qu'au-delà du travail, on s'entend bien, je lui envoie parfois des WhatsApp après ses courses. »

« Je ressens un tel bien-être au guidon d'une moto que j'ai l'impression que cela pourrait être sans fin. »

Comme celui de Johann Zarco, l'univers de Lorent est ouvert. Décapoté même, comme la 304 jaune avec laquelle il aime prendre l'air. « À la différence qu'avec une voiture, tu n'es pas obligé de mettre un casque ou des gants… Les sensations ne sont pas tout à fait les mêmes qu'à moto, mais il y a des points communs, comme la sensation de rouler le nez au vent.

Et j'aime bien les vieilles choses, les belles choses. » Lorsqu'il est tombé sur cette Peugeot sur Leboncoin, Laurent cherchait un deux-roues… « Je cherchais une moto pour faire du duo avec ma femme et j'avais un budget qui ne me permettait pas d'acheter une 911. Et je suis tombé sur cette petite merveille qui
correspondait exactement au projet. Une petite bagnole cabriolet idéale pour faire des balades à deux… » Aux deux roues de son projet initial, Laurent en a donc adjoint deux autres, pour ajouter une voiture à son garage idéal, son petit coin de paradis. Un endroit où il peut vivre à fond ses passions. Du skate à la musique, en passant par le sport, qu'il pratique assidûment. Adepte de triathlon, il essaie de “caler” ses 10 h de sport par semaine, avec les limites imposées par la météo alsacienne parfois capricieuse. « C'est sûr que ce serait plus facile en vivant à Nice parce qu'ici c'est compliqué de sortir le vélo avant avril. » Mais jamais il n'a été question pour Lorent de quitter sa région natale. « Je suis né en Alsace, je suis resté en Alsace. Je vis dans une petite ferme en plein milieu d'un petit village avec des Alsaciens qui parlent alsacien, et même si moi je ne pratique pas la langue, c'est mon univers et je m'y sens bien. Ça ne m'empêche pas de m'organiser des week-ends dans les grandes villes que j'aime pour leur dimension culturelle. » Notamment la musique, qui fait partie intégrante de la vie de Lorent.

« J'ai toujours joué de la guitare et chanté pour mes enfants, comme mon père l'a fait pour moi. » Pas seulement, puisque Lorent n'hésite pas à jouer dans les bars en compagnie du groupe paternel, baptisé Les Amis de Bernadette. « On faisait pas mal de concerts avant le Covid, maintenant ça s'est un peu calmé », confie Lorent, qui fait partie de ceux que la pandémie a “révélés” sur les réseaux sociaux, reprenant des classiques à la guitare en “live” pour égayer les longues périodes de confinement. Il assume son côté hyperactif : « J'ai toujours 15 000 projets en cours, mais c'est comme ça que je conçois ma vie, et c'est d'ailleurs ce qui me fait vibrer. Ça me plaît de pousser un peu plus les limites à chaque fois. » D'où ses envies de grands formats pour les aquarelles ou l'inscription à un Iron Man quand le triathlon ne suffit plus. Entré chez Bihr comme graphiste, Lorent a également franchi les étapes au sein du géant de la distribution implanté à Bartenheim, le village où il aimait pratiquer le skateboard à l'adolescence. Drôle de hasard, qui l'a vu passer de l'équilibre d'une planche à roulettes à celui de “head of communication” pour le compte de Bihr.

« Ma relation avec Johann Zarco, c'est celle de deux mecs ouverts qui aiment la musique et l'art en plus de la moto. »

Bientôt quinquagénaire et aujourd'hui responsable événementiel pour la France, Lorent fourmille de projets, dont celui de découvrir la Californie. Histoire de vérifier qu'elle ressemble point pour point à celle qu'il a reproduite dans son petit paradis alsacien.

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