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Vincent Ipslanti : les chevaux du plaisir 

Si l'on fait exception du cheval, sur le capot ou sur la fesse, ces deux voitures, la Ford Mustang et la Ferrari 348, ont autant de similarités qu'un hamburger et des tagliatelles. Leur point commun en réalité est un homme de passion aux multiples casquettes. Par Ethan Valentin.

Modifié le Écrit par La Rédaction
Vincent Ipslanti : les chevaux du plaisir
Photos Thomas Vollaire
Résumé

Ancien pilote devenu passionné de mécanique et collectionneur, Vincent Ipslanti consacre sa vie aux véhicules atypiques et partage son savoir avec humanité et passion.

Sommaire
Couverture complète sur mise-en-avant


Une vie qu'il traverse à 100 à l'heure, passant d'une passion à l'autre. Vincent a un parcours atypique : « Je suis un ancien pilote militaire, j'ai fait la formation des officiers de réserve à l'École de l'Air. J'ai eu un problème de santé, j'ai dû arrêter de voler. »

L'occasion pour lui de s'adonner à une autre de ses passions, la mécanique : « J 'a i roulé ma bosse en tant que mécanicien, mais le rythme métro, boulot, dodo, ça m'a vite fatigué. Je suis rentré chez un grand pétrolier qui cherchait un profil de terrain. Je suis parti à Singapour, puis au Nigeria, pour travailler sur les plateformes. J'ai commencé comme superviseur mécanique scaphandrier, puis je me suis orienté vers les travaux sous-marins profonds et plus particulièrement les robots pilotés de la surface. Ils descendent jusqu' à 2 50 0 mètres, si ça casse, ça coûte de l'argent, mais c'est mieux que de remonter un corps. Aujourd'hui, je suis responsable sécurité et environnement de site sur une unité en Angola. »

Jouets mécaniques et passion automobile

Il enchaîne sur les bateaux, son vieux Donzi, une petite Ferrari de mer toute en fibre, qui développe 260 chevaux et file à 60 nœuds : « C'est une coque toute en longueur appelée Coque cigarette qui était prisée par les contrebandiers pour ne pas se faire attraper. » Vincent possède plus de vingt “jouets”, de sa première 504 Pick-Up à la R12 qu'il est en train de préparer, en passant par des Coccinelle (à moteur Porsche), des motos, un Vespa réalésé à 220 cm3 ...

Le passionné a une vision personnelle de ce qui est collectionnable, loin de la spéculation, mais à l'écoute de ce qui le fait vibrer : « J'ai une petite activité de mise à disposition de véhicules atypiques pour l'audiovisuel. Je prépare une BMW E12 pour la série Bandidos. Le personnage principal a comme  guide spirituel Jacques Mesrine. La prod cherchait sa voiture, une BMW 528i E12 de 1977. Afin de faciliter les cascades, je suis parti d'une 520/6, identique visuellement, mais plus légère. J'ai même trouvé les jantes BBS Mahle qu'avait choisies Mesrine à l' époque. »

Vincent Ipslanti : les chevaux du plaisir 
Photos : Thomas Vollaire

Vous commencez à comprendre comment ces deux voitures, que tout oppose, ont pu terminer dans le garage d'une même personne. La Ford Mustang est un modèle 1967 coupé, équipé du 8 cylindres 4,7 l en boîte automatique à trois rapports, comme celle de Belmondo dans Le Marginal : « Quand elle est arrivée en France, son acquéreur a pris peur en voyant l'ampleur des travaux. Je lui ai rachetée. » Il change les Silentblocs, refait l'électricité, modifie le moteur, remplace le train arrière et l'équipe de lames pour qu'elle s'écrase moins à l'accélération.

Il décide de laisser les quatre freins à tambour pour conserver le côté “cruiser” de l'auto : « À l' époque, tout le monde faisait des muscle cars : la Ford Gran Torino, la Chevrolet Chevelle. .. Ford a créé cette Mustang pour attirer la clientèle féminine, c'est un petit gabarit pour l' époque disponible aussi en 6 cylindres, le premier pony car de l'histoire. » C'est sa voiture de tous les jours : « J'ai modifié la carburation et l'allumage, elle marche super bien. J'aime son côté intemporel, derrière le mythe, c'est une voiture qui a une âme. Quand je suis au volant, je change d'époque»

Quand la passion devient partage

Quel point commun peut-il donc y avoir entre cette Mustang et cette Ferrari 348 ? Le plaisir selon l'intéressé... Et un cheval : « Tu as le cheval américain au galop d'un côté, le cheval cabré italien de l'autre. J'habite en Camargue, j'ai des chevaux, tout ça me parle. » À la base, Vincent cherchait une Testarossa blanche : « C' était introuvable dans mon budget. Je me suis dit que j'allais chercher la 308 GTS de Magnum, mais c'est plutôt rare. J'ai fini par tomber sur cette 348 qui n'avait que 35 000 km et qui n'a jamais été rouge. »

La voiture nécessite pas mal de travail, mais Vincent a le coup de foudre. Cependant, le comportement du vendeur l'intrigue : « On va faire le contrôle technique ensemble. Je le vois verrouiller les portes, vérifier qu'elles sont bien fermées. Une fois arrivé à bon port, il entre directement dans le garage, il était nerveux. Il m'avoue qu'il s'est fait carjacker à deux reprises, qu'il s' est retrouvé avec un revolver sur la tête, que le phare est abîmé parce qu'il a percuté son agresseur pour s'enfuir. Ça faisait deux ans qu'il avait peur de rouler avec. »

Vincent Ipslanti : les chevaux du plaisir 
Photos : Thomas Vollaire

Les vitres ne descendent plus, le démarreur est capricieux, les régulateurs d'essence ont lâché : « La routine d'une Ferrari qui ne roule pas. Je la ramène chez moi et me dis que si je n'ai pas de facture d'un professionnel, elle va perdre sa valeur. J'avais déjà un DUT Génie Mécanique, j'ai passé un CAP de mécanicien, je me suis mis auto-entrepreneur et je l'ai retapée» Vincent a des projets plein la tête.

Il aimerait monter un garage associatif : « J'aimerais transmettre ce que j'ai appris quand j'avais quatorze ans et que je traînais dans le garage de mon cousin. On est en train de perdre l'art du mécanicien à l'ancienne, qui marche au nez et à l'oreille. » L'humain est au cœur de la démarche de Vincent, qui ne tarit pas d'anecdotes sur le sujet : « Un jour, on me parle de Joaquim, un enfant qui a un problème de santé assez grave. Son rêve est de faire un tour de Mustang. Je débarque chez lui, vers Lyon, avec son gâteau préféré et la Mustang. On s'est baladés toute l'après-midi. Il s'est fait opérer et est aujourd'hui en pleine forme. Il y a quatre ans, j'ai développé une tumeur au bras gauche, je n'arrivais plus à le bouger, j'ai dû me faire opérer. Joaquim a traversé la France pour me soutenir. »

D'un côté le cheval américain au galop, de l'autre le cheval cabré italien

Vincent Ipslanti
Vincent Ipslanti : les chevaux du plaisir 
Photos : Thomas Vollaire

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