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Julie Wood : retour en piste

Quarante-cinq ans après le dernier album Julie Wood de Jean Graton, qui signait alors textes et dessins, la jolie Californienne revient sur le devant de la scène. L’héroïne de 18 ans n’a pas pris une ride et nous entraîne dans de nouvelles aventures. Par Claude de La Chapelle.

Publié le Écrit par La Rédaction
Julie Wood : retour en piste
Illustrations Claudio Stassi
Résumé

Julie Wood revenue en 2025 avec une nouvelle saison qui modernise son univers de la course moto, mêlant passion, défis et une héroïne forte et indépendante.

Sommaire
Couverture complète sur mise-en-avant

Avant Julie Wood, il y eut Michel Vaillant, dès 1959, avec un premier album, Le grand Défi, dont le héros est synonyme de courage, à l'image de son dessinateur Jean Graton, à qui la vie ne fit pas de cadeau. Il perd sa mère à onze ans, et cinq ans plus tard, son père est fait prisonnier en Allemagne. Il n'a d'autres choix que de se prendre en charge, ouvrier sur les chantiers navals en tant qu'ajusteur. Les conditions de travail sont difficiles, la hiérarchie est pesante, le jeune homme se fait la promesse, à l'avenir, de tracer sa propre route, sans devoir rendre de comptes. Il a une passion : le dessin et en 1947, il part à Bruxelles, la ville où il découvre toutes les facettes de la bande dessinée élevée au rang d'art, la fameuse école franco-belge.

Il en acquiert les techniques qu'il remettra infatigablement sur le métier jusqu'à atteindre l'excellence. En 1953, dans Le Journal de Tintin, il signe sa première fiction ayant pour cadre le Grand Prix de Formule 1 à Spa. Encouragé par les réactions positives des lecteurs, Jean Graton multiplie les histoires courtes avant de connaître un succès qui ne se dément pas avec Michel Vaillant, un champion presque ordinaire ayant de hautes valeurs morales. Les albums s'enchaînent. Il y en aura 70, traduits en une douzaine de langues, vendus à plus de vingt millions d'exemplaires.

J'écris parfois jusqu'à 18 heures par jour, j'essaie de me mettre en danger à chaque scénario.

Philippe Pelaez
Julie Wood : retour en piste
Illustrations Claudio Stassi

Une héroïne née à toute vitesse

En 1976, Jean Graton, passionné de moto, disant même qu'il avait été « élevé à l'huile de ricin », donne naissance à Julie Wood, une jolie blonde inspirée par Dominique Biarent, une amie de son fils Jean-Claude qui la rencontre alors qu'elle a 17 ans, sur le campus de l'université de médecine. Elle est alors invitée à visiter l'atelier de Jean Graton qui lui propose de servir de modèle à Julie. Le docteur Dominique Biarent (qui a perdu son père à l'âge de quatre ans) est une vraie héroïne dans la vie, devenue réanimateur urgentiste et chef de service de chirurgie pédiatrique à Bruxelles.

Le studio Jean Graton tourne alors à plein régime, livrant trois albums de Michel Vaillant et deux  Julie Wood en 1979, grâce à une équipe de quatre personnes. Au-delà de son travail documentaire millimétrique effectué avec des repérages sur le terrain et en immersion dans le monde de la course, Jean Graton, qui est décédé en 2021 peu avant de fêter ses 100 ans, a apporté une grammaire du bruitage permettant d'animer les mécaniques. À travers les vraoum, vroop, rooaroo… on sait quand l'auto ou la moto accélère, double, freine… Il a offert une bande-son à un art muet, les lignes de vitesse en prime. Entre avril 1976 et juillet 1980, huit albums de Julie Wood ont été publiés avant qu'elle ne rejoigne épisodiquement l'univers de Michel Vaillant dès 1982 avec l'album Paris-Dakar.

Le grand retour d'une icône

Le retour de Julie Wood, 45 ans après, est un événement. « L'idée est de partir de là où s'est terminé le dernier album de Julie Wood (le tome 8 de la saison 1 sorti en 1980). En transposant Julie Wood dans l' époque actuelle, mais avec le même âge et la même famille : son grand frère Indy, son petit frère Phil, son oncle Chris… une jeune Californienne rêvant de devenir championne de moto sur piste. Le démarrage s'est fait dans le cadre de courses de flat track aux États-Unis, puis Julie Wood se rapprochera petit à petit de la piste et de l'Europe au fil des albums » annonce Jean-Louis Dauger, le maître d'œuvre de ce comeback.

