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Chopard : Huiles de Palmes

Publié le Écrit par La Rédaction
Chopard
© Fred Merz
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Ce n'est pas le long des côtes cannoises que nous prenons nos quartiers ce mercredi matin mais en banlieue genevoise. Nous avons rendez-vous au sein des ateliers de la Maison Chopard pour une visite un peu spéciale. Nous faisons partie des rares privilégiés à accéder aux secrets de fabrication de la récompense la plus prisée du 7e art, la Palme d'or. Avant d'entrer dans le vif des aspects techniques et de parcourir les ateliers, nous passons un moment avec Caroline Scheufele.

Le délicat rameau en or est conçu dans les ateliers de Chopard depuis 1998

Coprésidente et directrice artistique de Chopard, elle est celle à qui l'on doit le dessin actuel de la Palme d'or. Elle nous raconte. Il faut revenir quelques années en arrière pour comprendre le lien qui unit la maison suisse au Festival de Cannes et à sa Palme. Créé en 1955, le délicat rameau en or dont le dessin rappelle les feuilles de palmier de la célèbre Croisette est conçu dans les ateliers de Chopard depuis 1998. C'est à cette date que le prestigieux trophée fut redessiné et modernisé par Caroline Scheufele. L'histoire commence en 1997 précisément alors que Chopard s'apprête à ouvrir une boutique juste en face du Palais des Festivals. Madame Scheufele se rend à Paris pour rencontrer Pierre Viot, alors président du Festival. Passionnée de cinéma depuis toujours, elle lui explique qu'elle souhaite organiser un événement au cours de la quinzaine festivalière, sans avoir une idée précise en tête mais en sachant tout de même que le Festival ne compte toujours pas de partenaire horloger ni joaillier. « En observant la bibliothèque de son bureau, je remarque la Palme. En or plaqué et sur un socle en plexiglas, l'objet n'est à mon sens pas à la hauteur de ce qu'il mérite. Je propose donc à Monsieur Viot de l'embellir » raconte-t-elle. Caroline Scheufele repart en Suisse, le précieux trophée dans son sac à main, avec pour idée de le redessiner et de l'imprégner de tout le glamour qui lui manque. Le cahier des charges est simple : elle a carte blanche ! Le seul critère à respecter est le nombre de folioles du rameau de palmier, 19, un dépôt international auquel on ne peut déroger. Elle s'inspire de la nature, insuffle du mouvement au dessin d'origine, comme si le vent passait sur la Palme, et ajoute une touche unique, un véritable clin d'œil à Chopard : le cœur au bas de la tige.

Caroline Scheufele repart avec l'ancien trophée afin de le redessiner et de l'imprégner de tout le glamour qui lui manque

« L 'emblème de la maison qui symbolise également tout l'amour que nous portons au 7e art » poursuit-elle. De retour à Paris, elle présente son projet à Pierre Viot qui accepte son dessin avec joie. Cette étape marque le début d'un partenariat officiel entre Chopard et le Festival de Cannes, et d'un véritable trophée joaillier réalisé pour la première fois dans les ateliers d'une maison de haute joaillerie. Depuis cette date, la Maison a l'exclusivité de la réalisation de la Palme d'or et des huit autres trophées remis lors de la cérémonie de clôture du Festival : le Prix d'interprétation féminine, le Prix d'interprétation masculine, le Grand Prix, le Prix de la mise en scène, le Prix du meilleur scénario, le Prix du jury, la Palme d'or du court métrage et la Caméra d'or. Alors que Cannes ouvrira la 77e édition de son Festival dans quelques semaines, les ateliers genevois de Chopard sont à l'œuvre.

Certes, la réalisation de la Palme d'or est en cours mais il faut également parfaire l'ensemble des pièces de haute joaillerie qui composeront la “Red Carpet Collection” imaginée par Caroline Scheufele et sublimeront les actrices sur le tapis rouge. Cette année, ce ne sont pas moins de 77 pièces inspirées de l'univers des contes de fées qui enchanteront la Croisette. Philippe, l'un des fondeurs de la maison, nous sert de guide à travers la fourmilière d'artisans et le dédale des ateliers qui s'étendent sur deux étages.

Il nous explique que la Palme n'a jamais changé de dessin depuis que Caroline Scheufele l'a redessinée en 1998

Celle-ci s'habilla toutefois différemment à deux reprises.

En 2017 quand, pour la célébration de la 70e édition du Festival, elle fut exceptionnellement sertie de 167 diamants afin de marquer la 20e participation de Chopard en qualité de partenaire officiel. Et en 2022, lorsqu'elle fut sertie de 100 diamants pour un total d'un carat : 75 diamants sur une foliole en hommage au 75e Festival de Cannes, et 25 sur une autre en référence à la 25e participation de Chopard en tant que partenaire officiel. Depuis 2014, la Palme est forgée dans de l'or jaune 18 carats certifié Fairmined. C'est à ce jour le seul trophée du cinéma réalisé en or éthique, un métal précieux respectueux du travail des hommes et de l'environnement. Elle pèse 118 grammes et est fixée sur un cristal de roche de la forme d'un diamant taille émeraude qui est sourcé en Autriche et toujours unique, la nature ne donnant jamais naissance à deux cristaux identiques.

Cinq artisans sont impliqués dans la fabrication de la Palme d'or, dont Philippe qui règne en gardien des secrets et du précieux moule que nous prenons délicatement entre nos mains. Nous suivons notre guide dans son atelier, étape par étape. Il nous explique que l'or est d'abord fondu sur place puis versé dans un moule en plâtre où le trophée a été façonné dans de la cire. Cette technique ancestrale dite de “fonte à cire perdue” permet d'obtenir, après que la cire a fondu, un rameau en or brut, presque noir. La Palme en devenir va être rincée et baignée dans de l'eau, de l'acide et du sable pour lui donner davantage d'éclat. Une quarantaine d'heures est nécessaire pour que d'un amas d'or recyclé soit forgé le trophée. Nous passons ensuite à l'étage supérieur, au sein des ateliers de haute joaillerie. Philippe leur passe le relais pour les finitions. La récompense est d'abord coupée de son alimentation, le petit socle sur lequel elle repose, pour faire apparaître au bout de la tige le cœur emblème de Chopard. Puis elle passe à l'étape de la reprise de fonte pour lui donner un aspect lisse, avant d'être soigneusement polie pour la débarrasser de tout le surplus de matière et révéler sa brillance. Enfin, ultime étape, elle est posée sur son délicat coussin de cristal de roche et littéralement attachée à son écrin. Une patte de sécurité a en effet été ajoutée pour la fixer depuis le jour où Catherine Deneuve l'a malencontreusement fait tomber sur la scène du Palais des Festivals.

Précieusement gardée dans l'un des coffres de la Maison Chopard, la Palme d'or patientera encore quelques semaines avant de rejoindre Cannes et son mythique Festival.

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