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The Rokker Company : les jeans ultimes

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The Rokker Company : les jeans ultimes
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L'histoire de cette marque pourrait paraître presque… sans histoire. Excepté qu'elle fut une longue marche, un vrai parcours du combattant. .. Deux copains de virée, Michaël Kuratti et Kai Glatt, ressortissants suisses, se font la remarque, au retour d'un ride sur leurs V-Rod H-D et au bar de leur pub favori, sirotant quelques bières, que les jeans vraiment protecteurs et renforcés proposés aux motards sont loin d'être élégants.

Enfin, ils ne ressemblent guère à ce qu'ils aiment porter. À savoir de bons vieux Levi's 501. En effet, s'il existe bien des pantalons techniques, résistant à l'abrasion et renforcés de fibres techniques, nos deux compères ne sont pas séduits par l'offre générale. Ce duo de jeunes gens d'à peine trente ans se met en quête d'un coupon de tissu Schoeller, déjà utilisé dans les tenues commercialisées par BMW depuis le milieu des années 90. Si le matériau répond à leurs souhaits, c'est tout de même assez moche et surtout ça ne ressemble pas vraiment à une toile Denim (celle utilisée pour leurs jeans de tous les jours). Ils finissent par trouver ce qu'ils cherchent et achètent un coupon de Schoeller Dynatec, reconnu pour sa résistance à l'abrasion et son pouvoir déperlant. Direction l'atelier d'un tailleur, avec pour modèle leurs jeans personnels. L'expérience sera peu concluante, pour ne pas dire complètement ratée, la machine à coudre n'étant pas prévue pour piquer ce tissu épais et très costaud. Ils croisent la route d'un jeune gars qui se lance dans le défi et réussit l'impossible. À la veille de Noël 2006, les deux amis reçoivent leurs pantalons et… sont ravis. Ce sera le point de départ de leur marque The Rokker Company, qui ne s'appelle pas encore ainsi d'ailleurs. Cela viendra plus tard.

The Rokker Company a un parfum d'authentique et un côté roots. Normal : ses créateurs le sont…

Kai, économiste de profession, nous raconte la suite : « Nous sommes partis au salon de la moto en février 20 07 avec juste nos deux jeans dans une boîte en bois et nous avons montré notre travail aux professionnels et rencontré quelques motards. Nous avions cette idée de packaging copié sur les boîtes de cigares ou les grands crus de whisky, pensant que ce genre de look pouvait aussi séduire et nous démarquer nettement. Ce qui ne séduisait pas en revanche, c' était le prix que nous annoncions. L a plupart des revendeurs contactés pensaient que nous étions totalement hors du coup. Beaucoup trop chers ! » Cependant, les deux garçons n'en démordent pas et poursuivent leur idée, convaincus qu'ils ont raison.

Ils s'appuient sur le fait que leur proposition a largement plu et cherchent donc à rendre leur jean plus accessible financièrement. Mais ne veulent pas non plus entrer dans une logique de production de masse. Envisageant une première production de 300 pièces. Les confectionneurs contactés n'acceptent pas de s'engager sur une si petite quantité. Les portes se ferment. Jusqu'à ce qu'un copain de copain les oriente vers une petite entreprise au Portugal. Ils avancent donc les fonds et font fabriquer leurs jeans. En mai 2007, sûrs de leur coup, ils débarquent dans un bike show en Suisse… et ne vendent rien ! Mais ils ne se découragent pas et à l'automne de la même année, c'est au meeting international de Faaker See qu'ils retentent le coup. Cette fois les choses se passent beaucoup mieux. Grâce à une météo exécrable, les clients affluent sur leur stand. Il faut souligner qu'ils ont bien préparé l'affaire, avec leur packaging de boîte en bois réalisée à la main, un T-shirt The Rokker Company offert et une brochure explicative sur les vertus et qualités de leur pantalon au look impeccable. Le bouche-à-oreille fonctionne plutôt pas mal, et ceux qui ont testé leurs jeans sont convaincus. À la fin 2007, le stock est presque épuisé et cerise sur la tartelette, The Rokker Company remporte un prix d'innovation et au passage un bon billet pour les encourager. À partir de ce moment-là, Michaël décide de se consacrer à 100 % à cette nouvelle marque, lâchant son job de spécialiste dans la vente internationale. Il va mettre en place un réseau de distribution de leurs pantalons et surtout, trouver un joint venture avec un fabricant au Portugal. Tout va bien, même si un jean à 400 euros, ça n'est pas franchement démocratique.

C'est au grand meeting 2008 de Daytona en Floride que les choses vont vraiment démarrer. Aux USA, on sait rouler sans casque, mais on veut des vêtements protecteurs. Un paradoxe qui va jouer en leur faveur, les clients américains étant moins près de leurs sous que les Européens et surtout sous le charme de ces jeans parfaitement coupés et dans le style qui va bien.

