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Selva Marine : affaire de dynastie

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Selva Marine : affaire de dynastie
© DR & Philppe Leblond
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Aujourd'hui, Selva c'est une gamme de 14 bateaux rigides (de 4 à 7,10 mètres), 29 semi-rigides (de 2,25 à 9 mètres) et 30 moteurs hors-bord (du 2,5 au 300 chevaux). Essentiellement des bateaux de jour, dont le positionnement se situe dans le milieu de gamme, avec l'ambition d'offrir un rapport prix/prestation des plus attractifs. Objectif atteint par Selva Marine, marque connue de tous et qui s'expose lors des salons nautiques internationaux sur des stands dont la surface parle d'elle-même. Mais ce qui la caractérise davantage, c'est d'être la seule à proposer des ensembles bateau/moteur, dont les deux composants sont siglés de la même marque. Flash-back sur les temps forts de cette réussite familiale.

C'est en 1945 que débute l'odyssée professionnelle de la famille Selva et de la marque du même nom. Lorenzo, le fondateur de “Selva Lorenzo & Fils”, installe son activité de motoriste en périphérie de Milan en Italie, à Sesto San Giovanni. Il exerce d'abord dans le domaine de la moto, en fournissant des silencieux pour la Lambretta Innocenti et Moto Guzzi. En 1958, avec le boom de l'industrie automobile, Selva étoffe son activité de sous-traitant. Mais, logé à l'étroit à Sesto San Giovanni, “La Selva” (comme on dit en Italie) déménage en 1960 à Tirano, aux confins de la Suisse, dans des infrastructures plus en rapport avec son volume croissant de production.

Les deux jeunes dirigeants ont une passion commune pour la mécanique et la compétition

Ce n'est qu'à partir de 1964, date du décès de Lorenzo, que ses fils Sergio et Ezio, reprenant la direction de l'usine, décident d'orienter leur activité vers le motonautisme. D'abord en collaboration avec Aspera Motors (Turin), qui possède un moteur refroidi par air à admission verticale, pouvant être utilisé comme hors-bord. Ces deux jeunes dirigeants ont une passion commune pour la mécanique et la compétition, domaine dans lequel ils vont se forger un palmarès long comme le bras : 40 titres mondiaux, 65 européens,150 nationaux ! Riches de cette expérience, ils vont s'illustrer dans l'élaboration d'une gamme de moteurs marins, dont le premier modèle sort de la chaîne de montage de Tirano dès 1963. Selva Marine est née !

Le constructeur milanais va alors investir dans la recherche et le développement pour produire une gamme de hors-bord refroidis par eau (à l'époque du 2-temps exclusivement). Sa réputation d'excellence aidant, le succès ne se fait pas attendre et Selva Marine devient l'un des motoristes en vue, prêt à affronter la rude concurrence des Américains, Mercury, Evinrude et Johnson, ainsi que des Japonais Yamaha, Suzuki, Honda et Tohatsu... Rapidement la demande augmente, comme le volume de production dopé par le lancement des nouveaux 22 chevaux et 35 chevaux dérivés du 500 cm3 avec lequel les frères Selva, Sergio et Ezio, s'illustrent en compétition. À la fin des années 70, Selva est toujours présent en course motonautique mais n’oublie pas d’étoffer sa gamme de moteurs plaisance avec des hors-bord dont la puissance s’étend alors de 4 à 80 chevaux. En 1984, Selva fournit même à OMC des pièces pour ses hors-bord Evinrude et Johnson, preuve supplémentaire de sa compétence. Selon l’adage voulant que “l’on n’est jamais si bien servi que par soi-même”, Selva Marine ne manque pas de saisir l’intérêt qu’il y a de se garantir “des tableaux arrière”, et donc de produire des bateaux à sa marque qui seront livrés exclusivement avec ses moteurs. Ainsi, au salon de Gênes 1992, Selva présente ses premiers packages (ensemble bateau + moteur), permettant d’écouler d’office une partie de la production de ses hors-bord à un prix attractif. Autre avantage, à la fois technique et visuel, de cette vente groupée du bateau et du moteur, l’intérêt d’offrir un ensemble à la fois cohérent (les techniciens Selva déterminent le niveau de puissance adéquat pour tous les modèles de bateaux) et esthétique (même graphisme sur les deux composants du package).

Avec 80 % du capital, la famille garde le contrôle

Puis en 1996, c'est Yamaha qui devient partenaire de Selva Marine, via l'acquisition de 10 % des parts de l'entreprise italienne. À partir de 1999-2000, le motoriste japonais commence à fournir à Selva plusieurs hors-bord 4-temps (le 2-temps décline déjà à cette époque). Selva obtient de les commercialiser dans toute l'Europe sous sa propre marque. Cela lui permet de proposer plusieurs niveaux de puissance, jusqu'à 300 chevaux. Et certains de ces hors-bord bénéficient de la touche Selva : un travail spécifique sur la cartographie de l'injection générant une augmentation sensible du couple, signalé par le sigle XSR sur l'arrière du capot moteur. À la même époque, le chantier italien débute une collaboration avec la firme japonaise Yanmar, spécialiste renommée du diesel marin. Selva produit pour elle des transmissions Sail Drive (pour voiliers) et Stern Drive (pour ses diesels les plus puissants). Dix années plus tard, Yanmar devient actionnaire de Selva à hauteur de 10 %. Autre corde à son arc, le chantier de Tirano fournit aussi des composants à l'Allemand Torqeedo, connu pour ses moteurs marins électriques.

En dépit du décès de Lorenzo Selva, en 2012, dirigeant emblématique de l'entreprise lombarde, cette dernière poursuit son développement avec succès, sous la responsabilité de Maurizio, frère de Lorenzo et sans doute avec bientôt à sa tête Carlo, fils de Maurizio. Un signe de cette pérennité ? La “famiglia” Selva conserve 80 % du capital de son entreprise. Toujours une affaire de pilotage : pas question de lâcher les commandes !

Selva France : sous le signe de la fidélité

Autre facteur dans la réussite de Selva dans l’Hexagone, son fidèle agent commercial : Sébastien Chevalier. Un personnage ! Sous des dehors blagueurs et nonchalants, cet homme est un véritable battant, passionné de nautisme et admirateur de la famille Selva« Avec elle, j’entretiens depuis toujours une relation de confiance et de fidélité. Depuis 2001, j’ai mis ma vie privée de côté pour me consacrer à fond à cette marque. Selva, c’est un peu ma seconde famille. Depuis plus de vingt ans je suis au téléphone avec elle, tous les jours. J’avoue que j’ai pris un énorme coup, lors du décès de Lorenzo (NDLR : le deuxième du nom). Quel homme exceptionnel c’était ! » Seul à mener sa barque, Sébastien a su mettre en place un réseau de confiance : « Quand j’ai monté le réseau de distribution pour la France, je suis reparti de zéro, pas de celui de mon prédécesseur. Aujourd’hui nous avons 35 revendeurs et nous écoulons en moyenne 110 bateaux à l’année, tous équipés de moteurs Selva, bien entendu. » Et Sébastien de se rendre sur les salons nautiques les plus importants : Cannes, Gênes, Paris… où sa bonne humeur fait depuis longtemps partie du “paysage” Selva !

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