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Gilles Vidal : le "Toké" de Seiko

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Gilles Vidal : le « Toké » de Seiko
© Vincent Frappreau
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Ne nous y trompons pas. À l'image de ce qui se pratique dans le monde du football toutes proportions gardées, Gilles Vidal est le plus gros transfuge de ces dernières années dans l'univers feutré du design automobile. Après 11 ans de bons et loyaux services chez Peugeot, Gilles a décidé de rejoindre en plein cœur de l'hiver 2021 Luca De Meo, le chiquissime patron italien de Renault Groupe. Le géniteur des fameuses 2008, 3008 et 5008, qui ont fait le bonheur de la marque au Lion ces dernières années, est depuis à pied d'œuvre pour redonner un style et des couleurs ainsi que des parts de marché au constructeur avec pas moins de huit lancements au planning cette année. Cet esthète à l'allure discrète et pourtant très étudiée, qui a grandi dans le monde automobile, cultive un style passe-partout très inspiré de la série à succès Mad Men.

« Comme beaucoup de designers automobiles, j'aime la mécanique, les courbes et naturellement les montres.»

Et lorsque l'on s'attarde sur son poignet, on y remarque très souvent des “ovnis horlogers” plus ou moins bien identifiés mais très souvent signés Seiko. « Comme beaucoup de designers automobiles, j'aime la mécanique, les courbes et naturellement les montres, avec un intérêt marqué pour la marque Seiko et ses modèles vintage que je chine patiemment et religieusement. Bon nombre ont figuré dans de grands films, notamment américains, et sont devenus des icônes mais à des prix encore abordables y compris pour des modèles authentiques. » Une passion qui trouve son origine sur les bancs de son école de Design. Pieusement conservés et parfaitement stockés dans des coffrets capitonnés dont certains d'origine, les modèles favoris de Gilles sont pour la plupart nés à la fin des années 60 début 70 et jusqu'aux années 80. Pourquoi Seiko ? « Pour leur design avant tout, à la fois doux et futuriste, mais aussi pour cultiver sa différence et avoir parfois la sensation de venir… d'une autre planète. » Sa préférée ? La Seiko référence 6139-6000 dite “Cevert” à cadran bleu qui a habillé le poignet d'une icône de l'automobile, le regretté et talentueux pilote de F1 François Cevert. Équipée d'une échelle tachymétrique bicolore “Pepsi”, sa couronne, à peine visible, se dissimule parfaitement dans la carrure du chronographe.

Mais ce que l'on sait moins c'est que Seiko a joué les insiders dans le cinéma mondial, au cœur des années 80, sujet sur lequel Gilles est incollable car passionné par le 7e art.

De nombreuses montres Seiko sont également visibles sur grand écran autour de poignets célèbres. C'est le cas de la Seiko “Helmet” 6139-7100, cadran blanc, portée par Al Pacino dans le film Bobby Deerfield (1977) de Sydney Pollack dans lequel il incarne un pilote de F1 en proie au doute et à la mort. Mais aussi celles portées par de grands acteurs des années 80 dans des films d'action dont certains à grand spectacle comme le terrifiant Alien sorti en 1979. La très charismatique Sigourney Weaver, alias Ripley, y porte une Seiko 7A28-7000, un chronographe Seiko modifié, aux angles droits et à la taille très virile. D'autres personnages du film portent également des montres Seiko toutes conçues par l'Italien Giorgetto Giugiaro, un des designers automobiles parmi les plus prolifiques de l'histoire de cette industrie. Ce designer de montres iconiques est aussi et surtout renommé pour avoir notamment dessiné la Lancia Delta, l'élégante Alfa Romeo Giulia GT et aussi la Ferrari 250 GT. Deux mondes où la mécanique de précision et le design innovant sont intimement liés. Même si la toute première montre à quartz - une Hamilton Pulsar Computer P2 modèle 2900 - avait déjà fait son apparition dans un James Bond dès 1973 ( Vivre et laisser mourir ), Roger Moore, grand amateur de montres à titre personnel, porte des Seiko dans pas moins de quatre films de la saga de 1977 à 1985 (cf. MH 5), dont une Seiko M359-5019 modèle SFX003 Memory-Bank Calendar dans le cultissime Moonraker .

