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William Faure - Jeanneau St-Trop : Souvenirs de famille

Modifié le Écrit par La Rédaction
William Faure - Jeanneau St-Trop : Souvenirs de famille
© Marc de Tienda
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Tout part de souvenirs d'enfance, de vacances d'été à Saint-Georges-de-Didonne (Charente-Maritime), de ces mois de totale liberté dans la baie. Le grand-père de William Faure, Claude, se prend d'acheter un bateau pour que toute la famille profite des loisirs nautiques, ce qui en 1969, année si remarquable pour certains artistes, représentait une certaine idée des vacances modernes et sportives.

La passion de restaurer des canots anciens est devenue un métier, un art de vivre partagé avec ses clients

William avait alors huit mois, et depuis le bateau de la fratrie ne l'a jamais quitté ou plutôt l'inverse. Le Jeanneau St-Trop de 61 est le symbole de tous ses étés, l'élément phare des réunions familiales, l'acteur invité sur bien des photos fétiches avec son père et son grand-père. Jean, le père, était fin mécano, collectionneur mais auto. Réglages des moteurs à l'oreille, un savoir-faire mécanique impressionnant, une culture indiscutable autour de la voiture. Quelques transmissions de ces qualités à son fils l'aident toujours aujourd'hui surtout dans son domaine de restauration de bateaux anciens. L'intérêt paternel modéré pour les engins flottants n'a pas détourné William de sa passion et tout naturellement quand il s'est agi de penser au sort de “Miss Gloria”, le dinghy Jeanneau de 4,90 mètres, le fils a fait un pas en avant dans les rangs pour perpétuer l'esprit insufflé par le grand-père.

Toute navigation avec le St-Trop devient un moment privilégié, à bord du symbole estival et familial de plus de cinquante ans

Trônant dans le chantier, le St-Trop attend sagement la prochaine sortie, dans un état concours traduisant l'attachement de son propriétaire. « Toute navigation reste un moment privilégié », raconte William entouré de quelques invités. Cela le devient aussi pour sa fille Manon qui débute la pratique du ski nautique avec un bateau imaginé pour cela. Henri Jeanneau, le fondateur du chantier vendéen, adepte des sensations fortes en tout genre, pratiquait la discipline comme la course motonautique avec une motivation affirmée. Ses premiers bateaux à moteur sont proches de ses goûts sportifs, des moyens de réaliser ses passions et heureusement pour nous, ses premiers tests lui donnèrent assez de joie pour quitter la quincaillerie familiale des Herbiers et fonder sa propre marque en 1957.

Chaleureusement accueilli dans les meetings “bateaux bois”, le St-Trop a souvent interpellé par le niveau de sa restauration

A priori le bois lui semblait plus intéressant que le plastique alors que le polyester s'installait dans la fabrication des années 60. Pour tester ces nouveaux matériaux, histoire de se rendre compte, il réalisa un canot avec une peau aussi épaisse qu'une coque en bois avant de la martyriser et la racler sur tout ce qui pouvait altérer l'enveloppe. La suite aboutit à une entreprise mondialement reconnue.

Sans doute que ces épaisseurs et le squelette utilisés à l'époque font que le St-Trop de William a traversé ces quelques années sans trop d'encombres. En le récupérant en 1996, il prit deux ans pour le refaire plus neuf qu'à sa sortie d'usine. Toléré et même bien accueilli lors de certains événements nautiques Wood only, le St-Trop a souvent interpellé les participants, rutilant et marchant très fort avec son Mercury 50 chevaux de 1961, remplaçant depuis deux ans le Johnson fatigué.

« En suivant, un Evinrude 40 chevaux Big Twin de 1960 est mis en place avec une puissance largement suffisante pour le ski nautique. À l' époque la recommandation était précisée entre 40 et 80 chevaux, et pas au-delà », détaille William Faure. Ce moteur a été cédé par Gérard Mermet, un grand collectionneur, sans doute séduit par l'enthousiasme et assuré de la seconde vie du Big Twin avec Miss Gloria. Bois ou “plastique”, les clients de William deviennent des relations proches, voire des amis emballés par sa passion.

Restaurer des bateaux est pour lui un plaisir, une passion et il le fait dans les cahiers des charges de l'époque avec les produits de même famille, avec la même méticulosité que son père mettait dans les réglages de ses moteurs. Plus de 20 % de son activité est consacrée à la recherche de pièces, d'accastillages, de logos, de porte-clés ou de skis nautiques originaux si cela rentre dans le programme du bateau.

La taille du chantier, aussi propre qu'un atelier horloger, interroge quant à sa surface modeste. En fait, William traite un bateau à la fois mais à fond et non-stop pour que ses clients puissent le redécouvrir quatre à cinq mois après. Ce sera le process pour le Dowty Turbocraft (1960) fraîchement débarqué chez lui. Ce bateau venu du lac Léman partira tout neuf dans le Tarn avec son moteur Ford Zephyr 6 cylindres revigoré. Un Jeanneau Prélude 66 attend les essais sur l'eau, son moteur venant d'être totalement révisé avec ses vitesses à passage électrique. Pas de sectarisme en matière de constructeur, un de ses bateaux préférés fut un Chris-Craft Deluxe 46 dont le moteur Hercules d'origine de 131 chevaux lui manque.

Henri Jeanneau a su trouver des hors-bord pour tous les budgets tout en les pensant pour lui

Intarissable sur la qualité et l'intelligence de montage de ces runabouts américains, William a aussi travaillé sur un Seleyr 460 croisière de 1963, un Riva Ariston, un Boesch St-Tropez de 1984, un Rhône marine motorisé par un Royal Scott de 44 chevaux ou un Johnson de Luxe de 63 avec son V6 d'origine de 150 chevaux. Pour le moment, notre hôte tient plus à démontrer les qualités du St-Trop. Cap sur Saint-Brice où la Charente accueille souvent la vieille dame. Une mise à l'eau des plus simples qui permet de découvrir une carène particulière, frégatée des flancs, avec un avant qui replonge curieusement. Une fois Evinrude énervé au premier coup de démarreur (les moteurs dans la famille. ..), Miss Gloria s'envole sans qu'une goutte d'eau ne rentre dans la cabine. Et pourtant quand William vire sur les flancs, la crainte de remplir le bateau est bien présente.

Le Jeanneau semble avoir été créé pour évoluer sur de toutes petites surfaces avec une aisance et une sécurité désarmantes. Cette coque frégatée y est sans doute pour beaucoup, jamais mise à mal par le hors-bord Evinrude. Les angles pris pour changer de cap voire de sens sont surprenants sans pour autant déstabiliser Manon, la fille du capitaine. Ces virages pliés sur la tranche comme en moto ne sont pas un manque de respect pour Miss Gloria. William reste dans l'esprit de la création du bateau qui se voulait sportif, ludique et sans souci. Le respect du travail de l'époque et la volonté de raviver une certaine joie de vivre des sixties. Une certitude, Manon semble partie pour accompagner Miss Gloria pendant un. .. certain temps !

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