À peine une année plus tard, The Rokker Company est en pleine ascension. Une sorte de phénomène “porté” par les clients eux-mêmes qui adorent leurs productions et le disent. Certes c'est plus cher que bien des jeans, mais c'est un super produit et on peut tirer une certaine fierté d'être équipé par cette marque. Surtout qu'entre-temps, une dizaine de points de vente sont installés en Europe et les dealers Harley-Davidson sont très friands de cette marque. Et ouvrent des corners dans leurs concessions. Kai entre-temps a largué son job et se consacre exclusivement à sa marque et son nouveau métier. Une enseigne qui fait des émules, puisque des grands noms de l'équipement moto sortent eux aussi des produits similaires. Mais pas aussi réussis, pour une clientèle typiquement biker.

Succès aidant, la gamme va rapidement s'étoffer. Passant à quatre modèles pour homme, puis huit, jusqu'à dix-sept aujourd'hui ! Dans des coloris allant du plus pur indigo brut au délavé un rien crado, le tout assorti de différentes coupes plus ou moins larges. Il en va de même pour les femmes, pas oubliées dans l'affaire. Avec des coupes mettant en valeur leurs formes accortes et séductrices. Très vite aussi ils vont affiner leur technologie, utilisant en plus du Dynatec double couche un Rockapec monocouche - développé à leur demande - plus adapté aux températures estivales.

L'Armalith va aussi être utilisé pour certains modèles. Tous leurs vêtements respectent les normes d'homologation CE, c'est important aussi ! L'offre est de plus en plus complète. Et il n'y a pas que des pantalons au catalogue. Les vestes et blousons sont également de la partie, toujours dans le plus pur style biker. Une jolie gamme d'accessoires est aussi de la partie, avec des sorties régulières de tiches, de casquettes, de ceintures… Des chaussures, robustes et stylées, ont aussi été réalisées selon leurs indications. Il y a même un rayon enfant où des T-shirts estampillés “Children of the revolution” combleront nos chères têtes blondes et rendront fiers les parents. En très peu de temps, dans une trajectoire parfaite et grâce à des produits pensés en adéquation avec une population bien ciblée, The Rokker Company est devenue incontournable. Distribuant en Europe principalement et diffusée dans trente-cinq pays dans le monde, via des dealers mais aussi sur le site de vente par Internet. Kai nous précise : « Aujourd'hui nous employons vingt personnes à temps plein. Il y a tous les secteurs, de la création au suivi de fabrication et de la vente dans nos équipes. Et tous sont en participation dans la société. Ils sont plutôt jeunes et comme nous souhaitons nous adresser à une clientèle jeune, c'est un choix délibéré. Bien entendu nous avons une grosse clientèle dans l'univers de la moto mais pas seulement. Le BMX, les skaters, le snowboard sont des domaines dans lesquels nous accentuons notre présence. Et puis il y a Geo, notre artiste brésilien.

Il est en charge de tous les designs pour nos T-shirts et nos opérations de communication. Il agit comme une sorte de directeur artistique et comme il vient du monde du skate et du surf, il apporte vraiment sa touche personnelle à tous ces secteurs vers lesquels nous voulons aller. Il pratique continuellement ces disciplines de glisse et de ride, il est parfaitement en phase avec son univers de création. C'est une personne primordiale dans notre entreprise et depuis 11 ans qu'il nous a rejoints nous avons une relation très importante. » Kai et Michaël visent à présent d'autres marchés et se tournent vers l'Asie. Convaincus que ces régions du monde elles aussi évoluent rapidement et que la culture moto, skate, surf est à présent bien implantée là-bas. Tous les sportifs passionnés de sports extrêmes et de bécanes doivent trouver chez The Rokker Company de quoi s'équiper. Ils travaillent donc d'arrache-pied à l'ouverture de nouveaux marchés. Ils possèdent la technologie, le style et surtout vivent de façon authentique et quotidienne cette passion qui fut à l'origine de leur marque.

Rouler en chop et avec élégance, vêtu de sapes durables et techniques : c'était l'objectif… parfaitement atteint !

Les images du reportage que vous avez sous les yeux en sont la preuve. Kai et Michaël roulent en chopper tout au long de l'année - Panhead pour Kai, Shovel de 74 pour Michaël - et sont profondément attachés à cette culture de la route un rien radicale et libertaire… Empruntant volontiers, par rapport aux règles assez strictes à propos des motos en Helvétie, les chemins de traverses. Comme dit Kai avec un sourire mi-fugue, mi-raison : « Avec nos chops, on essaie de ne pas trop se faire arrêter… » Si on refait l'histoire à l'envers, on constate qu'il leur a suffi d'y croire. Qu'ils se sont battus pour parvenir à leurs fins et qu'ils aiment ce qu'ils font parce qu'ils font ce qu'ils aiment. Il y a des réussites cachées au fond des verres de bière, il suffit d'avoir la bonne idée au bon moment...

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