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Samuel Le Bihan : mâle de mer

À l'occasion du Vendée Globe, le comédien français incarne le rôle du marin Yves Parlier qui s'était obstiné à boucler l'édition 2000 du célèbre tour du monde à la voile, en solitaire et sans assistance. Un rôle épique et touchant. Par Geoffroy Langlade.

Modifié le Écrit par La Rédaction
Samuel Le Bihan : mâle de mer
Photos Jean-François Romero
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Pour lui, la mer n'est jamais loin. Chaque vague, chaque rafale de vent semble raviver en Samuel Le Bihan le souvenir vivace d'une sortie en voilier dans la rade de Brest. L'adolescent qu'il était, les mains crispées sur les cordages, le regard vers le large, se sentait maître du vaste océan.

« Du côté paternel, je viens d'une famille de marins-pêcheurs installée à Brest. C'était le métier de mon grand-père. À cette époque, la Bretagne était une région relativement pauvre, la pêche se faisait souvent encore à la voile. Il existait une science de l'organisation entre les bateaux pour réussir à manœuvrer avec précision, à larguer les chaluts... C'était fabuleux ! C'était une pêche à l'instinct, il fallait connaître la mer, les courants, trouver les bancs de poissons, en l'absence de sondeur ou de tout autre système de détection. Par la suite, mon papa est devenu lui aussi marin-pêcheur dans sa jeunesse avant de devoir monter à Paris pour gagner sa croûte. Mon père va alors effectuer plein de petits boulots dans la capitale puis fera l'acquisition, à mon adolescence, d'un voilier de 6 mètres », raconte l'acteur.

Voir naviguer cet esquif sur l'Atlantique donne au jeune Samuel quelques idées. « Lors de nos vacances d'été en Bretagne, j'ai ainsi pu apprendre tous les rudiments de la navigation », poursuit le comédien qui se souvient de l'admiration de sa fratrie pour Éric Tabarly, lui aussi un ancien de la Royale. « Dans ma famille, la voile a toujours eu beaucoup d'importance, on aime la mer et les traditions maritimes. » 

Samuel Le Bihan : mâle de mer
Photos Jean-François Romero

Un marin dans l'âme : l'initiation de Samuel Le Bihan

Toujours « à fond », le futur jeune comédien se perfectionne en mode croisière et effectue des stages de voile en région armoricaine, tirant des bords entre la Bretagne nord et la Bretagne sud, en passant par la redoutée pointe du Raz « pour faire le point, lire une carte ou manœuvrer » et avec déjà ce désir de « s'échapper au large et en solitaire », comme le détaille l'acteur vedette de la série à succès Alex Hugo.

Avec le temps, Samuel oublie un peu l'univers vélique, patientant avant de reprendre la barre. « Je suis reparti en croisière avec un marin professionnel, n'étant pas sûr à 100 % d'avoir encore le niveau requis, et pourtant je l'avais ! Pour le téléfilm, je suis sorti à plusieurs reprises à bord du voilier utilisé pour le tournage de Seul en compagnie de son propriétaire et d'un skipper », ajoute le comédien de 59 ans, installé depuis quatre ans sur les hauteurs de Nice.

Pour lui, l'actu nautique du moment, c'est ce téléfilm Seul, largement inspiré par l'aventure épique du navigateur Yves Parlier sur le Vendée Globe 2000. « Sur le tournage des épisodes d'Alex Hugo, on parlait souvent de voile et d'aventure avec Pierre Isoard, l'un des réalisateurs de la série, raconte Samuel. Un jour, il y a plusieurs années, il a évoqué le livre d'Yves et m'a glissé à l'oreille l'idée d'adapter à l'écran toute cette histoire incroyable. Mais il ne savait pas comment faire car tourner un film sur un bateau est un projet extrêmement compliqué et coûte des millions d'euros. En mer, il vous faut des bateaux d'assistance, on n'a jamais la bonne lumière, jamais la météo idéale et cela bouge sans arrêt. » Un rêve impossible ? « Quelques années plus tard, j'ai réussi à convaincre France Télévisions de nous faire confiance pour l'écriture du scénario. Eux-mêmes n'y croyaient pas. »

