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Cadillac Eldorado et Riva Olympic : Rock’n’roll attitude

Publié le Écrit par La Rédaction
Cadillac Eldorado et Riva Olympic : Rock’n’roll attitude
© Jérôme Chabanne
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Pour tout amateur d'Américaines, la Cadillac représente le symbole de la démesure automobile. Formant un V aussi mythique que le sigle Cadillac, la proue du Riva laisse dans son sillage un parfum de légende. Chromes, strass et paillettes, multiples gadgets et automatisme à gogo et, surtout, une puissance aussi inépuisable que les puits de pétrole nécessaires pour étancher la soif de son V8 ! Reflet des fantasmes de la conquête de l'espace, les Cad' de cette époque aussi rocket que rock'n'roll atteignent les sommets. Sommets des ailerons qui, en 1959, culminent à la hauteur du pavillon de votre berline. Mais aussi sommets de puissance avec des V8 dont la cavalerie n'avait plus grand-chose à envier aux dragsters de Santa Pod. Ce luxe insolent s'affichait sans complexe aux States où la réussite sociale n'éprouve aucune honte à se montrer. Tout le contraire en France où il fallait bien s'appeler Luis Mariano, prince de l'opérette, ou Dario Moreno, chanteur de mambo et cha-cha-cha, pour s'afficher au volant d'un cabriolet Cadillac. Avec un mauvais goût très sûr, le pétulant Dario Moreno n'hésitait pas à assortir ses costumes à son Eldorado de teinte fraise écrasée. .. Comme on ne pouvait pas aller au-delà du déraisonnable, à partir de 1960, les lignes de la Cadillac se sont épurées : la caisse s'aplatit, s'élargit et les ailerons, toujours agressifs, s'étirent en longues flèches. C'est la conquête de l'espace. .. urbain ! Rassurez-vous, tous les ornements sont encore chromés sur tranche à l'instar des feux arrière dont l'entourage ovale rappelle les rasoirs électriques ! Larges et surbaissés, ces spacieux cabriolets ressemblent alors plus que jamais à de somptueux hors-bord voguant sur l'asphalte. .. Formant un V aussi mythique que le sigle de Cadillac, la proue des Riva laisse dans son sillage un parfum de légende. Du lac de Côme à Saint-Trop', ces superbes runabouts d'acajou fendent les eaux dans le bourdonnement sourd de leur V8 à l'accent américain. De Brigitte Bardot à Giovanni Agnelli en passant par le roi Hussein de Jordanie, toute la jet-set des sixties possède son Riva, bâtissant ainsi sa légende sur les flots aussi sûrement que Ferrari sur la piste. Tout comme un certain “Ingegnere”, le prestige de la marque ne vaut que par l'exigence de son créateur, Carlo Riva, dernier rejeton d'une lignée de constructeurs de barques de pêche du lac d'Iseo, en Italie. Fasciné par l'Amérique, le jeune Carlo Riva s'est mis en tête de concurrencer Chris Craft, “la” référence de l'époque ! Non content d'adapter des moteurs V8 américains, Chrysler ou General Motors, il leur apporte ses propres modifications pour les fiabiliser.

Pour les coques, il sélectionne un acajou du Honduras, de meilleure qualité que celui du Gabon, invente un procédé de collage plus résistant, et porte la finition de ses bateaux à un niveau jamais atteint. Baptisées de noms évocateurs (Ariston, Florida, Olympic, Aquarama. .), ses créations aux lignes d'une suprême élégance sont exposées dans les lieux les plus inattendus comme les halls de palaces ou le Rockfeller Center à New York. De quoi aguicher une clientèle de jet-setteurs qui peuvent comparer le luxueux poste de pilotage doté de nombreux compteurs et d'un volant à cerclo chromé à celui de leur Cadillac de tous les jours. Réunir ces deux summums du luxe des sixties, c'était comme un clin d'œil au mythique attelage formé par le cabriolet Chrysler New Yorker et le dinghy Rocca que vous avez sans doute possédés un jour. .. en modèles réduits par Norev au 1/43e ! Par magie, la Chrysler miniature s'est transformée en une somptueuse Cadillac Eldorado à l'échelle 1 et elle tracte dans son sillage un splendide Riva Olympic tout juste sorti d'une restauration minutieuse achevée chez RAM à Sarnico par des anciens des chantiers Riva. Présenté en 1969, l'Olympic est le dernier des nouveaux Riva en bois construits pour succéder au Super Florida. Il concilie des éléments classiques et luxueux propres aux Riva des années 1950 avec des lignes ultra-modernes appliquées à la carène et à l'étrave. Les “murailles” - c'est-à-dire les flancs -, tout comme la plage avant et la planche de bord en acajou du Honduras, ont reçu pas moins de 19 couches de vernis, appliquées chacune après séchage ! Le pare-brise panoramique teinté et le grand volant ivoire avec son cerclo chromé est-il un clin d'œil à la Cadillac Eldorado Biarritz rangée tout près du ponton ? Un voluptueux cruising au volant très assisté de la Cad' vous fait apprécier le confort ouaté des banquettes de cuir gris bleu assorti à la teinte de la capote et de la caisse. Très grande classe, l'Eldorado Biarritz, summum de la gamme Cadillac ! Les innombrables raffinements de cette finition “high class” évitent le moindre effort au conducteur et à ses heureux passagers embarqués dans cette croisière routière : commandes des glaces, des déflecteurs et réglage de la banquette, accoudoirs à tous les étages, allume-cigare et cendriers individuels, sans oublier la manœuvre de la capote, tout est assisté électriquement. Les flancs en acajou du Honduras ont reçu 19 couches de vernis appliquées chacune après séchage !

