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Saint-Barth Bucket Regatta 2024 : Petites régates entre amis

Publié le Écrit par La Rédaction
Saint-Barth Bucket Regatta 2024 : Petites régates entre amis
© Emmanuel Quinart et Cory Silken/Royal Huisman
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Tout commence aux USA en 1986 à Nantucket, sur les côtes du Massachusetts en Nouvelle-Angleterre. Lors d'un anniversaire, plusieurs riches propriétaires de luxueux et grands voiliers parlent de la conception et des performances de leurs bateaux respectifs. De façon élémentaire, l'enjeu est le titre honorifique de meilleur super-yacht de l'année. Le défi est lancé. Mais quel trophée et quel nom donner à cette régate ? Face à eux, un seau contenant des bières, des kilos de glaçons et un ananas trônent sur le bar. « Cela devrait suffire à honorer notre vainqueur », se disent-ils. Pas une minute à perdre. Le lendemain, sept super-yachts à voile prennent le large et finissent par se lancer un défi sur le plan d'eau nord-américain. La Bucket Regatta est née ! Depuis 1995, c'est la pittoresque et splendide île de Saint-Barthélemy dans les Caraïbes qui accueille chaque année la régate. À l'écart des foules et des paparazzis, elle se déroule dans un esprit de convivialité bien loin des clichés “jet-set” de Saint-Barth chers à Beyoncé, Jay-Z, Leonardo DiCaprio ou Rihanna. Les organisateurs anglo-saxons se concentrent avant tout sur cet esprit originel d'amitié entre propriétaires et sur le caractère non commercial de l'événement vélique. Aucun sponsor de luxe ne figure sur les pavillons des embarcations, les quais ou les affiches de la régate nord-américaine. Pour y participer, il faut montrer “patte blanche” et posséder un sacré esquif (plus de 100 pieds) car chaque bateau est invité par les organisateurs. « La communication sur la Bucket Regatta se veut discrète voire confidentielle, avec une présence limitée sur les réseaux sociaux », explique un participant. Pour vivre heureux, vivons cachés. Et une partie des bénéfices est reversée à des associations locales comme le Yacht Club de Saint-Barth qui participe à l'organisation logistique de l'épreuve. À terre comme sur l'eau. Une régate pour “happy few” dans un esprit de convivialité bien loin des clichés “jet-set” de Saint-Barth.

Édition 2024 en mars dernier et premier jour de régate, avec au programme le tour de l'île soit une vingtaine de milles nautiques à parcourir. Les conditions météo sont idéales : 20 nœuds de vent, une mer calme et un soleil de plomb pour réchauffer le visage des marins dont beaucoup arrivent tout droit des États glacés du nord-est des USA. En hiver, Saint-Barth est un petit paradis, une île où se croisent les courants froids de l'Atlantique et ceux plus chauds de la mer des Caraïbes. Des conditions de vent et de mer parfois aussi très particulières mais qui donnent du “piquant” aux régates. Chaque jour, lors de la Buckett Regatta, le briefing des équipages se tient en toute simplicité et décontraction sur les quais de Gustavia autour d'un café et de quelques mignardises. L'ensemble des marins et des skippers s'y retrouvent et échangent. « Chaque voilier prend le départ à une heure précise , explique un membre de l'organisation de la prestigieuse régate. Vu la taille XXL des bateaux, les départs groupés restent impossibles, car la sécurité prime avant tout. » Pas question d'endommager ces voiliers et bijoux flottants dont la valeur excède chacun plusieurs dizaines de millions d'euros ! Et c'est “Melek”, un splendide ketch de 56 mètres construit par le chantier italien Perini Navi, qui lance la régate du printemps. Quelques minutes plus tard c'est le plus grand voilier “mono mât” du monde, le “M5” et sa coque de 78 mètres, qui franchissent la ligne de départ lancé à près de 18 nœuds. Conçu pour allier performances et confort absolu, le “M5” incarne le summum du luxe en matière de navigation sportive.