Pierre Isoard et Julien Guérif se mettent alors à rédiger une histoire qui sera « belle, émouvante et largement accessible au grand public ». Dans ce long téléfilm, « on ne parle pas de la mer, de voile, de marins, on parle avant tout d'hommes passionnés qui vont au bout de leur volonté, de leur énergie, au-delà de leurs peurs, reconnaît l'acteur français. Il ne s'agissait pas non plus de faire un documentaire mais plutôt de raconter un moment. » Un pari fou et risqué financièrement car il faudra dénicher le bon bateau, tourner en mer six semaines entre Lorient et Les Sables-d'Olonne. « Patrick André, le producteur de High Sea Productions, a accompli un super boulot, reconnaît-il.

On a réussi à sortir de belles images avec une équipe technique réduite à dix personnes, sans bateau d'assistance et dans des conditions météo parfois rocambolesques. Les premiers jours, je me suis dit mais comment va-t-on faire car cela bougeait tellement, c'était instable, l'espace à bord était tellement réduit ! Petit à petit, au fil des jours, nous nous sommes adaptés à la météo. L'avantage, c'est que je connaissais le film par cœur car il était impossible de relire mon texte ou de se poser car cela bougeait beaucoup contrairement à des films sur la terre ferme. On pouvait aussi changer de scène à tous moments. »

Samuel Le Bihan : mâle de mer
France Télévisions

Survivre en mer : le tournage épique de "Seul"

Autre difficulté majeure pour Samuel Le Bihan, l'absence de comédiens pour lui donner la réplique. «Il fallait que j'imagine ce que les autres disaient à distance, à la radio VHF, mémoriser leurs textes dans ma tête », reconnaît l'acteur-skipper qui a beaucoup donné physiquement sur ce tournage en mer. Tantôt heureux, tantôt triste, “bouffi” ou terriblement amaigri par le manque de nourriture à bord du voilier de course. « J'avais droit aussi à des changements de barbe. Un coup, une barbe de trois mois, un autre jour un collier d'un mois. Il fallait changer de look. Le plus dur a été la perte de poids car, au début, malgré des conseils de nutritionniste, je n'arrivais pas à perdre un seul gramme. J'ai fini par appeler un copain qui pratique un sport de haut niveau, il m'a donné la bonne direction en réduisant drastiquement le nombre de calories. »

Cela a fini par fonctionner, le comédien perdra dix kilos, mais parfois il souffrira du mal de mer. « Je finissais la scène, je partais vomir, je revenais pour jouer une autre séquence. C'était dur ! », reconnaît Samuel. Seul est un one man show nautique, un téléfilm aux allures de long métrage qui nous rappelle Tom Hanks dans Seul au monde, le film réalisé par Robert Zemeckis en 2000. Samuel Le Bihan acquiesce. « L'acteur américain m'a beaucoup inspiré, la façon dont il a travaillé, le poids qu'il a perdu. Yves Parlier, c'est aussi un aventurier. Quand rien ne marche, quand tout est cassé, comment est-on encore capable d'aller jusqu'au bout ? C'est un téléfilm non pas sur la voile mais sur l'exploit humain.

Un homme qui va au bout de ses engagements, ne voulant pas décevoir les gens qui croient encore en lui. Le refus d'abandonner et de se voir comme un perdant pour non pas remporter le Vendée Globe, mais accomplir cette course. Le fait de gérer la voile, de gérer le vent, c'est une discipline qui vous ramène à l'instant présent, pour faire corps avec la nature », conclut notre comédien qui se verrait bien partir en croisière en Méditerranée à la barre d'un voilier aux allures de caïque.

Le bateau idéal ? « Beaucoup de bois, c'est magique, et au moins quatre cabines pour inviter des potes et partager le bonheur d'être sur l'eau », conclut celui qui est aussi à l'affiche d'une nouvelle série sur TF1 baptisée Carpe Diem, la bien nommée.

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