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Hero – Benoît Krotki – Hammer & Co : si j’avais un marteau

Modifié le Écrit par La Rédaction
Hero – Benoît Krotki – Hammer & Co : si j’avais un marteau
© Götz Göppert
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Hand Made. C' est ce qui est tatoué sur ses doigts. Des doigts qui résument à eux seuls la vie de Ben : Je suis tout de mes mains. J' ai basé ma vie sur elles. » Benoît Krotki, 40 printemps, n' a pas d' outils dernier cri. La plupart du temps, ce sont des instruments que de vieux passionnés lui ont donnés ou qu' il a chinés : « Il n' y a pas besoin de gros matériel, je fais pratiquement tout avec très peu d' outillage. Quand tu travailles sur une voiture des années 30, c' est rarement des choses compliquées. A l' époque, ils n' avaient pas de dessinateurs ou de machines qui leur permettaient de faire des choses très complexes... » Après une formation de tourneur / fraiseur, Ben passe quatorze ans dans la moulerie plastique. Il bosse pendant dix ans dans la société qu' il crée avec son père à Atlanta. En rentrant en France, il se met à importer des véhicules US. Il y a des petites choses à faire et après un mois passé dans un container, les autos ne démarrent pas forcément : « Les clients me demandaient si je connaissais quelqu'un qui pouvait les dépanner.

Ben est un self made man amoureux des années 50 et des hot rods

Et puis on s' est mis à m ' appeler aussi pour des pièces détachées... Je me suis lancé. J' ai commencé à faire beaucoup de préparations, à monter des kits, à passer de freins à tambours à freins à disques, à monter des AirRIDE (suspensions à air)... » Ben est autodidacte. Il a horreur d' acheter si ce n' est pas utile : « C' est un hobby, quand tu arrives à fabriquer une pièce, tu es content de toi. Sur une Américaine tout est en ferraille, donc ça se répare facilement, ça se ressoude, ça se fabrique, ça se réusine. » Il commence à bosser pour une bande de copains qui achète une voiture ou une moto tous les deux mois. A chaque fois, il leur prépare. A chaque fois, il faut faire mieux que celle du copain : « J' ai très vite été obligé de prendre un garage pour travailler le soir, les week-ends et pendant mes vacances. » Ben reste alors dans l' ombre, beaucoup de ses clients veulent garder l' anonymat : « De toute façon, la com, ce n' est pas mon fort, je préfère passer du temps à créer une pièce que la prendre en photo. »

Le boss de Hammer travaille seul. Le hot rod noir que vous voyez sur les photos, c' est six mois de son temps, à travailler entre 14 et 22 heures par jour pour être prêt pour la “Normandy Beach Race”. Ben est basé au Havre et reçoit dans son atelier, sur rendez-vous uniquement : « J' ai fait l' expérience d' avoir un beau garage en ville. Les gens viennent faire les curieux, tu ne bosses pas. Et puis il y a trop de gêne pour la ville : le bruit, les odeurs, les horaires. Quand tu viens de finir de monter un moteur à 11h du soir, tu ne te dis pas que tu vas attendre le lendemain matin pour le démarrer. Je me suis donc mis dans un endroit retiré, à l' abri des regards. Tout passe par le bouche à oreille. » Ben fait de l' Américaine, de l' Anglaise.

Quand il est sur un projet, ben bosse jusqu'à vingt heures par jour

Ses modèles de prédilection ? Un hot rod de préférence, dans tous les cas une voiture des fif ties voire un peu de sixties même s' il n' y a pas grand-chose qui lui fait battre le cœur passé 1960. Il sous-traite la sellerie à une copine et la majeure partie de la mécanique « sauf si c' est un projet complexe, quand on veut implanter une mécanique qui n' est pas censée aller dans un châssis, je le fais.Je ne suis pas un garage, je ne supporte pas qu' une machine rentre chez moi et ressorte à l' identique ». Le préparateur aime le hot rod traditionnel et fuit le clinquant : « L' aluminium à outrance, les phares à leds, ce n' est pas mon style. Je fais ce qui a vraiment été fait dans des années 50, sur des Ford de 1928 à 1935. Cette année, j' entame un Ford 34, après j' enchaîne sur un Ford 33 et je prépare aussi une Matchless (une moto...) pour la Beach Race de l' année prochaine. » Le hot rod noir n' est pas rouillé, c' est un ami créateur de décors qui lui a élaboré une patine donnant l' illusion du rouillé sur une tôle entièrement neuve. Il s' agit d' un Ford A de 1930, un “4 Banger” (qui a conservé son 4 cylindres d' origine) : « Il est d' origine hormis le châssis que j' ai rabaissé, mais j' ai dû tout reprendre de zéro. C' est mon client qui l' a trouvé, il avait été recarrossé après-guerre. Ça n ' était pas bien fait et rien ne venait de chez Ford, ni les portières, ni les ailes ni la malle arrière. Le challenge était de lui redonner un look de Ford sans aller acheter des portières... » La mécanique est restée intacte pour le moment mais le hot rod revient passer un mois dans l' atelier de Ben pour lui rajouter un peu de chevaux, de quoi offrir plus de fun au volant à son propriétaire.

Propriétaire qui a fait lui-même ce volant qui ne passe pas inaperçu : « C' est le volant d' origine, la bakélite était complètement craquée, usée par le temps. C' est parti d' une petite cordelette qu' il a entourée rapidement. On a noyé ça dans la résine pour que ce soit durable. Je bosse dans un corps de ferme, c' est de la corde pour faire des bottes de paille... » Des histoires de bagnoles, Ben en a plein. Cette Chevrolet verte par exemple. C' est un modèle 3100 de 1948 sous lequel il a mis un châssis de Chevrolet S10 de 1990. Perfs, tenue de route... c' est donc un véhicule moderne avec une carrosserie à donner un ulcère à Hidalgo. Ben a aussi un nouveau joujou, un Land Rover : « Dès que je l' ai eu, je l' ai rehaussé de 8 cm.C' est un diesel, j' ai fait mes premiers 300 km ce week-end, ce n' est pas formidable... Je vais lui transplanter un V8 américain et rouler au bioéthanol pour qu' il reste un peu vert. Je vais essayer d' approfondir son côté 4x4 sport/chic avec un intérieur avec du tartan (mélange cuir / tissu) et un extérieur baroudeur mais raisonnable. » Il reste un rêve à Ben... Il va le réaliser en janvier prochain : « C' est un Ford 34 Tudor, le hot rod de mes rêves ! Un ami de longue date est venu me voir et m ' a dit qu' il voulait que je refasse sa voiture... »

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