S'abonner

Robert Combas : Le temps pour lui

Publié le Écrit par La Rédaction
Robert Combas
© Geneviève Combas
Couverture complète sur mise-en-avant

Combas a pris la peinture là où Picasso l'avait laissée, a écrit le critique du journal Le Monde Philippe Dagen. Cela en dit long sur le statut de l'artiste phare du mouvement de la figuration libre, dont le trait et le style inspirent les plus grands peintres d'aujourd'hui en France. Et pas seulement. Tout dans sa vie tourne autour de l'art et de la création. Il n'a pas d'ordinateur, pas de téléphone, pas un sou en poche, car sa femme Geneviève s'occupe de tous les détails matériels, afin que son époux (ils se sont mariés il y a 5 ans, mais partagent leur vie depuis plus de 30) puisse se consacrer entièrement, totalement à son travail. Il est rare en tout cas qu'une œuvre - qu'une vie, même - soit aussi cohérente que celle de Robert Combas. Travailleur insatiable, passionné de musique, il partage son temps entre son atelier d'Ivry-sur-Seine et Sète, où il prépare ses prochaines expositions et ses concerts. Les mapings d'images, les installations, les collaborations, les happenings n'ont plus de secrets pour lui. En plus de 45 ans de carrière, il a vu et tenté beaucoup de choses.

Q : Comment vous définissez-vous, Robert Combas ?

R : Je suis peintre et je l'ai toujours été. Contre vents et marées, à rebours des modes, j'ai toujours essayé de demeurer moi-même, d'être consistant dans mon travail. Même quand ce n'était pas à la mode, je mettais toute ma passion, toute mon énergie, tout mon temps dans mes toiles. Il y a beaucoup de poésie dans ce que je fais, jusque dans les textes qui accompagnent mes tableaux. Ma personnalité trouve son chemin à travers mon œuvre qui prend ainsi un aspect encore plus unique, abstrait.

Q : D'où tirez-vous votre inspiration ?

R : Je suis un héritier des impressionnistes, à cause de mon goût pour la couleur, également de tous les modernistes, mais aussi de l'art brut et de tout le reste. J'ai toujours souhaité m'affranchir de toute influence “photographique”. La peinture doit contenir une émotion, du vivant. Pas question de peindre des dizaines de toiles qui sont toujours les mêmes, comme tant dans ce qu'on qualifie aujourd'hui “d'art contemporain”. Et le pop art et la figuration narrative m'ont aussi beaucoup influencé. Également l'art plus compliqué, plus intellectuel, de Boltanski aux artistes minimaux. J'ai toujours été assez fasciné par exemple par Jean-Pierre Reynaud.

Q : D'après vous, qu'est-ce qui fait qu'une œuvre d'art devient universelle ?

R : Sans fausse modestie, je pense que je fais partie de ces artistes qui peuvent parler au monde entier. Bien que je puisse me définir comme peintre français, singulier, mes œuvres sont collectionnées partout, au Brésil, en Suède ou encore en Afrique et aux États-Unis, et exposées dans le monde entier depuis 45 ans. Alors que bien souvent je ne connais ni la langue ni les traditions de ces endroits. Dans mes peintures, je m'exprime dans un langage qui peut être compris par beaucoup de monde.

Q : Pourtant vous êtes relativement discret dans le monde de l'art...

R : C'est vrai. Mais il y a eu le Covid qui n'a pas aidé. Même si j'ai eu de très belles expositions ces dernières années. À Annecy, Lyon, Monaco, Avignon entre autres. Mais je ne suis pas une de ces midinettes du monde de l'art contemporain qui vont de Miami à Venise et retour. Je n'aime plus tous ces voyages. De plus, quand je fais tout cela, je n'ai pas le temps de travailler, ce que je déteste. Je passe le plus clair de mon temps chez moi. Ou à l'atelier à peindre et dessiner.

« Dans mes peintures, je m'exprime dans un langage qui peut être compris par beaucoup de monde. »

Q : Quelle est pour vous la différence entre l'art contemporain et la peinture ?

R : La peinture est plus grande que nature, comme le cinéma. Jusqu'à un certain point, l'art contemporain pense qu'il englobe tout. Mais il glorifie la linéarité, les concepts, avec des gens qui ne travaillent même plus et n'ont que des ateliers. Je ne vois pas l'intérêt. Idéalement, il devrait y avoir une division entre la peinture et l'art contemporain. Bien sûr, je suis parfaitement conscient que la peinture fait partie de l'art contemporain. Mais en réalité, qu'y a-t-il de commun entre la danse classique, les installations vidéo et la peinture ? Ce sont des formes d'art, mais en réalité, elles sont totalement différentes. Voyez certains centres d'art aujourd'hui, qui semblent regarder la peinture de haut, comme si elle était vieille et morte !