Autre géant des mers présent à Saint-Barth : l'Aquarius et ses 56 mètres de longueur. L'esquif va s'illustrer durant cette première régate de milliardaires et attirer tous les regards. Fabriqué par le chantier hollandais Royal Huisman, le ketch va livrer un combat féroce face à “Hetairos”, un redoutable adversaire. Cet énorme ketch de 67 mètres a déjà remporté à deux reprises la Bucket Regatta. C'était en 2019 et en 2021. Sur le fil du rasoir ! Le voilier “Aquarius” va dominer d'un poil le premier duel et cette régate jour 1 avec seulement sept malheureuses secondes d'avance sur “Hetairos”. Mais le lendemain, changement de scénario. Cette fois, c'est “Hetairos” qui prend sa revanche et devance son concurrent d'une toute petite minute. L'honneur est sauf et on “refait le match” le soir autour d'une Bud ou d'une coupe de champagne à l'occasion d'un dîner organisé sur l'une des plages emblématiques de la baie de Saint-Jean, au nord de l'île. Parce que durant la Buckett Regatta, la convivialité et l'esprit fair-play se veulent aussi importants que la compétition elle-même. Autres voiliers d'exception engagés sur le plan d'eau : les deux Class J “Hanuman” et “Velsheda”. Lors de la deuxième journée, la régate se déroule entre les îlets rocheux de Saint-Barth. Obligeant les “crews” à effectuer de nombreuses manœuvres avec des voiles proportionnelles à ces géants des mers. Certains équipages feront même le choix de ne pas utiliser de spi. « Vu la taille XXL des bateaux, les départs groupés restent impossibles, car la sécurité prime avant tout. »

« Nous avons un foc plus lourd que “Velsheda” et pas de tangon, et si nous en avions, nous devrions avoir au moins sept marins professionnels à bord. En fait, cette semaine c' était le 80e anniversaire du propriétaire et il souhaitait naviguer avec des invités et un équipage vraiment réduit », détaille Peter Isler, le tacticien du super-yacht “Hanuman”. Un voilier magnifique mis à l'eau en 2009 et signé Royal Huisman qui s'est largement inspiré des plans d'Endeavour II, un yacht anglais réputé des années trente. Sur la Bucket Regatta, les marins français se font plutôt rares face au déferlement de bateaux et d'équipiers anglo-saxons. L'un des seuls skippers français présents n'est autre que l'incontournable Loïck Peyron. Un habitué des Voiles de Saint-Barth, la prestigieuse régate qui n'a pas eu lieu cette année. Le champion breton s'est retrouvé à la barre du Wally 107 baptisé “Spirit of Malouen X”. Le sourire aux lèvres et dans l'esprit sportif qui le caractérise, le Baulois est venu régater face au tout nouveau “Maximus”. Ce bolide en aluminium de 59 mètres et 330 tonnes, à peine sorti en fin d'année dernière du chantier hollandais Vitters, navigue au portant à près de 20 nœuds. Mais la surprise vient du tout nouveau “Gelliceaux”, un sloop de 36 mètres entièrement en carbone dont le design intérieur et extérieur a été conçu par Nauta Design et l'architecture navale par Farr Yacht Design. Le yacht est sorti du chantier naval sud-africain Southern Wind en août et a été livré à son propriétaire en octobre dernier. Comme le veut la tradition dans cette régate, c'est le propriétaire lui-même qui est à la barre du voilier. Son capitaine Clive Walder raconte : « Le propriétaire du “Gelliceaux” a eu de bonnes sensations en mer et l' équipage composé uniquement de marins amateurs reste très satisfait des performances du bateau. » Défiant tous les pronostics, le suprenant “Gelliceaux” remporte, au nez et à la barbe des habitués, la Bucket Regatta édition 2024 pour sa toute première participation. Un véritable coup de maître, un hold-up presque pour un super-yacht aussi jeune. Il reviendra défendre son titre l'année prochaine dans l'île de Saint-Barthélemy, du 13 au 16 mars 2025, dans un événement ultra-exclusif associant le luxe, la convivialité et la voile de haut niveau et qui demeure un rendez-vous phare pour tous les amateurs de yachting du monde entier. Pour participer à la Bucket Regatta, il faut montrer “patte blanche” et posséder un esquif de plus de 100 pieds...

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