« Bon nombre de Seiko ont figuré dans de grands films, notamment américains, et sont devenues des icônes mais à des prix encore abordables. »

La révolution du quartz made in Japan est ainsi au service de Sa Majesté. Toujours dans l'espace mais dans la vraie vie cette fois, Gilles nous confie que les Omega Speedmaster, montres officielles des astronautes américains, n'ont pas toujours été les seules à s'affranchir de l'attraction terrestre, ce que peu de gens savent. « C'est le cas de ce chronographe Seiko type 6139 à l'histoire étonnante et encore relativement méconnue puisque porté dans l'espace en 1973 par l'astronaute américain William Pogue lors de la mission Skylab 13 qui, bien que bénéficiant de la dotation officielle de la NASA, décida de glisser dans son pack perso sa Seiko personnelle à cadran jaune car il considérait “que la lecture dans l'espace du cadran de couleur était plus aisée que sur sa montre officielle” (histoire révélée en 20 06). » D'où son petit surnom de “Seiko Pogue. ” Gilles en possède plusieurs exemplaires dont certains très rares dans un remarquable état de conservation. En marge des films du célèbre espion et des grandes productions américaines, Seiko fait une apparition remarquée dans Le Magnifique , l'inoubliable film de Philippe de Broca. Notre Jean-Paul Belmondo national, lui aussi amateur de montres, y incarne un écrivain / aventurier foutraque et déjanté équipé d'une Seiko Yacht Master dite “UFO”. Ce chronographe, particulièrement réussi et agréable à porter par son design et ses lignes adoucies, est une rareté, « certains modèles vintage s'affichant pourtant aujourd'hui en très bon état à moins de 1 000 € » renchérit Gilles.

C'est avec un autre monument du 7e art, Apocalypse Now de Francis Ford Copolla, que nous terminons. Dans ce film, le jeune officier américain Benjamin L. Willard incarné par un excellent Martin Sheen porte une montre de plongée Seiko 6105-8110/8119.

Fidèlement rééditée en 2021, elle est disponible aujourd'hui autour de 1 300 € neuve ou vintage. Cette montre virile au design épuré avec une boîte asymétrique et une couronne à 4 heures hérite du surnom du jeune officier, membre des forces spéciales, chargé d'éliminer l'incontrôlable Colonel Kurtz incarné par un inquiétant Marlon Brando qui porte quant à lui une Rolex GMT Master acier sur bracelet cuir. « Toutes choses n' étant pas égales par ailleurs, nous précise Gilles , notamment en termes de budget, la Captain Willard est sans nul doute une pièce iconique pour un collectionneur passionné, amateur d'aventure ou pas. » S'il ne devait en garder que trois, quelle serait sa Sainte Trinité ? La Cevert, qu'il portait lors de notre rencontre, la Pogue et l'incontournable Seiko Prospex Captain Willard éligible dans n'importe quelle collection.

Seiko since 1881

Créée en 1881 et basée à Tokyo, la vénérable manufacture Seiko, dont le nom signifie précision mais aussi succès en japonais, est mondialement réputée pour avoir notamment lancé en 1969 la première montre à quartz, la fameuse Quartz Astron. « Ce qui lui a longtemps et à tort collé à la peau » nous précise Gilles intarissable sur le sujet des remarquables mouvements maison « dont certains modèles se négociaient neufs autour de deux mois de salaire d’un cadre moyen au cœur des années 70 ». Également très présente dans les port de haut niveau, Seiko étant depuis 1964 chronométreur officiel des Championnats d’Europe et du monde d’athlétisme, la marque fut aussi remarquée au poignet de Steve Jobs (Seiko Chariot dans les années 1980, modèle réédité depuis) mais aussi plus récemment dans la collection personnelle du président américain Joe Biden (7T32-6M90 Chronograph) ou encore au poignet du tennisman antivax Novak Djokovic, sous contrat avec la marque pendant six ans avant de signer en 2021 avec Hublot.

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