Mentionnés dans cet article

Écrit par La Rédaction
Partagez cet article partout

Dernières news sur mise-en-avant

Petites voitures électriques 2025 : les citadines urbaines qui révolutionnent la mobilité

Petites voitures électriques 2025 : les citadines urbaines qui révolutionnent la mobilité

Les petites voitures électriques ont longtemps été perçues comme des seconds véhicules ou des solutions de niche.

David Richards : le Goliath du sport auto

David Richards : le Goliath du sport auto

L'ancien copilote d'Ari Vatanen, champion du monde des rallyes 1981, est devenu un des acteurs majeurs du sport auto, aussi bien en WRC avec les Subaru qu'aux 24 Heures du Mans en GT avec Aston Martin, sans oublier la F1 avec BAR ou le Dakar avec Dacia. Par Alexandre Lazerges.

Bulgari x MB&F : sciences friction

Bulgari x MB&F : sciences friction 

C'est sans aucun doute LA montre la plus ovniesque de l'année. Une pièce d'exception par son audace créative et son design, autant que par sa mécanique. Rencontre avec les hommes derrière la Bulgari X MB&F Serpenti, qui viennent d'une autre galaxie. Par Aymeric Mantoux.

Moritz Bree : flower power

Moritz Bree : flower power

Moritz Bree n'a pas attendu le nombre des années pour démontrer que rien n'est impossible. Du haut de ses 20 ans, ce jeune Autrichien à déjà quelques préparations à son actif. Ne suivant aucun autre courant que le sien, voici sa SR500 flat track psychédélique. Par Ethan Valentin.

Édouard Golbery : Édouard aux mains d'argent

Édouard Golbery : Édouard aux mains d'argent

Marin, comédien, chanteur, musicien, amateur de sports de glisse, Édouard Golbery aime explorer des domaines aussi variés que passionnants. Portrait d'un coureur au large atypique, qui rêve un jour de s'aligner au départ du Vendée Globe. Par Servane Dorléans.

Kevin Venkiah : le Crésus de Mauritius

Kevin Venkiah : le Crésus de Mauritius

Collectionneur aux mille métiers et autant de souvenirs, ce financier mauricien offre matière à savourer le temps qui passe inexorablement et affiche une passion des cadrans peu commune. Par Emmanuel Galiero.

Couverture complète sur mise-en-avant >

Sur le même sujet

Bulgari x MB&F : sciences friction

Bulgari x MB&F : sciences friction 

C'est sans aucun doute LA montre la plus ovniesque de l'année. Une pièce d'exception par son audace créative et son design, autant que par sa mécanique. Rencontre avec les hommes derrière la Bulgari X MB&F Serpenti, qui viennent d'une autre galaxie. Par Aymeric Mantoux.

Kevin Venkiah : le Crésus de Mauritius

Kevin Venkiah : le Crésus de Mauritius

Collectionneur aux mille métiers et autant de souvenirs, ce financier mauricien offre matière à savourer le temps qui passe inexorablement et affiche une passion des cadrans peu commune. Par Emmanuel Galiero.

Thibault : à fleur de peau

Thibault : à fleur de peau

Attiré par les montres depuis sa plus tendre enfance, Thibault s'est affirmé collectionneur en tant qu'homme mûr, marié et père de famille. Si certains pourraient penser qu'il a perdu son temps, il se rattrape en faisant preuve de frénésie. Par Hervé Borne.

L'atelier du temps : artisan rhabilleur

L'atelier du temps : artisan rhabilleur 

Depuis plus de trente ans, Erick Elbeck ressuscite ces horloges, pendules, coucous et toquantes d'un autre siècle qui marquent le tempo de nos vies de famille. Par Carole Lars Huyvenaar.

Gérald Charles : Genta le maestro

Gérald Charles : Genta le maestro

Genta c'est le plus grand designer horloger du XXe siècle, le pape de la montre moderne, équivalent de Pininfarina pour l'automobile, qui a travaillé pour les manufactures les plus prestigieuses. Mais aussi pour lui. Depuis 25 ans, sa marque Gerald Charles perpétue son style et sa créativité. Par Aymeric Mantoux.

Watchfid : Occasion vs collection

Watchfid : Occasion vs collection

Le marché des montres de seconde main se développe et se structure. À côté des plateformes de vente, des acteurs imaginent de nouveaux services destinés aux collectionneurs. Décryptage avec Anthony Marquié, cofondateur de Watchfid. Par Carole Lars Huyvenaar.