Hero – Le Grand Banc : coquillages et Cap Ferret
Sur la presqu'île du Cap Ferret, au sein de ce paradis iodé, se trouve un trésor. Situé à la Pointe aux Chevaux, dans une impasse excentrée et paisible, à Petit Piquey : la cabane “Le Grand Banc”. À ses commandes, Paul, 24 ans, devenu ostréiculteur à quinze ans par une route qui était - quasi - déjà tracée : « Quand tu grandis ici et que tu n'es pas très scolaire, soit tu deviens pêcheur ou ostréiculteur, soit tu travailles dans le bâtiment ou dans la restauration. J'ai essayé l'ostréiculture et j'ai accroché directement. » Comme une huître à son support, ajoutons. Car pour rien au monde cet originaire d'Arès ne se verrait faire autre chose. Dans son sillon, il travaille chez Jean-Michel Douet, « un vieux de la vieille dans l'ostréiculture » honore-t-il, puis continue de faire ses lancettes à huîtres à l'incontournable cabane du Mimbeau sous la houlette de Denis Bellocq.
Au fil de l'eau, sa dévotion pour l'ostréiculture ne fait qu'amplifier. Et l'ambitieux enchaîne les brevets professionnels en vue d'obtenir “sa” propre concession ostréicole. En pleine conquête d'une entreprise à reprendre, Denis, son ancien patron et ami, le prévient qu'un de ses copains vend sa cabane. Paul saute sur l'occasion et rachète le lieu. C'est une consécration. Une acquisition qui demande aussi un investissement sans relâche. Mais Paul peut compter sur la solidarité de ses amis. En témoignent les photos, ils sont là. Et s'ils ne sont pas là, ils peuvent « rappliquer en deux secondes et demie » assure-t-il. « La plupart de mes amis sont ostréiculteurs ou fils d'ostréiculteurs. Si j'ai besoin d'un coup de main à l' écaille (ouverture des huîtres), un copain débarque. Si j'ai besoin de poser 20 0 tables ostréicoles pour la production des huîtres, mes copains vont me prêter main-forte pendant trois marées. On est une grande famille soudée. » L'hiver, Paul choie ses huîtres sur le parc du Grand Banc avec la bienveillance d'un père pour ses nouveau-nés.
« Entre dunes et forêts, on roule jusqu'à l'épuisement, jusqu'à ne plus avoir d'avant-bras ! »
Il calibre les huîtres, les crible, les dédouble. Une fois réunies par poches (sortes de grands casiers à mailles), les voilà prêtes pour grandir à leur aise. Le reste du temps, c'est sur son Husqvarna 350 FE qu'il le consacre. Après le boulot, Paul et sa bande savourent les chemins grisants de la presqu'île, entre dunes et forêt, au guidon de leurs enduros. « On y roule jusqu' à l' épuisement, jusqu' à ne plus avoir d'avant-bras ! » sourit-il. Faut dire qu'« en hors saison au Cap-Ferret, on peut s'embêter comme des rats morts, la bécane est une bonne échappatoire. » Ces aficionados écument les bornes avec ferveur tout en respectant le biotope de leur environnement qu'ils chérissent plus que tout, amoureux du coin où ils sont nés. Si vous vous baladez à la Pointe aux Chevaux, et que vous entendez le chant du Husky à l'unisson avec les mouettes, arrêtez-vous. Vous avez mis les bottes au bon endroit pour déguster des huîtres au bord de l'eau.
Mentionnés dans cet article
OU