Sélecteur de vitesse sur Drive, le porte-avions fend la route dans un souffle en dodelinant sur ses suspensions.  Le pied plus lourd sur la large palette d'accélérateur, l'immense capot se lève, la tempête aussi et l'aiguille du compteur file vers la droite. Force 7 ! Le freinage reste suffisant à condition de ne pas en abuser car il faut ralentir plus de 2 600 kg en ordre de marche. .. et beaucoup plus si vous tractez un Riva ! Calme et volupté, c'est la bonne formule pour apprécier ce cabriolet finalement idéal pour affronter les conditions actuelles de circulation sans perdre patience… et surtout son permis ! Un permis qui est aussi requis pour piloter le Riva, même sur un lac. Car, comme vous le savez sans doute, à moins de 6 milles nautiques des côtes il vous faut le permis côtier et, au-delà, le permis hauturier. Et gare aux contrôles de vitesse ! La planche de bord en acajou n'a jamais si bien mérité son appellation. Richement dotée, elle présente un compte-tours accompagné d'un compteur d'heures, d'un thermomètre d'eau, d'un ampèremètre et d'une jauge de carburant. Divers boutons commandent l'éclairage des compteurs, de la cale, du phare de recherche et des feux de position, rouge et vert comme chacun sait. Comme sur les voitures américaines, les essuie-glaces fonctionnent à dépression. Il ne reste plus qu'à tourner la clé de contact : le premier cran met en route le ventilateur de cale qui disperse les vapeurs d'essence avant la mise en route. Deuxième cran et une pression du pouce sur le démarreur et ça tourne ! Le V8, placé au centre arrière de la coque, est un “small block” Chevrolet de 5,4 l développant 220 chevaux. En plus des prises d'air ingénieusement dissimulées sous les marchepieds latéraux et les évacuations chromées d'air chaud placées sur le plat-bord arrière, le gros V8 est refroidi par l'eau qui entre sous le bateau par une crépine, traverse le moteur et ressort à l'arrière par les deux échappements. D'où ce “blop-blop” si caractéristique au ralenti. L'inverseur de marche derrière le volant poussé vers le haut, il n'y a plus qu'à saisir la poignée des gaz, sur le flanc gauche, pour s'éloigner de l'embarcadère. Sous l'accélération, comme tout à l'heure la Cadillac, l'étrave se soulève, le Riva déjauge et fend les ondes. Bien abrité des embruns derrière le pare-brise panoramique, ou paresseusement allongé sur le bain de soleil au-dessus du moteur, on se laisse volontiers griser de sensations nouvelles, de ces virages bord sur bord où l'embarcation s'incline vers l'intérieur de la courbe. Ou encore de ces chocs encaissés par la coque, semblables à des ricochets, lorsque le Riva, à plus de 60 km/h, coupe le sillage d'un autre bateau. Avec la Cadillac pour navire amiral sur la route et le Riva, proche expression d'une automobile sur l'eau, la croisière s'amuse. .. C'est juste une question de moyens ! Paresseusement allongé sur le bain de soleil arrière, on se laisse volontiers griser de sensations nouvelles.

Riva Olympic 1970

Moteur : V8 GM marin adapté par Cantieri Riva,

cylindrée : 5 400 cm3, puissance : 220 ch à 3 800 tr/min Boîte automatique (convertisseur), inverseur de marche Runabout 5/6 places en acajou du Honduras.

DIMENSIONS longueur : 6,55 m - largeur : 2,25 m

hauteur sur l'eau : 0,69 m - Poids : 1 300 kg

PERFORMANCES

vitesse maxi : 71 km/h - Consommation : 23 l/heure

Années de construction : de 1969 à 1980

Nombre d'exemplaires : 273 (dont 48 en 1970)

Cadillac Eldorado Biarritz 1961

Moteur V8, cylindrée : 6 384 cm3 ,

puissance : 309 chevaux SAE à 4 600 tr/min Boîte automatique Hydramatic 4 rapports. Cabriolet 2 portes 6 places, freins et direction assistés. Sièges, vitres et capote électriques.

DIMENSIONS

longueur : 5,71 m - largeur : 2,06 m

hauteur : 1,43 m - Poids : 2 340 kg

PERFORMANCES

Vitesse : 180 km/h

Consommation : 20 à 25 l/100 km

Nombre d'exemplaires : 1 285 pour l'année 1960

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