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Yasumichi Morita : L'architecte du temps

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Yasumichi Morita photo
© DR
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Nous avons découvert cet artiste complet, par ailleurs un véritable esthète, lorsqu'il a exposé à Paris sa dernière série en 2023, à Saint-Germain-des-Prés. En feuilletant son catalogue, nous sommes tombés sur un garde-temps jamais vu auparavant, une édition limitée réalisée avec la célèbre manufacture du Brassus. Il n'en fallait pas plus pour nous intriguer. Fondateur de Glamorous, Yasumichi Morita s'est d'abord fait connaître dans son pays comme designer d'intérieur. Avec son agence on lui doit notamment les intérieurs des temples nippons du luxe comme The Japan Store Isetan ou Shinjuku, Ginza 6. Touche-à-tout de talent, il s'est exprimé également comme graphiste ou directeur artistique comme le prouve ce T-shirt hommage aux 15 ans de carrière du Samuraï guitarist, pour les fans de Miyavi. Reconnu dans le monde entier, Yasumichi Morita a d'ailleurs reçu de nombreux prix internationaux pour son travail. Mais il ne cesse de brouiller les pistes et de décaler ses points de vue. En tant que photographe, il joue avec les angles, les lumières et les zooms, pour modifier la perception de nos yeux de spectateurs. Un écho à son travail fondateur d'architecte et de design. Nus, fleurs, rien n'échappe à l'œil de l'artiste, à sa créativité sans contrainte de temps. C'est cette idée de liberté, d'absence de date limite de réalisation, de demandes de commanditaires ou de besoins de clients qui a tiré le designer vers la photographie artistique. Lorsqu'il prend des clichés, Yasumichi Morita ne pense pas au temps nécessaire ni au regardeur, il pense d'abord à lui. Entre Paris et Tokyo, il poursuit ses allers-retours, ses nombreuses activités, toujours à la recherche d'un équilibre. Et a trouvé le temps de répondre à nos questions.

« L'art, tout comme une architecture de petite taille ou l'œuvre de maîtres artisans, est une forme de cristallisation de leur savoir-faire. »

Quel a été votre parcours ? Comment êtes-vous devenu designer ?

Pendant mes années d'études, je faisais des petits boulots du matin au soir pour acheter les vêtements que j'aimais.

J'adorais gagner de l'argent, porter mes vêtements préférés et sortir pour élargir mon cercle social. C'était quelque chose qui me passionnait. À l'époque, il n'y avait pas de lieu qui correspondait vraiment à mes envies, alors quand quelqu'un m'a suggéré de créer mon propre endroit, j'ai décidé de lancer un bar. C'est ainsi que tout a commencé.

Vous êtes photographe, architecte, mais comment vous définissez-vous vraiment ?

Je n'ai pas beaucoup de passe-temps, mais j'ai toujours aimé la photographie. Cependant, je voulais la garder pour mes moments privés et ne pas en faire mon métier. D'un autre côté, dans mon travail d'architecture et de design d'intérieur, lorsque de grandes parois blanches apparaissaient, je souhaitais souvent y accrocher des photos en noir et blanc, comme des sculptures artistiques. Mais c'était difficile à trouver, et quand j'en dénichais, elles étaient souvent très chères ou en quantité insuffisante. C'est à ce moment-là que j'ai décidé de prendre moi-même les photos. Aujourd'hui, je pense que ce mélange de perspectives différentes a trouvé un bon équilibre dans ma vie.

Quel est votre rapport au temps ?

Ce qui est limité, mais également le plus équitable pour tous.

Vous aimez les montres ? Pourquoi ?

On pourrait dire que l'art, tout comme une architecture de petite taille ou l'œuvre de maîtres artisans, est une forme de cristallisation de leur savoir-faire, et c'est cela qui me fascine.

Comment avez-vous été amené à travailler pour Audemars Piguet ?

Ma rencontre avec AP remonte à 2007, lorsque j'ai conçu la façade et le salon VIP de leur boutique à Ginza. À ce moment-là, ma proposition de design correspondait parfaitement au concept de la collection “Millenary”, et nous avons décidé de lancer une édition limitée. Ce fut la première fois en plus de 130 ans d'histoire qu'Audemars Piguet collabora avec un designer externe, et cette montre a été lancée non seulement au Japon, mais dans le monde entier.

« Si l'on ne fait que préserver les traditions, on risque d'être laissé pour compte par l'évolution du temps. »

Quelle était votre intention avec votre montre pour AP ?

Le design de la Millenary Limited Edition by Morita s'inspire de la beauté des bulles de champagne que j'adore, et il exprime un monde à la fois somptueux et élégant. Des diamants sont sertis sans retenue, mais avec raffinement, pour offrir une montre qui apporte un plaisir à la porter. Si l'on ne fait que préserver les traditions, on risque d'être laissé pour compte par l'évolution du temps. Ce qui distingue Audemars Piguet et lui permet de maintenir un soutien fort à travers les âges, c'est l'équilibre entre tradition, excellence et audace, leur capacité à valoriser les nouveaux talents tout en innovant sans cesse sur le plan technique, et à évoluer avec leur époque.

Qu'est-ce qui a été le plus difficile dans le projet de la montre ?

C'est cette recherche de nouvelles valeurs, de créativité et d'innovation, que j'ai partagée avec les artisans au cours de cette collaboration.

Vous-même, vous aimez les objets, vous les collectionnez ?

Je ne suis pas vraiment un collectionneur, mais j'apprécie les œuvres de Visionnaire. Cependant, ce ne sont pas des objets que je ressens le besoin de garder auprès de moi à long terme. Mes deux premières expériences de design de montres ont été avec la Seiko Galante et la Audemars Piguet Millenary Limited Edition by Morita.

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Écrit par La Rédaction
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