Associé à Philippe Graton en 2014, suite à la vente par ce dernier de Graton Éditeur fin 2019 à Dupuis, il est devenu directeur de la marque et du développement de Michel Vaillant et de Julie Wood. Jean-Louis avoue que le lancement de la saison 2 n'est pas le fruit d'une quelconque étude marketing, mais de la conviction que de nombreux fans attendaient cette relance avec impatience. « Et il n'y a plus vraiment de BD sur la moto. Jean Graton a intégré Julie Wood dans certains albums de Michel Vaillant, mais notre ambition est de faire vivre une vraie héroïne indépendamment de Michel Vaillant.

Encore fallait-il trouver le bon combo scénariste et dessinateur. C'est grâce à Denis Lapière, éditeur de Michel Vaillant, que l'équipe s'est constituée avec Philippe Pelaez au scénario et Claudio Stassi au dessin. À noter en plus, le rôle clé et la plus-value de Marc Bourgne pour transformer le scénario de Philippe en storyboard. Tout s'est finalisé en 2023 et le premier album de Julie Wood saison 2 est sortie en janvier 2025, édité à 15 000 exemplaires.

Julie Wood : influenceuse moto

Le contrat prévoit un premier ensemble de trois albums, sur 2025, 2026 et 2027 avec des arches narratives précises. Afin de bien installer la série qui durera, espérons-le si elle rencontre le succès, ce dont nous ne doutons pas ! » C'est donc Philippe Pelaez, professeur agrégé d'anglais et scénariste ayant une trentaine d'albums à son actif (il prépare une BD de 500 pages pour l'année prochaine pour laquelle il a travaillé trois ans et lu plus de 300 livres) qui est à la manœuvre pour relancer Julie en course, en s'inspirant de sa fille Léna, une jeune femme de caractère, et en relisant les huit albums écrits par les Graton au début des années 80.

Déterminée, ayant la liberté pour credo et une passion, la moto, Julie évolue dans un univers essentiellement masculin. « Contrairement aux années 80 où se dégageait un parfum d'insouciance des années 70, le monde dans lequel gravite Julie est beaucoup plus dangereux. Julie s'efforce de dénicher des sponsors, en utilisant les réseaux sociaux, pour être dans l'air du temps, afin d'atteindre son objectif : devenir une pilote professionnelle. Courageuse, Julie ne craint pas de se frotter à ses adversaires sans jamais se ménager.

Julie Wood : retour en piste
Illustrations Claudio Stassi

Son caractère très affirmé a aussi pour origine un traumatisme, une grande douleur qu'elle porte en elle depuis quelques années : la disparition de ses parents dans un accident de voiture, s'il s'agit bien d'un accident... » confie Philippe Pelaez qui a bénéficié de la part de Denis Lapière d'une grande latitude sur ce projet sans se voir imposer de contraintes, comme il en a l'habitude. Il a rédigé le scénario d'une traite.

« Je dors peu, j'écris beaucoup, parfois jusqu'à 18 heures par jour, et cela m'arrive de terminer un scénario en quelques jours, quand je suis complètement immergé par l'histoire. J'écris d'ailleurs deux ou trois scénarios en même temps, passant de l'un à l'autre sur un mode plutôt frénétique. J'aime faire cela, passer d'un univers à l'autre comme s'il fallait que j'équilibre mes humeurs. J'essaie de me mettre en danger à chaque scénario, de sortir de ma zone de confort. »

Une fois le script validé, Philippe a longuement échangé avec Claudio Stassi pour déterminer le type de moto que pourraient posséder les personnages et notamment Julie qui pilote deux machines différentes en flat track. Le storyboard bien calé par Marc Bourgne, Claudio Stassi s'est mis à l'ouvrage, crayonnant les pages par lots de cinq ou six avant de les encrer puis Florent Daniel, le coloriste, a finalisé les planches. Un travail d'une équipe passionnée et enthousiaste pour un retour gagnant.

Depuis 2016, Philippe, le fils de Jean Graton, souhaite relancer  Julie Wood. C’est aujourd’hui une réalité.

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