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Hound motorcycle : un m'Hound* à part

Perdu dans les vallons des Deux-Sèvres, Hound Motorcycle est un lieu, avant d'être un atelier moto. Un petit univers sur lequel règne un homme de valeur et de sincérité. Visite chez Gaétan Caquineau, un personnage aussi authentique que les motos qu'il propose, répare et commercialise en grande honnêteté. Par Philippe Canville.

Modifié le Écrit par La Rédaction
Hound motorcycle : un m'Hound* à part
Photos Fabrice Berry
Résumé

Dans un lieu paisible des Deux-Sèvres, un passionné restaure et vend des motos anglaises originales, alliant savoir-faire, authenticité et respect des valeurs d’autrefois.

Sommaire
Couverture complète sur mise-en-avant

Quand vous aurez enfin déniché le lieu-dit de Pire Vire (drôle de nom pour un motard convaincu), dans la “banlieue” de Saint-Pardoux, département des Deux-Sèvres - vous ne savez pas où situer cette contrée ? Demandez Bouzeland du côté de Parthenay ou de Niort, on vous indiquera... -, vous serez à la porte d'un autre monde. Celui où les motos d'élevage n'existent pas encore. Celui où l'authentique et le sincère ne sont pas de vains mots et où le maître de maison, Gaétan Caquineau, cultive des valeurs quasiment disparues. Hound Motorcycle est un lieu calme et serein, sis au sein d'une immense et ancienne usine de menuiserie.

Précédemment, Gaétan était installé au bord de la route nationale qui va de nulle part vers ailleurs, mais « l'atelier était trop visible. Du coup beaucoup de personnes s'arrêtaient juste pour tailler une bavette et souvent me mettre en retard dans mon travail. Alors quand j'ai trouvé cet endroit, j'ai craqué ! » Nous aussi. C'est superbement installé et décoré, avec la partie exposition de vieilles motos, parfois très rares comme cette Triumph née de l'esprit inventif de Bernard Feuiltaine. Un génie en son genre et grand champion d'avant-guerre.

Hound motorcycle : un m'Hound* à part
Photos Fabrice Berry

Ou encore ces originales et subtiles Nimbus venues du Danemark dont Gaétan est un vrai spécialiste : « Ce sont des machines très bien conçues et très attachantes. Le quatre en ligne, la transmission par arbre, la partie-cycle en tubes et tôles embouties, tu testeras ça tout à l'heure et tu me diras ce que tu en penses... » (ce qui fut fait en fin de journée sur les petites routes environnantes et me laissa un souvenir marquant). Car ici, une moto avant de l'acquérir, on l'essaie, on la teste, Gaétan vous explique qui elle est, ce que vous pouvez en attendre et en tirer.

Pas de chichis ni de faux-semblants. Pas de sur-restaurations non plus. J'en ai pour preuve ces Greeves, Sunbeam, Norton P11 ou Commando dans leur jus d'origine, cette AJS enjolivée des stigmates d'une vie riche et glorieuse, ou encore cette Ariel Square Four en forme... olympique. Dans cette salle éclairée à giorno on découvre Panther, AJS, Matchless, BSA, Royal Enfield anglaises (from Redditch)... Si vous y croisez un scooter ce sera un Heinkel improbable mais certainement pas un machin en plastoc. Gaétan est un écologiste à sa manière.

Une vision de la mécanique

Élevé à la campagne, là où « on se connaît tous. On se parle, on ne se croise pas. Gamins, on jouait au foot dans un champ, on bricolait nos mobs. Plus tard on allait au bal... Ici il y a une culture de l'entraide, du respect des autres. Comme on dit, on ne vole pas les poireaux du voisin (sourire). » Et puis on travaille, j'en fut témoin. Gaétan, secondé par Olivier, mécanicien diéseliste, n'arrête pas un instant. Partageant son temps entre les interventions à l'atelier, l'accueil des clients (souvent sur rendez-vous), les commandes de pièces.

