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Le French Atelier : Top Chef

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Le French Atelier : Top Chef
© Bertrand Brémont
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Àla base, je suis cuisinier, explique Thomas Letourneur. J'ai fait des études de restauration mais j'ai toujours aimé bricoler. Voilà une entrée en matière qui ne manque pas de sel. Thomas me rassure en me confiant que, dès son plus jeune âge, il démontait ses jouets, adorait les skates, les rollers et les BMX. « Quand j'ai eu ma première moto, j'ai commencé à la bricoler parce que je ne voulais pas la moto de “monsieur tout le monde” », se souvient-il. Il officie dans le sous-sol de la maison de ses parents et réalise sa moto, en construit une pour un copain et une troisième pour le copain d'un copain… C'est comme cela que sa vocation est née. Heureusement, Thomas a continué ses études et est devenu chef chez des particuliers. « Ça marche par le bouche-à-oreille, confie le jeune cuisinier. Je réalise des repas pour des tablées de 4 à 16 personnes. » Quand il sait qu'il va œuvrer un long moment dans une cuisine, il propose également une “leçon” en direct, histoire de joindre l'utile à l'agréable. « Ma cuisine est très axée sur la viande, commente Thomas. C'est une cuisine française classique, revisitée et allégée. J'aime les choses simples. » Au fil des années, ce métier de bouche a permis à Thomas d'ouvrir son atelier de préparation et de jouer deux partitions qui lui tiennent à cœur. « Ce sont deux univers différents mais, dans les deux cas, je reçois un produit brut que je vais transformer pour offrir du plaisir » explique Thomas.

Que cela soit à table ou sur la route, le jeune homme semble avoir bon goût, le sens du détail et une certaine inspiration. « Tout dépend de la base sur laquelle je vais travailler. Si on m'amène un bobber, je ne vais pas essayer d'en faire un café racer. » La plupart du temps, les clients arrivent en expliquant à Thomas leurs envies et ils en discutent ensemble pour imaginer ce qui est réalisable ou non. Depuis dix ans (déjà !) que Le French Atelier existe, Thomas a travaillé sur de nombreuses machines dont une création pour Yamaha Motor France en 2018. « Le French Atelier avait été retenu pour travailler sur une XSR700 dans le cadre du concours Yard Built, se souvient-il . Le thème était “Back to the future” et le résultat était une moto sombre dont il était impossible de reconnaître la base. » Baptisée “Bull Noir”, cette machine dégageait une puissance fantomatique et avait marqué les esprits. Ce café racer minimaliste et intemporel permettait à Thomas de jouer dans la cour des grands.

À son rythme, Le French Atelier produit des machines belles comme un retour à l'essentiel

Avec une trentaine de machines à son actif, Le French Atelier se caractérise par des créations épurées, des détails soignés et, de façon impérative, un guidon et un réservoir minutieusement sélectionnés. Thomas puise aussi son inspiration dans la grande bibliothèque qui habille un mur entier de sa maison. Dans ces cases sont entassés bouquins de cuisine, vieux livres sur l'auto et la moto, casques de cross d'une autre époque, boîtes de Vans vintage, œuvres de sa compagne et tout un tas d'objets dignes d'un cabinet de curiosités du XIXe siècle. « J'adore les vieux casques de motocross qui avaient des looks d' enfer, confie Thomas.

Et je cherche des idées en feuilletant de vieux bouquins et des magazines. » Thomas Letourneur travaille seul dans un atelier de 20 m2 en gérant deux projets à la fois. « Je n'ai pas besoin de plus de surface, explique le mécano. J'ai tendance à accumuler beaucoup de choses et je n'ai pas envie de me retrouver avec un amoncellement de pièces. Je préfère garder la maîtrise de l'espace avec un atelier bien rangé, en sachant où sont rangées les choses. »

Pour rendre ses créations uniques, Thomas fabrique beaucoup de choses lui-même. « C'est une satisfaction personnelle que de travailler sur des machines et louper cinq fois une pièce avant de sortir “L A ” bonne », commente le jeune homme. Si le tour à métaux est son « meilleur ami », Thomas possède une belle collection de machines : un poste à souder TIG, une plieuse, une enrouleuse, une moulureuse, etc.

« Le tour et la fraiseuse sont des machines suisses datant de 1964, commente Thomas . C'est une voisine qui m'a confié les machines de son mari décédé. Tourneur-fraiseur chez Renault sur l'île Seguin, il avait reçu ces machines à son départ en retraite. » Thomas en fait bon usage et ne rechigne pas à explorer l'Internet à la recherche de “tutos” de spécialistes mais il ne veut pas oublier Jean-Luc Vinet.

Quand il pose ses outils, Thomas est capable de vous préparer un repas aussi alléchant que cette moto grise

« C'est un ami, qui passe me filer des coups de main de temps en temps et m'a appris les gestes de base » avoue-t-il. Pour les opérations spécialisées comme le réalésage, le retaillage d'arbre à cames, le polissage et la peinture des cadres ou des éléments de carrosserie, Le French Atelier s'est constitué un réseau de sous-traitants avec lequel il travaille en toute confiance. « Je sais comment ils bossent et ils savent ce que j'attends d' eux » explique-t-il.

Thomas Letourneur sort souvent de son atelier situé dans le hameau de Chatonville (si si, ça existe bien) pour exposer ses créations lors d'événements incontournables. « En général, je n'y vais pas dans l'intention de vendre mais c'est une façon de rencontrer les gens et de me faire connaître, explique Thomas. Être présent avec un beau stand, c' est également une manière de remercier les organisateurs qui nous invitent. » Aujourd'hui, Le French Atelier a un carnet de commandes rempli pour les quatre ou cinq prochains mois et quand on lui demande comment il voit l'avenir de sa petite entreprise, Thomas répond qu'il se pose des questions en cette période perturbée. « C'est déjà bien d'avoir beaucoup de travail à un moment où il n'est pas vital d'avoir une moto préparée, explique le garçon aux multiples talents. Je me dis que tant qu'il y aura de l'essence, il y aura toujours des motos et des gens passionnés. » Et puis, si tout s'arrête, Thomas pourra se consacrer entièrement à l'art de la cuisine.

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