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Alium : le day-boat des lyonnais

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Alium : le day-boat des lyonnais
© Marc de Delley & DR
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Les visiteurs du Cannes Yachting Festival en septembre dernier auront sûrement remarqué près du quai Saint-Pierre ce day-boat de 12 mètres de long et sa coque couleur “bleu électrique”.

Baptisé Alium, ce bateau en aluminium aux lignes carrées est une toute nouvelle production 100 % made in France imaginée par une équipe elle aussi tricolore. À la tête de ce projet un peu fou qui bouleverse les codes du motonautisme dans un univers concurrentiel, on retrouve notamment Alexandre Louvier. Un professionnel du bateau à moteur qui s'est entouré de deux associés principaux originaires, comme lui, de la Ville des Lumières. « Je baigne dans le nautisme depuis ma plus tendre enfance, raconte-t-il. J'habitais à Lyon et ma famille possédait un bateau à moteur sur le lac du Bourget qu'on utilisait régulièrement pour pratiquer différentes activités comme le ski nautique et autres. On a toujours adoré ça et avec mon frère, très jeunes, on s'est jurés de bosser en duo, de faire quelque chose ensemble dans le milieu du bateau dès qu'on aurait l'âge de le faire. Pari tenu, quelques années plus tard ! » Son frère se spécialise alors dans la partie technique et mécanique des unités à moteur. De son côté, Alex s'oriente vers le commercial dès l'âge de vingt ans et saisit une belle opportunité seulement deux années plus tard. « À 22 ans, mon employeur du moment m'a proposé de reprendre la boutique dans laquelle je travaillais en tant que vendeur sur le port de Santa Lucia à Saint-Raphaël dans le Var.

J'ai saisi cette chance de pouvoir racheter la boutique et on a commencé, mon frérot et moi, à distribuer la marque Regal, des bateaux sportifs américains fabriqués à Orlando en Floride. » L'affaire des frères Louvier tourne à plein régime jusqu'à la crise des “subprimes” qui oblige le duo lyonnais à stopper cette belle aventure en 2010. «

Parce que le marché ne permettait plus de continuer », regrette Alex.

Notre passionné de nautisme continue alors à commercialiser des bateaux à moteur et finit par rejoindre le bureau cannois de la mythique marque Riva. « Je m'occupais de la distribution des runabouts et motoryachts italiens sur la Côte d'Azur pour Lia Riva », avoue-t-il fièrement. Cela a bien fonctionné avant de recevoir la proposition d'Alain Dutoit, un ami et homme d'affaires passionné de yachting qui souhaitait investir dans un projet innovant, rapidement baptisé Alium.

Nos deux compères réfléchissent alors à différentes options et plans de pont puis finissent par intégrer à leur aventure entrepreneuriale un troisième associé : Christian Desbois. Lui aussi est originaire de la région lyonnaise et gravite autour du nautisme, notamment dans le transport fluvial des passagers. « Ce nouvel associé apportait une expertise technique au projet car il avait déjà fait construire plusieurs bateaux en aluminium chez Meta », détaille Alex Louvier. Le trio choisit en toute logique ce chantier basé à Tarare, entre Roanne et Lyon, spécialisé dans la fabrication de coques en aluminium réputées plus robustes.

Dans les années 60-70, Meta est reconnu dans le monde de la voile pour avoir construit des unités célèbres comme le non moins mythique “Joshua” de Bernard Moitessier ou d'autres esquifs, comme celui du chanteur yéyé Antoine, dédiés à des tours du monde !

Le projet Alium démarre en 2018 avec un cahier des charges bien précis et cible une clientèle méditerranéenne avide de soleil. « Nous voulions imaginer et construire un bateau à moteur 100 % français d'une quarantaine de pieds, pour des sorties à la journée et avec beaucoup d'espaces dédiés à la vie en extérieur » poursuit Alex.

