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Vincent Cassel : Royal talk « La montre est synonyme de bijou »

Modifié le Écrit par La Rédaction
Vincent Cassel : Royal talk « La montre est synonyme de bijou »
© Fred Merz
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Dès Roissy, on le voit venir de loin, souriant et léger, sa tête de fauve que le temps a laissé se griser reconnue de tous les passagers en attente. Un sourire aux hôtesses, puis décollage. Arrivé en Suisse, il se déroule un joli phénomène. C’est à la fois Dobermann, Blueberry, Mesrine, Gauguin, Vidocq et désormais Athos qui rend visite aux ateliers d’Audemars Piguet, au Brassus, au cœur de la Vallée de Joux. Sans barouf ni esbroufe, il traverse le musée magnifiquement épuré de la marque, discute avec les horlogers, s’intéresse, s’étonne même de la minutie, de la patience exigées pour chaque montre. Vincent Cassel est devenu ami de la vénérable marque horlogère. C’est la première fois qu’il y pose ses pas. Et Montre Heroes se tient dans ses traces, œil et ouïe alertes, à se demander ce que donne pour lui cette intronisation feutrée. Une Code 11.59 au poignet, il est prêt à répondre de tout. Vincent Cassel se confie et n’a rien à cacher.

« Pour moi, la montre est synonyme de bijou. Quelque chose que je porte en soirée. C'est le seul bijou masculin que je m'autorise. »

Pourquoi avoir pris tout ce temps pour dévoiler votre passion des montres ?

Je me considère avant tout comme néophyte. J'ai découvert les montres assez tardivement. Plus jeune, j'ai eu ma période “années 40” où j'appréciais les montres anciennes. Elles n'étaient pas forcément de valeur. J'allais souvent les dénicher aux Puces. Après, très vite, ça a été les montres à quartz - celles de ma génération. Ce n'est vraiment que sur le tard que j'ai découvert le rôle de la montre en tant que bijou. Qui plus est en tant que bijou masculin.

Vincent Cassel Photos
© Fred Merz

Ce n'est pas la première fois qu'une marque horlogère vous approche...

Oui, mais jusque-là, je n'avais jamais vraiment porté de montre de luxe. En fait, je n'aime pas porter quoi que ce soit : bague, bracelet. .. Pour moi, la montre est synonyme de bijou. C'est quelque chose que je porte lorsque je vais en soirée, etc. C'est le seul bijou masculin que je m'autorise, dirais-je.

« Le côté bling bling, trop serti, trop gros, trop voyant, qui attire trop l'œil... ça ne me correspond pas. »

Vous étiez captivé lors de la découverte des ateliers d'Audemars Piguet. ..

Maintenant que je découvre réellement la grande horlogerie, je me rends compte à quel point c'est complexe. Et ce que cela demande de passion dans l'élaboration, la création, la fabrication. Toute la beauté de la chose, au-delà de l'objet, c'est l'énergie et l'engagement de ceux et celles qui travaillent. C'est presque poétique.

Toutes ces heures passées sur quelque chose qui finalement ne sera que rarement utilisé par les personnes qui la portent pour sa condition première. C'est-à-dire : lire l'heure.

Ce que vous ne faites pas d'ailleurs. ..

Non ! (Rires) Lire l'heure me concerne parce que j'ai plein de choses à faire. Mais comme je ne porte pas toujours de montre, ce n'est pas un automatisme. La première fois que j'ai décidé de moins porter de montres au quotidien, j'avais toujours ce réflexe de regarder à mon poignet. Ça m'a presque fait peur. Du coup, j'ai arrêté d'en porter régulièrement. Mais je pourrais dire la même chose du téléphone aujourd'hui. ..

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Connaissiez-vous Audemars Piguet auparavant ?

Bien sûr. J'ai autour de moi beaucoup de gens qui adorent les montres. De vrais passionnés. Parmi les noms qui reviennent dans leurs discussions, il y a toujours Audemars Piguet.

Vous a-t-on transmis une montre ? Votre père, votre grand-père ?

Non. Mon père avait une Cartier, si je me rappelle bien.

Très simple. Sinon, j'ai une anecdote. J'ai appris que l'idée de la montre au poignet vient d'un Brésilien. C'est l'aviateur Santos-Dumont que la plupart des gens imaginent français. Il était très proche de Cartier et leur demanda de lui faire la première montre à porter au poignet.

Qu'est-ce qui vous plaît chez Audemars Piguet ?

Ce que je vois en me promenant dans l'atelier est fascinant. La passion, j'y reviens, la précision, la patience requise pour l'assemblage des pièces. .. C'est ça qui me séduit au-delà de tout. Plus encore que l'objet. Je ne suis pas tellement dans l'idée de posséder.

Avez-vous des souvenirs de votre première montre ?

C'était une montre couleur cuivre. Je ne me souviens plus de la marque. Ma passion pour le style des années 40 lorsque j'avais 15, 16 ans. J'allais traîner dans les boutiques vintage. Cela faisait partie de mes accessoires vestimentaires. Je crois qu'elle est rangée quelque part encore. Elle ne doit plus marcher. Ce n'était pas une montre de marque. Un chronographe en cuivre ou laiton.

Et la première qui vous a été offerte ?

Une Seiko à quartz ramenée par ma mère du Japon. Dans les années 80. Les premières, très simples, à cristaux liquides.

Qu'attendez-vous d'une montre ?

