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Micho Michoco : California Love

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Micho Michoco : California Love
© David Marvier
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Micho Michoco, ai-je remarqué, curieux surnom ! » « Michel en fait, mais mes potes m'appellent “Micho” depuis toujours. Un gamin a trouvé ça drôle et m'a affublé un jour du “Michoco” et c'est resté ! » Quand je lui demande comment tout a commencé, il me parle Mobylette, d'un petit Ciao, souvent en rade, qu'il bricolait. De là, il enchaîne sur du cross, jusqu'à une 500 MX qui a sonné aussi la fin de ses aventures. Trop de bobos. Permis moto en poche dès 18 ans, le jeune Micho feuillette les petites annonces en quête de sa première meule. « Je ne bosse que sur des projets qui m'intéressent et surtout pour les copains. » Eh ouais, à l'époque, Leboncoin, ça n'existait pas ! Doté d'un petit budget à l'aube de la liberté, il dégotte une vieille 500 XT et restera d'ailleurs super pote avec le vendeur. Comme quoi, la moto, ça crée des liens ! Bref, Micho c'est aussi un gars qui ne dort pas beaucoup. Il travaille de nuit dans un centre médico-social dédié à l'enfance. Pendant la journée, il renoue avec sa passion : le custom. « Je ne bosse que sur des projets qui m'intéressent. Le custom, c'est une vraie passion. On l'a vu ces dernières années, ce n'est pas vraiment rentable. Alors, je prends mon temps et je travaille surtout pour les copains. » Là, son client, c'est plutôt le copain d'un copain. Le type en question c'est François, dit “CAB”. Curieux surnom de nouveau. On se croirait dans Les Tontons flingueurs . « Alors CAB, tu me racontes ta moto ? » « C'est une Moto Guzzi California 2, sortie d'usine le 23/09/1983. Je l'ai trouvée par hasard dans un garage auto en faisant une livraison il y a plus de 30 ans. C' était fin 89. Je l'ai entièrement démontée et repeinte au fond du jardin. Le résultat était assez probant, tellement même qu'elle m'a servi de sésame pour me faire embaucher dans la carrosserie “Full Power”. Je n'avais pas le diplôme adéquat, mais ils ont trouvé que j'avais un truc !

D'ailleurs, je me rappelle bien l'entretien ! J'arrive sous une pluie battante et me présente trempé jusqu'aux os, avec la grosse marque noire de mes Climax autour des yeux. Ils ont beaucoup ri et m'ont gardé ! Puis la vie a fait que la moto a terminé dans un box au milieu de cartons. Il y a 7 ans, un pote m'a proposé de la remettre en état. Je voulais en faire un bobber. Malheureusement je l'ai récupérée 4 ans plus tard piquée et rouillée, démontée et mélangée dans des boîtes. J'ai alors décidé de tout reprendre à zéro et un de mes potes m'a présenté Micho. J'avais envie d'un vrai café racer. Et c'est ainsi qu'a débuté l'aventure. » Les deux compères ont décidé de collaborer avec un carrossier très spécialisé, dit “l'as de l'alu” : Cédric Cévennes Rétromotors. Évidemment, le gars est super occupé et ils ont dû s'armer de patience. L'ensemble de la carrosserie, selle, réservoir et tête de fourche, est réalisé à la main. Du vrai sur-mesure. Ils ont discuté avec l'artiste qui leur a juste laissé un week-end pour créer le design global et leur dit : « T'as deux jours pour réfléchir, je commence lundi ! » « On a attendu 14 mois ses dispos et d'un coup, tout s'est accéléré ! », me raconte CAB. Il poursuit : « Je n'ai pas beaucoup dormi ce week-end-là ! Entre les esquisses sur Photoshop, les validations, les recherches, c' était vraiment sport ! L a ligne de départ, c' est la partie latérale du réservoir avec son renfoncement pour laisser de l' espace aux genoux du pilote. On voulait une forme fine pour alléger la moto et pour distinguer les cylindres de derrière. Cédric nous a proposé des maquettes, Il travaillait la journée sur des pains de mousse et le soir nous envoyait des photos. On discutait alors ensemble des modifications à apporter. Et il a commencé à bosser l'alu. Il plie, forme, soude. C'est vraiment un artiste de génie et super rapide !

Il a même fabriqué le bouchon de réservoir ! Le résultat est dingue ! L a sellerie, en cuir et alcantara d'inspiration automobile, a été réalisée par Caroline Charbonnier Lexhuka, artiste de talent elle aussi. » Côté méca, le moteur est parti en réfection chez Patrick Nano, un chef d'atelier très expérimenté, fin connaisseur d'Italiennes, sur lesquelles il travaille depuis de longues années, préparant des “macchine da corsa” pour un team endurance Guzzi. Cette Guzzi est un vrai “custom” à l'ancienne, unique, où la technique rencontre l'authentique artisanat. Micho explique : « J'ai remplacé l'arbre à cames d'origine par un “Le Mans” puis j'ai monté des carbus Dellorto, j'ai installé, en bout de vilebrequin, un allumage électronique qui supprime l'original et offre ainsi une amélioration technique. L a moto était trop longue, j'ai donc raccourci son empattement en diminuant le pont arrière de 7 cm en retravaillant le cadre Tonti. J'ai aussi découpé la colonne de direction car les roulements étaient trop proches du réservoir. On a aussi adapté des roues de Guzzi en 18. Difficile boulot d'ajustement. Le train avant vient d'une Triumph 955 Daytona de 20 0 0 avec système de frein complet. Cependant, le disque est sur mesure, pour une histoire de déports et d'entraxes. La moto est suspendue Öhlins à l'arrière. La ligne d' échappement “Mistral”, dédiée aux 10 0 0 “Le Mans”, est homologuée, même si raccourcie. L ' ensemble devrait passer le contrôle technique. Pour la peinture de la carrosserie, j'ai travaillé avec les gars de chez Color Bike. » Cette Guzzi, hybride entre une “Le Mans” et une “California”, est un vrai “custom” à l'ancienne, unique, où la technique rencontre l'authentique artisanat. Où le préparateur n'hésite pas à faire appel à des talents extérieurs afin de pousser un peu plus la qualité finale. Chaque élément atteste de cette synergie : une moto métamorphosée en une œuvre d'art qui n'oublie pas sa vocation première, celle de rouler. Et qui, suite à notre promenade urbaine, a déjà fait tourner bien des têtes !

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