Charlotte Siepiora : Danse avec la star

De quel miracle procède la grâce ? Le geste d'un bras, un port de tête, un pas esquissé, un sourire si naturel… La danseuse Charlotte Siepiora semble léviter dans le salon du bel appartement parisien où se déroule cette séance photo. On ne pouvait rêver meilleur cadre. La douceur organique des objets dessinés par l'architecte Emma Donnersberg est sublimée par la puissance des matériaux dont ils sont faits. Douceur et puissance. Légèreté et travail. Douceur et caractère. C'est le propos du jour. Une symbiose des contraires qui ouvre une voie nouvelle. Plus qu'une montre, la nouvelle Hermès Cut est l'aboutissement d'une démarche créative et d'une vision du geste qui irrigue tous les métiers de la maison du 24, Faubourg.

« Le geste est un leitmotiv récurrent chez Hermès. C'est quelque chose de très concret qui se vit » explique Charlotte Siepiora. Expression ultime du geste, la danse est un langage que pratique régulièrement la maison.

Danseuse interprète, c'est à Hermès que Charlotte doit ses plus beaux souvenirs de scène. « La maison aime la danse et sait honorer les artistes. J'ai toujours eu le sentiment de participer à des projets hors du temps avec Hermès, comme dans un rêve poétique éveillé. Le plus prodigieux pour moi c'est, à chaque fois, l'histoire d'une rencontre entre les artistes et les artisans. » Choréologue - elle exerce également le métier rare de notatrice, qui consiste à transcrire une chorégraphie comme on écrit une symphonie sur une partition -, Charlotte Siepiora sait mieux que personne le mélange de technicité, de maîtrise et d'inspiration que suppose le geste. « Je suis émerveillée par la transmission des savoir-faire, du geste traditionnel, du geste tout simplement. » Maîtrisé, mille fois répété jusqu'à la perfection à la barre comme à l'établi, le geste devient une seconde nature. Il se libère et devient langage. C'e s t ainsi qu'Hermès émerveille.

Hermès maîtrise la forme. Cette culture de l'objet, depuis sa conception jusqu'à son exécution, la maison l'a transposée au monde de l'horlogerie où elle ne cesse de ravir avec ce mélange de poésie, d'inventivité et de technique qui lui est propre. « Ça, c'est Hermès » ou « ça, ça ne l'est pas » dit-on au 24, Faubourg d'un objet qui a ou n'a pas sa place dans les collections. Comment le définir ? Bien malin qui saurait l'expliquer. On le sait, c'est tout. Question d'instinct !

Je suis émerveillée par la transmission des savoir-faire, du geste traditionnel, du geste tout simplement 

La Cut marque une étape dans la démarche horlogère d'Hermès. Alter ego de la H08, présentée il y a trois ans, c'est la première montre sportive imaginée pour les femmes, dotée d'un calibre automatique manufacture.

En 2024, les beaux calibres ne sont plus l'apanage des montres pour hommes.

« H08 était une montre de forme, urbaine et architecturée avec un vrai parti pris masculin même si les femmes ont envie de la porter » analyse Philippe Delhotal, directeur de la création de La Montre Hermès. La Cut procède d'un parti pris différent. Faussement simple, cette montre, que l'on pourrait penser “ronde”, se révèle bien plus complexe qu'elle n'en a l'air quand on l'examine d'un peu plus près. La Cut est en réalité une montre de forme.

« Quand on pense à la forme, on est déjà dans l'acte de la création », rappelle Philippe Delhotal citant Pierre-Alexis Dumas, le directeur artistique de la maison.

« Chez Hermès le vocabulaire de la forme est une signature. Tous les objets Hermès sont relativement simples. L 'idée de départ était le travail de la forme simple. Quand on parle de forme simple, ce qui vient immédiatement à l'esprit ce sont les formes de la nature. » La lunette, bien ronde, s'inscrit dans le cercle de la boîte, comme tranché sur chacun de ses côtés.

Les jeux de lumière sur les surfaces polies ou satinées soulignent la subtile architecture de la boîte, tout en paradoxes délicats. « On a voulu donner une aspérité à cette forme simple. C'est le geste de couper qui a donné son nom à la Cut, qui présente une forme très particulière sur ses quatre côtés. De loin la forme de la montre rappelle un rond, mais plus on avance plus cette forme ronde se transforme. » Faut-il voir dans ce jeu de formes l'expression d'une féminité contemporaine à plusieurs facettes ? Douce et tendre, mais pleine de caractère, à la fois exigeante et subtile, qui va à l'essentiel en suivant sa propre voie. « Nous avons essayé de trouver l' équilibre entre la douceur et des aspérités assumées » poursuit Philippe Delhotal. Pour faire apparaître l'épure de la forme, il faut se débarrasser du superflu, créer des résonances. « C'est comme une tenue, il faut qu'il y ait un équilibre, un tombé, une couleur, des proportions…

Pour un objet c'est la même chose. » La couronne a été déplacée entre 1 h et 2 h pour ne pas perturber l'harmonie de la boîte et la date a été tout simplement retirée, pour respecter l'harmonie du tour d'heures. Par ailleurs, la Cut présente une typographie particulière. Comme toutes les montres Hermès. Ultime détail ? La forme du 0 du nombre 10 suggère la forme de la montre. « On essaie de garder ce pas de côté qui fait notre différence » conclut Philippe Delhotal. So Hermès.