Au-delà du côté esthétique ? J'essaye de prendre celle qui, à première vue, a l'air d'être la plus simple. Le côté bling bling, trop serti, trop gros, trop voyant, qui attire trop l'œil. .. ça ne me correspond pas. Il me faut une montre belle mais assez effacée dans sa couleur, dans sa taille.

D'où le choix d'une Code 11.59...

Voilà. Avec le bracelet caoutchouc.

Plus sportive qu'habillée donc ?

Les deux sont compatibles. Je peux mettre une montre “sportive” en soirée habillée et ça passe.

Jamais peur d'être en retard ?

Non. D'ailleurs, ma montre n'est pas à l'heure.

Elle n'est même pas à l'heure du tout.

Avez-vous l'angoisse du temps qui passe ?

Pas vraiment. Le temps qui passe, c'est à la fois une fatalité et quelque chose dont on doit idéalement tirer profit. À chacun de se débrouiller. Pour moi, perdre son temps est parfois la meilleure façon de tirer parti du temps qui passe.

Est-ce un luxe, pour vous, de pouvoir perdre votre temps ?

Une nécessité plutôt. Je me suis rendu compte que lorsque vous travaillez trop - en tout cas dans le métier que je fais -, vous finissez par vous ennuyer. Et lorsque vous vous ennuyez, à l'écran, ça se voit. Prendre du temps pour se ressourcer fait donc partie du travail.

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Est-ce que le temps est long entre les prises sur un tournage ?

Toujours trop. Mais ça a changé depuis le passage au numérique. Les éclairages prennent moins de temps qu'avant.

« Le temps qui passe est à la fois une fatalité et quelque chose dont on doit idéalement tirer profit. À chacun de se débrouiller. »

Si vous pouviez remonter dans le temps, que changeriez-vous de votre histoire personnelle ?

Je ne vois pas les choses du tout comme ça. Nous sommes le résultat de ce qui nous est arrivé. Et je n'ai pas eu de traumatismes suffisamment énormes pour vouloir changer quoi que ce soit dans ma vie. Aujourd'hui, je me démerde avec ce que j'ai. C'est un peu ma philosophie en général : débrouille-toi avec ce que tu as.

Pensez-vous transmettre plus tard vos montres à vos enfants ?

Je n'ai que des filles.

Raison de plus.

Elles devraient adorer les belles montres masculines. ..

Je ne les vois pas non plus très attachées aux objets. Voilà la valeur que je leur transmettrais plus qu'autre chose.

Hors des plateaux de tournage, qu'aimez-vous faire de votre temps ?

Idéalement, rien. Mais tout est relatif. J'ai l'impression que c'est lorsque je commence à m'ennuyer que tout devient intéressant. Je suis obligé de trouver des stratagèmes pour remplir le vide. Je bulle et, à un moment, ça me donne envie de faire quelque chose.

Regarder un plafond, ça peut parfois être très intéressant.

« L'énergie, ce n'est pas lié à l'âge. J'aime mon énergie d'aujourd'hui. Elle se régénère en fonction de mon mode de vie. »

Jusqu'à s'apparenter à de la méditation si vous arrivez à en tirer profit. Mais buller, c'est aussi passer du temps avec des amis, de la famille. J'aime beaucoup passer du temps en mer. Je pars en expédition avec mon entourage pour profiter de l'océan.

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Quel souvenir garderez-vous de votre passage chez Audemars Piguet ?

D'être tout d'un coup confronté à la réalité d'un métier. C'est vrai que désormais, lorsque je verrai une montre, je ne la regarderai plus tout à fait pareil.

Surtout une montre de valeur. Après avoir vu l'atelier des complications, je saisis mieux tout ce qui se trame à l'i ntér ieu r.

Avez-vous vu les années passer ?

Je les vois passer. Mais, bizarrement, je les vois plus passer dans le regard des autres qu'à travers moi. Je suis toujours dans l'instant et dans l'anticipation. Je ne regarde jamais en arrière. Le temps vous permet de faire des choses. C'est lorsque je vois ce que j'ai pu faire, le nombre d'expériences que j'ai eues, que je sens la différence avec les générations plus jeunes. L'énergie, ce n'est pas lié à l'âge. J'aime mon énergie d'aujourd'hui.

Elle se régénère en fonction de mon mode de vie.

Aimez-vous vous voir mûrir à l'écran ?

C'est une conversation que j'ai souvent avec mes filles ou des personnes plus jeunes. Quand je les entends se plaindre « Regarde la tête que j'ai ! », je leur conseille de bien la regarder : « Plus tard, tu te diras qu'elle n' était pas mal. » Il faut s'aimer tel qu'on est. Ne pas s'estimer, ça vous empêche de faire des choses.

Vos impératifs aujourd'hui ?

Mes enfants avant tout. Et l'amour.

Pas le cinéma ?

Pour moi, ça n'a jamais été un impératif. Le cinéma, c'est quelque chose que j'ai toujours fait comme moyen de me découvrir. Je ne peux pas dire que je suis un passionné de cinéma même si c'est ce que j'ai toujours fait toute ma vie. Je ne suis pas “nerd” dans ce sens.

Le mot de la fin ? Si je vous dis Audemars Piguet, que répondez-vous ?

150 ans. Ils ont eu le temps de bien savoir fabriquer leurs montres. Les Trois Mousquetaires : Milady de Martin Bourboulon avec François Civil, Vincent Cassel, Pio Marmaï. .. Durée : 1 h 55 - Sortie le 13 décembre.

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