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Xavier et son Spiboot : le petit Suisse

Publié le Écrit par La Rédaction
Xavier et son Spiboot : le petit Suisse
© Marc de Tienda
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Sur les bords de l'Erdre, y a des marins qui rient, des dinghys qui filent, des élégantes sur les pontons. Sur les bords de l'Erdre, il fait bon vivre, cruiser en attendant le coucher du soleil, sur les douces courbes de la rivière. Entre La Chapelle-sur-Erdre et Sucé, nous avions rendez-vous avec Xavier et son canot suisse, histoire de découvrir les qualités de son bateau tout alu. En Suisse, ils ont des montagnes mais aussi des lacs immenses, et quelques chantiers tel que Spiboot, produisant à Zollifoken de 1949 à 1972 ces embarcations embouties et abouties.

Fan des 60s, Xavier n'a pas pu résister aux lignes de son Spiboot

Xavier est fan de ces années, pour tout ce qui fut produit avec style, pour lui tout est histoire et harmonie des lignes. Au départ, ce n'est pas un pratiquant de loisirs nautiques ou un collectionneur nautique. Xavier est fan depuis toujours de voitures de caractère, plutôt anglaises. Ce n'est pas le souci d'étanchéité qui l'aurait rapproché de ces autos, étant lui-même depuis toujours dans l'hydraulique industrielle.Notre commodore est tombé amoureux des Morgan depuis toujours. Pensez donc, il a un trois-roues à moteur Jap de 1933 entre autres. Lors de ses voyages en Angleterre en famille, qu'il pleuve ou pas, nos cousins d'Albion les ont pris lui et les siens pour de purs Anglais. Xavier, fan des sixties, n'a en fait pas pu résister aux lignes de son Spiboot, une coque de Taifun Junior, tout en léger métal. Ce dinghy suisse a une allure aussi sympa et un magnétisme positif tel que celui ressenti devant un vieux combi VW. L'art de vivre de Xavier se conjugue à l'infini avec les joies que procurent ces engins de sport loisirs des sixties. Habitant au bord de la Loire, il était évident qu'il ait son permis bateau au cas où cette joie de vivre se relie au fleuve, ou aux jolies rivières telles que l'Erdre. Comme tout bon passionné de mécaniques anciennes, notre pro de l'hydraulique a passé beaucoup de temps sur le net à éplucher les annonces reliées à ces Anglaises à trois ou quatre roues. En 2019, au hasard d'une vague Internet, une jolie coque tout de suite datée dans ses années fétiches attire son attention. Non seulement ses critères d'années et de style sont remplis, mais notre esthète y voit aussi tout de suite l'occasion de bons moments à partager en famille ou avec son pote Loïc, mécano pro en nautisme moderne. La coque du Spiboot était en état, seuls les sièges fatigués nécessitaient une remise en forme même si dans le cockpit, l'esprit pragmatique et dépouillé voire spartiate est loin de celui des influenceurs cherchant des visas dubaïotes. Les Suisses sont rigoureux, mais là, même si le nécessaire y est, pour un canot sport loisirs, l'aménagement est plus strict que celui d'un bateau de la Royale. Heureusement le coup de crayon du Taifun Junior donne un canot élancé malgré sa longueur. Avec son arrière façon T-bird et son moteur hors-bord, non pas au bout de la poupe mais encastré dans un puits-baignoire dans le tiers arrière, le Spiboot prend une silhouette de Runabout. Cette coque datée 1960 avait aussi besoin d'être propulsée, Xavier et ses connaissances du réseau ont déniché un Mercury 500 1963 présentant bien, et d'allure cohérente avec ce type de canot. Un passage chez William à Cognac pour la magnéto et retour à Nantes pour les mises à l'eau. Le système de puits était censé favoriser les interventions mécaniques et entretiens mais à l'usage Xavier et Loïc se penchent toujours sur les déductions de l'ingénieur.

D'autant que la hauteur du moteur doit être ajustée très précisément si l'on veut une hélice efficace dans le canal d'écoulement de la carène. Pour le reste, la simplicité de construction a aussi séduit Xavier. « Vu la coque à l'achat, je me suis dit que l'entretien serait plus simple qu'un canot en bois ou en plastique de l' époque. » Ce chantier du canton de Berne a travaillé à partir de ses presses d'emboutissage de métal dont Max Spiegl fut un pionnier dans la technologie de construction navale. Pour ses modèles Taifun, l'emboutissage se faisait avec des tôles de 4 mm pour le fond de coque et la quille. Les francs-bords et dossiers étaient eux plus light avec des tôles de 2,5 mm.Autant dire que la performance industrielle se posait là avec une certaine arrogance, ni rivets ni vis. Le choix de cet alliage léger résistant aussi à l'eau de mer semble validé compte tenu des soixante années traversées. Même les soudures réalisées à l'époque à l'arc de Smiths-Argon se font oublier. Le résultat global donne, à la pesée, une coque de 4,50 m (largeur 1,60 m) à 180 kg pour cinq ou six passagers. Le tirant d'eau avec le moteur plafonne à 15 cm.

Le Spiboot montre son côté joueur, sa légèreté en manœuvre

Le capitaine, un peu chaud sur un plan d'eau un peu lisse, se sentirait presque l'envie de sécher sa chevelure autour des 70 km/h. Le côté malin pour les performances était là. Une coque légère bien dessinée, un moteur léger, de quoi satisfaire le sportif énervé, le pratiquant de ski nautique ou le romantique. Sans oublier les anticipations de nos amis suisses toujours prévenants, le fabricant avait doté ses dinghys de cinq cloisons étanches. Même sur les lacs helvètes, des objets flottants présentent des risques à ne pas affronter.Pour l'heure, Xavier, notre passionné de Morgan, se classe en cette soirée dans les rangs des romantiques. À l'oreille satisfaite de Loïc, le Mercury retrouve sa jeunesse, peu contrarié par un léger clapot qui ride l'Erdre. Le Spiboot montre son côté joueur, sa légèreté en manœuvre. Son déplacement d'eau ne gênera pas les adeptes du verre au coucher du soleil sur les pontons de l'Erdre. Art de vivre et élégance, tout ce qui parle à Xavier qui nous présente les belles demeures cachées discrètement derrière les arbres des rives.Que demander de plus ? Pour être complet, quelques bulles champenoises et un Misty ou Cry me a River sirupeux en accord avec les courbes douces de l'Erdre.

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