Sans oublier toutefois qu'à l'heure du déjeuner on tire le rideau et on se réconforte avec les produits locaux. Il fait bon vivre et il y a toujours un moment où on part faire un coup de moto. Gaétan qui oscille entre négociant en bécanes et en virages (il a un fameux coup de gaz l'animal) est hyperactif sans les côtés chiants de certaines personnes affligées de cette particularité. Quand on parle boulot, il explique : « En fait mon métier est simple et compliqué à la fois. Je ne suis pas un atelier de restauration d'anciennes comme cela se trouve fréquemment. Je cherche des motos, principalement anglaises, les achète et révise soigneusement et les propose à la vente.

Hound motorcycle : un m'Hound* à part
Photos Fabrice Berry

Je travaille avec un négociant de Hollande, bien plus fiable que les Britiches avec lesquels j'ai pu bosser par le passé, et il me fournit des motos. Parfois, pour des machines que je connais, je les prends en dépôt-vente. Une chose est primordiale dans ce schéma, c'est la sécurité du client. Quand il part, je veux être sûr que tout fonctionne impeccablement. En revanche, ne me demandez pas de vous livrer une bécane brillant de ses mille feux d'origine. D'ailleurs à l' époque sur ces machines, du chrome il n'y en avait pas, ou presque.

En même temps, il ne faut pas croire qu'ici c'est le monde des Bisounours et des vieux mecs scotchés sur le calibre d'une vis. On bosse, on est sérieux et si parfois quelques critiques ont pu être formulées sur ma façon d'être, elles ne l'ont jamais été par mes clients. Ce qui est bien l'essentiel. » Il nous guide vers l'atelier où s'épanouit un presque désordre alors que tout est à sa place. Demandez-lui un joint de primaire de Triumph T 120 ou toute autre pièce, il saura précisément où c'est rangé. Ici règne une ambiance quasi religieuse faite de méditation, celle où se mélangent le doute, le savoir et la compétence.

Un personnage à part

C'est aussi pour cette raison que Gaétan accueille dans une partie des bâtiments l'atelier de Plastic, alias Francis Garnier, mécanicien d'Olivier Jacque en Grands Prix (entre autres missions de haute volée style Dakar).

On comprend qu'ici selon lui, « mettre les mains dedans est pour moi un instant privilégié. Une parenthèse dans la gestion de cette entreprise. Ce que j'aime c'est venir tôt le matin. Seul, dans le silence et le calme je bosse et je ne pense qu'à cette machine qui est là et va repartir aux mains d'un nouveau propriétaire. Depuis 2004-2005, date à laquelle je me suis établi comme professionnel de la moto, j'ai vendu environ 1 500 motos, de provenances diverses mais toujours des machines originales, un rien décalées, rares ou inconnues. Je n'aime pas trop les Vélocette Thruxton ou les Vincent, même s'il m'arrive d'en soigner quelques-unes. De fort belles machines mais qui pour moi sont définitivement trop snobs et surcotées. Il y a tellement de jolies petites Anglaises (rires). Ce que j'aime ce sont les choses simples, les moteurs pas trop comprimés - qui sinon deviennent fragiles très vite. »

Ne mâchant pas ses mots, cet ancien instructeur de karaté, animateur du fameux blog Motorhino dans les 90s, nourri au rock des Stranglers et de Brian Setzer, est un garçon unique en son genre. Abonné au “On ne peut pas plaire à tout le monde” il poursuit son ascension « à pied, pas en téléphérique » selon ses propres mots. Une visite s'impose. Téléphonez avant. Merci...

* Hector : le basset hound de Gaétan et Christine - sa douce -qui n'orne plus que son enseigne désormais. Un personnage, au même titre que son maître...

Chez Hound, les valeurs de cœur prévalent sur d'autres. "Même si c'est tout de même pas les bisounours"

le Major
Hound motorcycle : un m'Hound* à part
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