« Nous voulions imaginer et construire un bateau à moteur 100 % français d'une quarantaine de pieds, pour des sorties à la journée »

Au fil du temps, de nombreux aller-retours et échanges ont lieu entre le “gang” des lyonnais et le chantier naval pour arriver à « quelque chose qui ressemble beaucoup à ce qu'on peut voir aujourd'hui sur l'eau », raconte Alex Louvier. À un détail près : l'aspect esthétique et le design final du bateau à moteur. « Meta a essentiellement fabriqué des voiliers pour réaliser des tours du monde ou des voyages. C'est vrai qu'ils étaient un peu plus attachés à la solidité et à la robustesse du bateau. On a donc voulu apporter une touche sexy en travaillant avec Valentin Weigand de Valentin Design. Cet architecte suisse a reçu le prix du meilleur jeune designer en 2020. Un gage de sérieux », explique-t-il. Un vrai challenge pour le designer helvète. « On lui a dit d'entrée : “La tâche est simple et hyper compliquée à la fois ! Nous avons un projet qui est validé en forme, en volume, en aménagements… mais on souhaite que tu changes tout sans rien toucher !” », ajoute-t-il le sourire aux lèvres.

« Avec l'Alium 42, le jeune designer a réussi à transformer le bateau sans rien changer à notre concept de day-boat d'origine, au but qu'on souhaitait atteindre. Il a réussi à faire évoluer les formes en arrondissant, en mettant un peu plus de douceur à bâbord ou à tribord.

Ce qui fait qu'aujourd'hui on arrive à un day-boat qui est à la fois technique, robuste et en même temps avec des lignes contemporaines qui plaisent beaucoup. » Et l'aluminium ? « On voulait garder un côté semi-custom, en proposant à nos futurs acheteurs une plateforme de douze mètres par quatre. Contrairement à un moule en polyester, avec l'aluminium on peut quasiment fabriquer du sur-mesure comme une plateforme de bain arrière plus grande par exemple », raconte l'équipe de l'Alium. Et puis dans cette nouvelle marque française on retrouve une approche « un peu écologique, avec de futures motorisations hybrides et l'aspect recyclable de l'aluminium », détaille le constructeur lyonnais.

Une fois qu'il est lancé en mer, on ressent d'entrée le caractère robuste et marin de la carène au V profond de l'Alium 42S. Mesurant 12,77 mètres de long pour 3,99 mètres de large, le bateau est propulsé par deux moteurs Volvo Penta D6 de 380 chevaux chacun pour une vitesse en pointe proche des 37 nœuds. Net et sans bavures.

À la commande, on peut aussi choisir une version IPS ou hors-bord. Mais ce qui différencie le plus l'Alium 42S est son look et son concept de day-boat à la française. À l'image de son poste de pilotage high-tech ou de ses pavois qui se déplient hydrauliquement sur l'intégralité de l'arrière du cockpit pour devenir une véritable plateforme de bain flottante. Le top au mouillage. On trouve également à bord plusieurs équipements (ice-maker, plancha, table de cockpit) et zones de confort comme le bain de soleil avant, malheureusement un peu difficile d'accès.

En contrebas de l'Alium 42S, on trouve quatre couchages, une salle d'eau, une petite cuisine et une décoration de belle facture à base de noyer. Un vrai travail d'artisan.

« L'Alium c'est un rêve de gosse. Quand j'étais revendeur de bateaux, j'ai toujours eu la critique facile. Puis le jour où l'on se retrouve devant la page blanche d'un bateau à dessiner, on se rend compte du niveau et des difficultés qu'il faut surmonter. Je pense que le bateau à moteur parfait n'existe pas, il doit s'adapter aux usages de chacun. Mais au dernier salon de Cannes, on a eu droit à un super accueil du public ! L'aspect 100 % français a beaucoup plu », reconnaît le cofondateur de ce bateau pour “happy few” facturé aux alentours de 830 000 euros hors taxes.

« Je pense que le bateau à moteur idéal n'existe pas, il doit s'adapter aux usages de chacun »

Après son lancement officiel sur la Côte d'Azur et les essais privés, l'Alium sera décliné en plusieurs versions ou longueurs (50,55 pieds) avant de conquérir d'autres pays européens et même les États-Unis où il suscite un vif intérêt.

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